Archive pour la catégorie 'Nouvelles'

Une nouvelle source d’énergie !

5 octobre, 2022

C’est l’histoire de Louis. Dès l’enfance, son corps était doté d’une particularité. Comme un vers luisant, il était éclairé de l’intérieur. Partout où il passait, on pouvait dire : Louis éblouit !

A son sujet, les plaisanteries pleuvaient. Par exemple, certains trouvaient son discours lumineux. D’autres proféraient des remarques plus acerbes en faisant semblant de chercher l’interrupteur. Louis était professeur à l’université ; les étudiants trouvaient ses cours très éclairants.

Beaucoup de femmes se pressaient autour de lui, attitrées par ses lumières. Les chats aimaient ronronner sur ses genoux pour bénéficier de la chaleur particulière qu’il dégageait. Les hommes mariés le jalousaient un peu puisque, par comparaison, leurs épouses les trouvaient ternes.

Les politiciens commencèrent à s’en préoccuper avec retard comme d’habitude. Ils votèrent une loi ordonnant d’éteindre Louis entre 22 heures et 6 heures du matin. Louis déposa un recours devant le Conseil Constitutionnel : il ne savait pas s’éteindre. En plus, il ne consommait pas trop d’énergie comme le disaient ses critiques puisqu’il était lui-même producteur d’électricité, ce qui ne tomba pas dans l’oreille de sourds.

Voici que Louis tomba amoureux d’une jeune femme, nommée — comme par hasard — Louise. Le couple se forma. Louise devint lumineuse dans sa robe de marié. Les Louis enfantèrent un petit Louis qui devint lui-même éclairant.

Les politiciens, très à l’aise dans leurs raisonnements simplistes, décidèrent de connecter tous les Louis au réseau national électrique pour soulager les périodes de surconsommation hivernale. Tous les citoyens qui dénoncèrent un Louis purent bénéficier d’une prime supplémentaire.

Une enquête sérieuse fut déclenchée sur les filles qui s’appelaient Claire, soupçonnées de véhiculer un éclairage particulier sur les affaires publiques.

L’auberge de maître Poulard

30 août, 2022

C’est l’histoire de Lucienne de Sienne. Elle chemine à pied sur la route. Soudain, elle trouve un parchemin sur son chemin. Le texte lui conseille d’éviter de passer par le bois où vivent des brigands, laids comme des balais, de vrais soudards qui sont saouls très tard.

Le pli propose à Lucienne de passer plutôt sur le long de la rivière. Sur la berge, elle trouvera une auberge très bien notée sur le guide du cheminot. L’aubergiste, maître Poulard lui servira ses excellentes poulardes pour lui permettre de se restaurer.

Lucienne aurait préféré passer par le bois : le chemin eut été plus court. Mais la perspective d’une bonne table dans l’auberge de maître Poulard la séduisait aussi. On comprend qu’elle se trouvait en plein dilemme : quelle solution allait l’emporter ?

Cette histoire présente la curiosité de suggérer une morale avant la fin du récit. La leçon de cette demi-histoire, c’est que lorsqu’on est en face de deux options qui se présentent comme un choix cornélien, il suffit d’en inventer une troisième pour échapper au dilemme présenté par le vieux Corneille.

Lucienne appela la gendarmerie pour sécuriser son passage par le bois, ce qui fut fait avec diligence. Le lendemain, elle vint déjeuner avec ses amies à l’auberge de maître Poulard. Excellement ! Elle vous remercie ! Comme le menu nous intéresse, nous sommes en mesure de dire que l’aubergiste régala les convives d’un velouté aux girolles, d’un rôti de veau façon grand-mère et d’un clafoutis soufflé aux fruits rouge.

La cave de l’auberge étant à la hauteur, nous révélons qu’à l’issue de ce déjeuner, la table de maître Poulard gagna une étoile au guide, nouvelle qui n’a — disons-le — aucun rapport avec le dilemme du début de cette histoire.

Le tigre et la panthère

19 juin, 2022

C’est une histoire qui se passe dans des temps reculés. Disons 100 000 années avant notre ère pour fixer les idées. Dans la jungle, le tigre se promène en compagnie de la panthère. Bigre ! fit le tigre. Il parait que l’alligator a encore mangé un homme hier.

