Archive pour la catégorie 'Billets'
Une aventure du Duc
29 octobre, 2021Deux guerriers
24 octobre, 2021« Je vois ce que c’est : monsieur a du caractère. »
« Parfaitement, moi je ne me laisse pas monter sur les pieds. »
« Voilà qui tombe bien, moi je suis aussi un individu à fort tempérament. »
« Sans être désobligeant, monsieur, je crois que le mien est plus tonitruant que le vôtre. Je déborde d’énergie. »
« Et moi, donc ! Il ne s’agit pas de me chercher querelle, je monte facilement dans les tours pour défendre mes positions. »
« Permettez-moi de m’esbaudir monsieur. Quand je déploie mes qualités de fonceur, nul n’est en mesure de me résister. »
« Quant à moi, la dernière fois que j’ai déclenché la tempête de ma personnalité, la moitié du département s’est cachée. »
« Je me gausse encore. Ma nature vibrante est redoutée dans toutes les provinces. Quand j’arrive dans une ville, on s’inquiète, des volets se ferment, les commerçants baissent leur rideau. »
« Le président vient de faire appel à mes services pour maîtriser la grève des gilets verts. Et j’aime autant vous dire qu’on s’est expliqués entre hommes. »
« Et moi ? Je suis nommé préparateur mental de l’équipe de France de foot. J’aime autant vous dire que les petites chamailleries entre joueurs, c’est terminé ! Non, mais alors ! »
« Ce n’est rien par rapport à mon tempérament guerrier. En cas d’échecs des négociations européennes, on fait appel à moi. »
« Vous plaisantez. Qui est-ce qui à mis les Chinois à terre dans une discussion internationale sur le commerce de la pêche melba ? »
« Ce n’est pas vous qui avez échoué à faire revenir les Anglais dans l’Europe ? »
« Pas du tout ! J’ai fait connaître à cette occasion la fermeté de mes opinions stratégiques. Elles ont effrayé les Anglais à tel point qu’ils se sont repliés sur leur île. Et vous, vous n’auriez pas échouer, par hasard, dans les discussions sur le glyphosate. »
« Vous rigolez, j’ai fait clairement connaître mon opinion au président. Je ne me souviens plus ce que je lui ai dit, mais je vous prie de croire que j’ai été très clair ! »
« Et pour vos vacances, vous allez chez votre belle-mère dans le Périgord comme d’habitude. Il parait que votre femme y tient beaucoup ? »
« Je m’insurge ! Chez moi, c’est moi qui décide. Si nous allons chez belle-maman, c’est par ce que je m’entends très bien avec elle. Mais au fait, vous avez changé la tapisserie de votre salon, je croyais que vous détestiez le vert. »
« J’ai pris cette décision qui s’est imposé dans mon esprit parce que vert s’harmonisait parfaitement à la couleur des yeux du chat. Je ne suis pas du genre à me laisser influencer par les goûts de Thérèse. »
« C’est comme moi, si je me suis mis à manger des épinards, c’est à la suite d’une recommandation médicale. Ce n’est absolument pas pour faire plaisir à Josiane. »
« Vous avez raison. Restons prudent. On ne peut pas exclure des tentatives de putsch ! »
Peurs !
14 octobre, 2021« Ha ! Ha ! Vous vous dérobez ! J’en étais sûr ! »
« Moi ? Je me dérobe ? A quel sujet ? »
« Je n’en sais rien, mais il y a sûrement un sujet qui vous fait peur. Moi, Ce sont les gares. Avec tout ce monde qui circule dans tous les sens, j’ai peur que nous soyons transformés un jour ou l’autre en un peuple de fourmis. »
« Donc, vous ne devez pas souvent prendre le train. L’avion c’est mieux ? »
« Non, je n’arrive pas à comprendre que des tas de ferrailles aussi monstrueux peuvent prendre l’air et s’y tenir. C’est assez stressant. »
« Donc, vous ne prenez pas l’avion. »
« J’essaie d’éviter. Mais vous ne m’avez pas répondu. Quelles sont vos peurs principales. ? »
« Le mariage. C’est un truc piégeant. Une fois qu’on y est difficile de reculer. »
« Je suis d’accord, j’essaie d’éviter aussi. Mais quelques esprits forts nous reprochent d’avoir peur de nous engager et que nous ne sommes pas courageux. Qu’est-ce que vous répondez ? »
« Je réponds : oui. »
« Moi aussi. Le courage ne consiste pas à s’engager dans une impasse et à y rester. »
« Ne critiquons pas trop cette institution : il parait que dans certains cas, ça marche. Vous avez d’autres peurs structurelles ?»
« Oui, les coups de tonnerre. Surtout le roulement qui précède le moment où la foudre va frapper. C’est assez stressant. Je ne sais plus où me mettre. Je comprends assez bien les Gaulois qui ne voulaient pas que le ciel leur tombe sur la tête. »
« Moi, j’ai peur de la vitesse. Quand vous êtes lancé à 130 sur l’autoroute, il n’y a aucune raison objective pour que vous vous en tiriez vivant en cas de difficultés. »
« Et moi, j’ai peur de la troisième guerre mondiale. Le dicton dit : jamais deux sans trois ! »
« Finalement, je crois que nous ne sommes guère courageux ce qui est assez mal connoté dans la société où nous vivons. »
« Et avouer ses peurs sans vergogne, c’est encore plus mal vu. »
« Je me demande pourquoi. En fait quand les bébés viennent au monde, ils ont peur de tout. La preuve, c’est qu’ils pleurent. Par la suite, il y a deux règles. La première, c’est que chacun continue à avoir peur. La seconde, c’est que chacun apprend à dominer ses peurs. »
« Ou plus exactement, apprend à faire semblant de dominer ses peurs. Autrement dit : apprend à jouer au plus malin. »
« Dugenou, par exemple, il fait continuellement son malin, mais fondamentalement, il a peur de madame Dugenou ! »
« Conclusion : on a le choix entre faire son malin avec une hypocrisie consommée ou passer pour des couards qui ont peur de leurs ombres. L’être humain est encore damné !!! »
« Oui, c’est stressant ! Je vais faire un courrier de réclamation. »