Archive pour avril, 2023

Choisir la bonne voie

30 avril, 2023

C’est l’histoire de l’aviateur qui avait peur en avion. Il rencontra un jour le matelot qui n’aimait pas l’eau et le musicien qui ne savait jouer d’aucun instrument.

Pour se sortir de leur pénibles situations, l’aviateur eut une idée. Il s’embarqua comme moussaillon dans une goélette qui attendait dans le port. De son côté, le marin s’engagea dans l’orchestre de cornemuses qui animait le village. Enfin, le musicien devint steward dans la compagnie aérienne nationale.

Chaque semaine, le trio se retrouvait au bistrot du village. Un dimanche un homme entra ; il semblait un peu perdu. C’était le comptable qui n’aimait pas les chiffres. Nos trois lascars ne surent pas comment lui trouver une place, car – c’était bien connu – personne n’aime les chiffres. Aucun de nos trois lascars n’était volontaire pour devenir comptable.

L’aviateur eut encore une idée : le comptable devrait conserver son job. Il lui suffisait de remplacer les chiffres par des mots. Ainsi les bilans des entreprises de la région purent se lire avec des mots significatifs : « beaucoup », « pas assez », « trop », « suffisant »… ce qui rendait leur lecture très amusante.

Seul le président de l’ordre des comptables ne se divertit pas de cette innovation. Portant, il aurait pu faire preuve de compassion. Il avait l’habitude des loosers. En effet, il avait commencé sa carrière en faisant l’humoriste. Le seul problème, c’était qu’il ne connaissait pas d’histoires drôles.

Cet échec l’avait rendu très amer, attitude que nous blâmons vivement.

Un des premiers progrès de civilisation

23 avril, 2023

C’est l’histoire de Maurice, un hun. Maurice n’était pas un Hun comme les autres. Il ne voulait pas déferler sur son cheval à la conquête de nouveaux horizons. Son jardinet de banlieue lui suffisait alors que ses camarades ne se gênaient pas beaucoup pour conquérir de nouveaux territoires en massacrant tous ceux qui se présentaient.

Maurice était donc un Hun pacifique. Le seul. Attila le regardait avec curiosité.

—      Hun pacifiste, pourquoi ne veux-tu pas massacrer les gens ? Demanda-t-il à Maurice.

—      Chef Hun, je préfère la tendresse à la haine. Nous sommes tous frères.

« Tendresse » est un mot qui plongea les Huns, les uns et les autres, dans une profonde interrogation.

—      Hun pacifiste, c’est quoi « tendresse » ? Demanda Attila qui se révéla ainsi un esprit ouvert à l’innovation.

—      « Tendresse », c’est quand on est sympa avec l’ennemi au lieu de le massacrer.

Attila n’en crut pas ses oreilles de sauvage sanguinaire. Pour lui, un ennemi devait faire l’objet d’un carnage en bonne et due forme. D’ailleurs, dans la grammaire des Huns, les mots « ennemi» et « massacre » étaient synonymes.

Maurice dit à Attila qu’il aurait tout à gagner à être gentil avec ses adversaires. Attila se montra intéressé. Maurice pensa qu’un progrès dans la civilisation Hun était possible :

—      Grand chef Attila, tu pourrais réduire tes ennemis à l’esclavage. Ils feraient à ta place tout ce que tu n’as pas envie de faire.

—      Ils pourraient aller chercher les gosses à l’école par exemple ou aller diner chez ma belle-mère tous les dimanches ?

—      Tout à fait, Hun !

La balançoires de Chloé

16 avril, 2023

C’est l’histoire de Chloé qui se balançait sur sa balancelle en jetant des coups d’œil malicieux aux coquins du village qui admiraient ses jambes nues sous son jupon rose.

Souvent Georges et Max, les porteurs de chaise à porteurs passaient devant son jardin pour se divertir du spectacle. Ils rallongeaient ainsi leur course aux dépens des clients qui s’en trouvaient contrariés. Il arrivait que très émus par la grâce de Chloé, ils perdent le contrôle de leur engin et renverse la chaise qu’ils devaient soutenir. Les clients ainsi bouleversés s’en plaignaient amèrement à la directrice de la compagnie des chaises à porteurs, laquelle se trouvait être — selon la légende — la tante de Chloé. On imagine facilement les séances d’explications familiales !

Ce ne fût pas le seul méfait de Chloé. En menant son troupeau aux champs, le pâtre grec de la commune passait chaque matin devant la balançoire sur laquelle la belle se livrait à toutes sortes de facéties . Le pâtre était très beau comme tous les pâtres grecs ce qui poussait Chloé à accentuer ses minauderies pour se montrer sur son meilleur jour. Pendant que le pâtre comptait fleurette à la jeune fille, il arriva que le loup, qui trainait par-là, mangea deux de ses brebis. Le Comte Arebour, propriétaire des ovins, disputa vertement le pâtre pour sa négligence dont Chloé était responsable.

Les méfaits de Chloé ne s’arrêtèrent pas là. D’après la légende, la calculateur du village monsieur Arthur éprouvait le besoin de passer devant ses jambes, chaque jour. Monsieur Artur, c’était celui qu’on appelait chaque fois qu’on avait des calculs à faire. Mais c’était un homme aussi et il se trouvait ému de la grâce de Chloé si bien que tous les calculs faits dans la région devinrent faux les uns après les autres.

Il fallait faire quelque chose. Le maire du village pensa demander au loup de dévorer la jeune fille puisqu’il avait lu que c’était faisable dans le Chaperon Rouge, mais la solution manquait de classe. Il fut convenu que la jeune fille se balancerait de nuit.

Le cadre d’escadre

9 avril, 2023

C’est l’histoire d’un cadre d’escadre qui vivait sous les murs de Carcassonne. Mais à Carcassonne, la mer était absente, me dira-t-on, ce qui est parfaitement exact. Le cadre en question n’aimait pas l’eau ce qui expliquait sa position.

Dans la population, on se demandait ce qu’il faisait là. Nous aussi. En réalité, le cadre ne faisait rien dans ce cadre. Le soir, vers 17 heures, on le voyait sortir ses boules pour jouer une partie de pétanque avec l’évêque, lequel de toute évidence n’était dans ses fonctions religieuses.

A Carcassonne, on s’interrogeait donc. Nous aussi.

Ne fallait-il pas voir là une alliance entre la marine et la religion ? Dans quel but ? Un rebondissement intervint dans cette histoire avec l’arrivée de Ludovic. Ludovic était un poseur de fenêtres très apprécié parmi les habitants de Carcassonne.

Il avait posé une fenêtre chez le cadre d’escadre qui s’était exclamé :

—      Cher Ludovic, puisque vous avez posé un cadre au cadre d’escadre, pourquoi ne viendrez-vous pas jouer avec moi, le cadre d’escadre et notre cadre de l’Eglise ?

C’est ainsi que se forma la triplette infernale les « Carcassonne’s boys » qui vient d’enlever le tournoi de pétanque de Saint-Guilhem-le-désert. Leurs opposants en finale ne s’étaient pas déplacés arguant d’un article des règlements de la fédération qui aurait dû disqualifier nos « Carcassonne’s boys », puisqu’aucun de ses joueurs n’avaient fait ses Pâques. Même l’évêque.