La panthère répond que l’alligator est un irresponsable. Si l’on continue à dégommer la population humaine, l’espèce va disparaitre. Au nom de l’écosystème, il faut lutter contre l’extinction des espèces !

—      En effet, dit le tigre, il faudrait créer un sanctuaire. Si on autorise la chasse et la pêche à n’importe qui, la ressource viendra à manquer.

—      Ce n’est pas que les hommes soient d’une grande intelligence, répondit la panthère, mais ils méritent d’être sauvegardés. Nous ne pouvons dégarnir le garde-manger et en plus, ils nous fournissent un modèle à ne pas suivre.

Le Tigre semblait inquiet.

—      Mais ne craignez-vous, ma commère, qu’un jour, ce soit eux qui en viennent à nous dominer ? Plus on les attaque, plus ils fabriquent des trucs pour se défendre, et bientôt ce seront des machins pour nous attaquer.

La panthère ricana sauvagement comme savent ricaner des panthères.

—      Pas d’inquiétude compère Tigre, ils sont tellement bêtes qu’ils passeront leur temps à s’attaquer entre eux.

Moralité : méfions-nous des félins qui se promènent tranquillement dans la jungle.

 

 

L’histoire d’un poète

20 avril, 2022

Léon voulait être poète maudit.

Pour ce qui est de la malédiction, il avait déjà de quoi faire puisque son père et sa mère ne voulaient plus entendre parler de lui depuis longtemps.

Il pensa qu’un poète devait porter la barbe. Oui, mais quelle barbe ? se demanda-t-il. Fort heureusement, il avait pour compagne une petite chèvre qu’il avait baptisée Léontine. Cette dernière portait une barbichette blanche qu’il trouva à son goût.

Aussi se rendit-il chez le barbier pour qu’il lui taille le même attribut pileux que Léontine. Fort judicieusement il avait apporté une photo de Léontine pour que l’artisan dispose d’un modèle. Le barbier, un peu interloqué tout de même, lui donna satisfaction.

Ensuite, il voulut être habillé comme un poète. Il se rendit d’abord chez le marchand de longues écharpes rouges. A son arrivée, le vendeur était occupé à expulser un manant qui prétendait lui acheter une écharpe bleue. Le commerçant accueillit la démarche de Léon beaucoup plus favorablement. Malheureusement, par les temps qui courraient, la demande d’écharpes rouges était forte. Pour Léon, il ne trouva qu’une vieille écharpe d’occasion, usagée, parsemée de tâches de vin. Léon en fut enchanté, cela correspondait tout à fait au caractère désespéré du poète qu’il était.

Ensuite, il trouva ses vêtements trop beaux, il se rendit chez le marchand de vestes et pantalons rapiécés. Le vendeur s’activa parce qu’il n’avait jamais vu de client disposé d’acheter à un prix aussi élevé des habits qu’il était sur le point d’envoyer à la décharge publique.

Ainsi accoutré le poète se présenta à la porte de la taverne de maître Vinasse qui lui interdit son entrée. « Qu’est-ce donc que cette attitude, maitre Vinasse ? » demanda Léon. « Ne voyez-vous pas que je suis un pauvre poète maudit, tout juste bon à gribouiller quelques vers à l’aide d’une chope de cervoise dans votre arrière-salle ? »

C’est alors que maître Vinasse manda ses hommes de mains pour qu’il expulse le poète. Léon se retrouva étalé sur le pavé. Il se frotta les mains de satisfaction puisqu’il avait provoqué la haine d’un bourgeois ce qui confortait parfaitement sa stature de poète maudit et incompris.

(A suivre)

 

Pétard !

6 avril, 2022

« C’est vous qui avez lancé ce pétard sur la voie publique ? C’est interdit ! »

« Et pourquoi, c’est interdit ? »

« C’est dangereux pour mes oreilles et pour mes nerfs. Et puis ça m’empêche de dormir. »

« Vous dormez à huit heures du soir ? »

« Non, mais j’aurais pu. Quand on voit les programmes de la télé, on s’endort facilement. »

« Il faut bien soutenir l’industrie du pétard, sinon qui comment on va se débrouiller pour le feu d’artifice du 14 juillet. »

« Je ne comprends pas trop comment vous pouvez trouver du plaisir à faire exploser quelque chose. C’est complètement dément. »

« Ne me dites pas que vous avez inventé le pétard qui n’explose pas, autrement dit le pétard qu’on lancerait en gloussant mais qui n’exploserait pas. »

« C’est une bonne idée. Ou alors, on pourrait penser à un pétard qui délivre une belle musique au moment de l’impact. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« Vous détruisez complètement le rôle du pétard. Il doit y avoir quelque chose de transgressif dans le geste de lancer de pétard. »

« Bon d’accord… mais il faudrait des tranches horaires pour les pétards. »

« Et pourquoi pas une autorisation écrite de tous les riverains de la rue ! Si nous sommes empêchés d’exprimer notre malaise d’adolescent, nous pourrions foutre le feu à votre poubelle !!! Qu’on nous laisse au moins flanquer la pagaille le 31 décembre. »

« Je ne vois pas trop l’intérêt qu’il y a à fêter le 31 décembre. Moi, le 1 er janvier, j’ai toujours les mêmes soucis que l’année précédente. »

« Bon, alors je fais quoi moi, avec mes pétards ?»

« J’arrive … Je vais les faire exploser avec vous. Ce qui pose un problème avec l’explosion, c’est qu’elle surprend au moment où on l’attend le moins. Si c’est moi qui déclenche l’opération, ce sera mieux pour mes nerfs et mes oreilles. »

« Vous allez vous mettre à dos vos voisins ! Vous êtes à la limite de la délinquance ! »

« Ce n’est pas grave, je suis déjà fâché avec Dugenou qui ne m’a pas invité à son dernier barbecue et aussi avec Mollard qui m’a rendu ma tondeuse à gazon complètement cassée. »

« Oui… mais non… Si les bourgeois se mettent à faire exploser des pétards dans les rues, qu’est-ce qui reste du caractère transgressif de l’acte ?»

« C’est vrai ! Désolé ! … Remarquez… Vous pourriez toujours faire exploser votre truc dans les boites aux lettres de Dugenou et de Mollard. »

« Je ne peux pas, c’est interdit ! »

« Dans la rue aussi, c’est interdit, alors au point où on en est… »

« J’ai une meilleure idée. Je fais exploser un vrai feu d’artifice dans votre rue et vous envoyez une lettre anonyme aux flics pour dénoncer Dugenou et Mollard. »

Tranquille ?

1 avril, 2022

« On n’est jamais tranquille. On est tout le temps tracassé. »

« Comment ça, mon bon ? »

« Par exemple, il faut que je pense à ma visite habituelle chez le dentiste. Ensuite il y a la révision de la voiture. Puis, il faut penser à réserver pour les vacances. Ne pas oublier l’anniversaire de Josiane. Penser à tondre le gazon. Aller chez le coiffeur. Ranger le garage. Mener le chat au véto…. Bref, ça n’arrête pas. »

« Mais, mon pauvre, ça s’appelle la vie ! A quoi rêvez-vous ? »

« Je rêve à des jours où je n’aurais strictement aucun souci en tête. Je pourrais goûter enfin une journée libre de toute obligation. »

« Ben, non ! Ce n’est pas possible ! Dès qu’on met un pied parterre, on a tous une charge mentale à assumer. »

« C’est un vrai chemin de croix. Et moi qui croyait que les nouvelles technologies allaient alléger notre quotidien. Je suis bien déçu. »

« En fait, je crois bien qu’elle le complique plutôt. »

« A qui le dites-vous ! Dès que je me déplace d’un point A à un point B, il faut que je m’assure d’avoir en poche ma carte bancaire et mon téléphone, faute de quoi je ne peux rien faire. »

« Bah… il suffit de savoir comment s’en servir ! »

« Et voilà, en plus de tout, il faut être compétent en téléphonie, en finances, en assurances, en immobilier, en politique, en cuisine… Pas une seconde de tranquillité, je vous dis ! »

« Qu’est-ce que vous voulez y faire ? »

« Il faut être bon partout : bon consommateur, bon épargnant, bon mari, bon père de famille… Moi, je plaide pour le droit d’être mauvais quelque part. Je pense que les relations sociales et familiales s’en trouveraient apaisées »

« Vous avez oublié aussi qu’il faut être sportif et cultivé ! »

« Misère ! Où voulez-vous que je trouve le temps d’être tout ça ! Figurez-vous pour couronner le tout que j’ai aussi besoin de manger et dormir. »

« Vous avez encore oublié quelque chose ! Il faudrait aussi que vous vous débrouilliez pour être un joyeux drille, toujours de bonne humeur, pour semer la joie de vivre autour de vous ! »

« Bon, alors là, ça commence à faire beaucoup ! »

« Vous pouvez envisager une carrière de moines. Vous seriez plus tranquille. »

« Ce n’est pas sûr. Il parait qu’ils bossent aussi ? De toute façon, dans leur rapport avec l’au-delà, ils ne sont sûrs de rien. Enfin, pas plus que vous et moi. »

« Il faut vous faire à la vie, mon bon. Il est temps. Avoir la tête farcie de problèmes, c’est peut-être ce qui nous distingue du règne animal ! »

« Ce n’est pas certain non plus. Mon chat Victor a l’air d’avoir plein de soucis. Il veut qu’on lui change son pâté et ne veut plus aller chez le véto ! »

Onn m’en veut ! C’est sûr !

6 mars, 2022

« Vous êtes un peu acariâtre ! »

« Et alors ? Ce n’est pas de ma faute si rien ne va comme je veux. »

« Mais vous n’êtes pas obligé d’insulter des gens qui n’y sont pour rien. »

« Si, il me faut toujours des coupables. Je dois pouvoir passer ma mauvaise humeur sur quelqu’un. Ma belle-mère, mon voisin, le gouvernement… enfin n’importe qui. »

« Mais pourquoi ne pas aborder les problèmes de manière plus conciliante ? »

« C’est ça, oui ! Pour que tout le monde croit que je suis prêt à accepter n’importe quoi ! Il faut qu’on sache que je ne suis pas du genre à me laisser faire. »

« On a l’impression que vous vous croyez visé par le monde entier. Ne seriez-vous pas un peu paranoïaque ? »

« Non, mais dites-donc parano vous-même ! Tenez un exemple : comme par hasard, la mairie fait faire des travaux bruyants dans ma rue. »

« Mais c’est vous qui vous êtes plaint qu’il y avait des trous dans la chaussée. »

« Et alors ? Ils pourraient réparer silencieusement et sans gêner la circulation. J’ai été obligé d’aller me re-plaindre au maire, qui — de toute évidence — s’en fout complètement. »

« Vous avez fait un scandale à propos des notes de votre gamin au collège ! »

« Ne m’en parlez pas ! Il est visé, c’est sûr. Les profs n’aiment pas les gamins trop brillants. »

« Certains disent qu’il n’en fiche pas une rame… Et pour l’arrêt de bus qui a été déplacé de 5 mètres, vous maintenez votre protestation ? »

« Bien évidemment ! Vous vous rendez compte, je dois marcher davantage. Si on cède sur 5 mètres, ce sera bientôt 50 mètres et puis hop ! on supprime le bus ! »

« Tout de même, vous avez touché la prime énergie ! »

« Pas du tout ! Par contre mon voisin Dugenou, il l’a touchée lui ! Comme par hasard ! Résultat : il se goberge, pendant que je mange des pâtes ! »

« Vous avez protesté, bien sûr ! »

« Evidemment, je me suis transporté avec mon dossier chez les fonctionnaires. Vous savez quoi ? Je dépasse le plafond de ressources de 50 euros. Comme par hasard ! »

« Mais vous n’êtes pas forcément la seule cible des problèmes. Par exemple, quand il pleut, tout le monde est gêné également. »

« Ce n’est même pas sûr. L’autre jour, j’ai été éclaboussé par l’arrosage automatique de Dugenou, alors qu’il se pavanait en plein soleil sur sa terrasse. »

« Avez-vous une idée de qui vous en veut à ce point ? »

« Je n’en sais rien et je ne veux pas le savoir. Ce que je veux, c’est m’énerver contre tous ceux qui me contrarient et même ceux qui ne me contrarient pas en me toisant avec l’air de se dire que je suis complètement cinglé ! »

« Comme moi, par exemple ? »

Problèmes éducatifs !

27 février, 2022

« Vos enfants sont-ils obéissants ? »

« Euh… non, pas tellement !  Et les vôtres ? »

« Pas davantage. Pour obtenir quelque chose d’eux, il faut souvent ruser. »

« Comment faites-vous ? »

« Par exemple, je propose une rémunération contre un service. C’est une manière de leur apprendre la dureté de la vie dans laquelle on n’a rien sans rien. »

« Oui, mais on pourrait aussi leur apprendre la générosité qui consiste à donner quelque chose d’eux sans forcément attendre de retour. »

« C’est vrai, mais c’est rare. Il faut déjà être content si on arrive à leur inculquer le sens de l’effort, c’est-à-dire qu’on n’obtient quelque chose qu’en souffrant un peu. Nos pères nous apprenaient à bosser dur pour obtenir ce qu’on voulait ! »

« Oui, mais non. Les jeunes d’aujourd’hui n’aiment pas tellement se donner la peine d’avoir ce dont ils ont envie. »

« Remarquez que lorsqu’ils deviennent adultes, ils constatent que c’est la loi du moindre effort qui prévaut dans la vie sociale. Par exemple, ils ne se fatiguent plus à cuisiner. On leur livre des plats tout préparés ! Comment leur apprendre quelque chose dans ces conditions ? »

« En plus, avez-vous remarqué que tout se loue : voitures, habitations, meubles, costumes, machine à laver… On ne peut plus dire aux jeunes : si vous voulez vous installer confortablement, il faut travailler dur. Le sens de la propriété se délite. »

« On peut tout de même leur commander d’aller chercher le pain ! »

« Ce n’est pas sûr. Les miens font un calcul économique : c’est possible s’ils récupèrent la monnaie ou un sac de bonbons à la boulangerie. »

« Je crois qu’ils renâclent devant tout ce qui provient de l’Autorité. »

« Remarquez, je les comprends. Moi, j’ai horreur d’être constamment dirigé au bureau. Mon patron me sort par les yeux, justement parce qu’il est patron. »

« Finalement, on peut se demander si c’est une bonne chose de leur inculquer la docilité. On pourrait leur apprendre au contraire à se révolter contre tout ce qui fait obstacle à leur liberté individuelle ? »

« Oui mais non ! On ne peut pas en faire des révoltés permanents, ils ne doivent pas oublier qu’ils auront à vivre en collectivité, donc à faire des compromis. »

« Je me demande s’il faut vraiment chercher à leur apprendre quelque chose. Tout ce que je dis est considéré comme complètement nul. »

«Chez moi aussi. C’est considéré comme l’expression de notre volonté de brider leur liberté et éventuellement de les torturer cruellement. »

« Beaucoup de gens prétendent que ça irait beaucoup mieux s’il y avait davantage d’autorité à la maison, à l’école et dans la rue. »

« On voit bien qu’ils ne connaissent pas Jonathan et Marie. En fait, ce sont les jeunes qui exercent leur autorité, maintenant. Et nous on lutte pour résister ! »

Drôle d’époque !

18 février, 2022

« On ne va jamais s’en sortir. Dès qu’on en a fini avec un variant, un autre arrive. On remet le masque, nouveau rappel, etc… etc… »

« Je comprends, mon bon. Je trouve que nous entrons dans une nouvelle ère où il nous faudra vivre sous assistance médicale permanente. »

« Et en plus avec cette insécurité à tous les coins de rue, il faut faire très attention. On peut être agressé pour un oui ou un non. »

« On peut dire qu’il nous faudrait aussi une assistance policière permanente. »

« Moi, j’ai déjà mis mes gamins sous assistance scolaire. Et en plus, j’ai payé une assistante maternelle à Thérèse pour qu’elle conserve ses belles mains. »

« Si je comprends bien, on devient incapable de se débrouiller tous seuls. On est assisté pour tout et n’importe quoi. »

« En effet, si vous ajouté à tout ça la Sécu et toutes vos assurances, vous êtes garanti contre tout. Nous dérivons petit à petit vers le statut de poireau. On arrivera sur Terre, on sera planté quelque part et on ne bougera plus puisqu’il y aura plein de gens pour s’occuper de nous. »

« Vous exagérez, mais le fait est que c’est la loi du moindre effort qui va bientôt guidée nos vies. Par exemple, avec la voiture autonome, plus la peine de passer son permis, plus la peine de se fatiguer à conduire. En plus si elle est volante, il n’y aura même plus le moyen de s’énerver dans les embouteillages »

« Il ne faut pas s’étonner si nos gamins sont des chiffes molles. Ils n’apprennent plus rien à l’école puisque tout est sur Wikipédia. »

« Et les traducteurs automatiques ? Vous avez vu ? Plus la peine d’apprendre l’anglais. Vous pouvez arpentez les rues de Londres avec votre traducteur… vous n’aurez aucun problème de communication. »

« Le pire, ce sont les sites de rencontres. Vous ne vous fatiguez plus à chercher l’amour de votre vie. Elle vous croise dans la rue et hop ! C’est bon ! »

« Je me demande comment on va occuper tout ce temps libre, ça devient vertigineux. »

« Heureusement toutes ces machines tombent en panne. Plus vous avez des trucs électroniques, plus elles tombent en panne et plus vous pestez en passant du temps à chercher un réparateur qui va vous dire qu’il faut en acheter un autre. »

« Mon dieu, mon dieu ! Quelle société nous préparons-nous ! »

« Heureusement désormais, nous prenons soin nous même de notre santé. Je vais deux fois par semaine au Fitness, ça fait du bien au corps… »

« Et voilà où nous en sommes. Le progrès technique nous libère de toutes sortes de contraintes matérielles, mais comme nous ne sommes plus assez fatigués par les affaires quotidiennes, on va dans des endroits où on est sûrs de souffrir comme des bêtes : les salles de sport. »

« Vous avez raison, c’est comme si le corps réclamait d’être mis à mal quelques soient les circonstances ! »

« Il ne manquerait plus qu’on invente les machines qui fassent les exercices de fitness à notre place. »

Mon éloge

13 février, 2022

« Qu’est-ce que vous faites sans indiscrétion ? »

« J’essaie d’écrire mon éloge. »

« Ah bon ? C’est permis d’écrire son propre éloge ? Il faut beaucoup de prétention pour se couvrir de louanges ! »

« Si ne m’y attèle pas, qui le fera ? Mes voisins s’en fichent, ma famille n’est pas très éloquente à mon sujet. Au bureau, tant que je fais le boulot, les chefs sont contents. Alors ? »

« Et qu’est-ce que vous mettez dans votre éloge ? »

« C’est compliqué, parce qu’il ne faut pas que je parle des circonstances dans lesquelles j’ai été particulièrement mauvais. »

« C’est juste ! »

« Par exemple, je n’aimais pas l’école, je m’ennuyais profondément. Je ne peux tout de même pas dire ça à la nouvelle génération. »

« Non, mais vous pouvez parler de toutes ces cours de récréation où vous avez appris les vertus du collectif et de la socialisation. »

« C’est pas mal ça. Et pour les profs que je n’aimais pas, il faut le dire ? »

« Non, dites plutôt que vos études au lycée vous ont permis de développer votre esprit critique. »

« Bon d’accord. Et pour la recherche d’un premier job, je vais dire que j’ai lutté vaillamment pour trouver ma place dans une société particulièrement sélective. »

« Oui, c’est bien ! N’allez pas dire que c’est votre père qui vous a fait entrer au Ministère de la pêche. »

« Je vais mettre en avant le merveilleux couple que je forme avec Josiane. Vingt ans d’amour et deux beaux enfants, ça compte, non ? »

« Euh, peut-être, mais évitez de raconter que vos enfants sont embarqués par les flics chaque fois qu’ils participent à une manif contre la mondialisation. »

« Bon d’accord, ils sont un peu coquins. Je vais plutôt me concentrer sur mes réalisations. Ma maquette au 1/ 100e du navire de Christophe Colomb, ça compte ça ? »

« Oui, vous pouvez. Votre première place au concours de châteaux de sable de Palavas-les-flots, vous pouvez en parler aussi, ça donnera un air de vacances à votre éloge. »

« Il faudrait que je parle de ma lutte pour un monde plus propre. Par exemple, je ne confonds plus la poubelle jaune et la poubelle grise. »

« Si vous voulez, mais dans un éloge, c’est mieux de vous concentrer sur vos qualités humaines. Enfin, si vous en avez ! »

« Bien sûr, j’ai de grandes qualités de cœur. Je lutte contre la misère humaine. Je donne des trucs à la banque alimentaire en faisant mes courses. »

« C’est bien, mais il faudrait des actions de grande ampleur ? Vous n’avez rien ? »

« Si, si ! Par exemple, je fais preuve d’une remarquable empathie avec autrui. J’écoute tous les lundis la mère Poulard raconter son week-end chez sa belle-mère. »

« La mère Poulard ? C’est bien elle qui décide de vos primes de fin d’année ? « 

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