Archive pour février, 2023

Fernando vend de la poudre

26 février, 2023

C’est l’histoire de Fernando qui vend de la poudre. Le commissaire Brutus, ayant eu vent de son commerce se rend en personne chez Fernando. La baraque de celui-ci est loin dans la campagne. Pour l’atteindre, il faut emprunter un chemin malaisé qui… poudroie sous le soleil de l’été.

D’un ton sévère qui convient bien à sa fonction, le commissaire Brutus interroge Fernando :

— Monsieur Fernando, ne seriez-vous pas un dealer de drogues ?

— Nenni point, répondit Fernando. Vous vous méprenez, monsieur le commissaire.

Pour convaincre le policier, Fernando lui fait visiter son atelier. Il y fabrique de la poudre de perlimpinpin qui ne sert strictement à rien.

— Comment peut-on vendre quelque chose qui ne sert à rien, s’étonne le commissaire.

— Je ne sais pas, cher Brutus, mais les trucs qui ne servent à rien se vendent très bien. Il suffit de convaincre les gens qu’ils en ont besoin.

Fernando montre également au commissaire sa chaîne de fabrication de poudre aux yeux qui est très demandée par les hommes et les femmes qui veulent faire leur malin.

— Et cela, dit le commissaire Brutus d’un air soupçonneux, en désignant un tas de poudre jaunâtre. Ne serait-ce pas une substance interdite par la loi, monsieur Fernando ?

— Pas du tout, monsieur le commissaire. Vous pouvez en prendre une pincée pour vérifier.

Il nous faut mentionner ici que Fernando est un malin. Le commissaire plonge deux doigts dans la poudre jaunâtre. En réalité, il s’agit de la poudre d’escampette qu’il prend. Il se retrouve immédiatement sur le chemin qui poudroie… et qui le ramène chez lui où l’attend madame Brutus.

Julot, le justicier

18 février, 2023

C’est l’histoire de Julot, le justicier qui n’avait aucune injustice à redresser.

Il alla voir le préfet en le priant de mettre en prison un innocent. Malheureusement, il ne trouva aucun innocent disposé à s’enfermer au cachot.

Ensuite, Julot rencontra l’inspecteur des impôts pour qu’il prélève des taxes de manière tout à fait inéquitable sur les citoyens, mais le fonctionnaire répondit qu’il na savait pas faire ainsi.

En désespoir de cause, Julot obtint une audience avec l’archevêque au cours de laquelle il supplia le prélat d’excommunier un fidèle au comportement irréprochable. L’archevêque cria au scandale et mit Julot à la porte.

Julot se trouva dans la gêne : c’était un justicier sans emploi. Pourtant Julot avait un frère, Fredo, qui était particulièrement injuste. Julot demanda donc à Fredo de commettre une injustice puisqu’il savait faire.

Fredo vola 100 euros au châtelain. Julot, enfin sollicité, s’insurgea.

— Quelle injustice, monsieur le châtelain, s’écria-t-il !

Julot, indigné de ce vol, cerna la maison de Fredo de façon à prendre le chenapan au piège. Le siège dura plusieurs jour car Fredo ne voulait pas se rendre. Malheureusement, la maison de Fredo était aussi celle de Julot.

Moralité : Julot passait donc ses journées dans la maison qu’il cernait. Au bout du dixième jour de siège, Fredo se rendit. Julot pénétra, applaudit par le peuple, dans la citadelle où il avait déjeuné le matin même.

Le vendeur de phrases

13 février, 2023

C’est l’histoire de l’entreprise qui vendait des phrases toutes faites. Par exemple, quand on allait à un mariage, on pouvait acheter quelques banalités à placer le jour de la cérémonie du genre : mes meilleurs voeux de bonheur ; quelle belle cérémonie religieuse ; c’est vous qui avez choisi le traiteur ; et les enfants, c’est pour quand ; cette fois, on a réussi à caser Gérard… Evidemment pour les funérailles, l’entreprise disposait d’un autre jeu de répliques.

A ceux qui s’interrogeaient sur la légitimité de l’existence de cette société, son directeur, monsieur Petitbon, répondait qu’à l’époque où l’on vendait des salades en sachet toutes prêtes, il n’y avait rien d’étonnant à commercer des éléments de conversations, de la même manière.

Effectivement,  l’entreprise de monsieur Petitbon connut un certain succès, dû au grand nombre de personnes  que les obligations mondaines indisposaient fortement.

Fort de son avantage, monsieur Petitbon ouvrit une nouvelle activité : les conversations de couples. Lorsque la relation conjugale devenait un peu languissante, on pouvait acheter des phrases du type : qu’est-ce qu’on mange ce soir, n’oublie pas de téléphoner à ta mère pour son anniversaire, il faudrait penser à réserver quelque chose pour cet été…

Ce commerce n’était pas du tout du goût de la Ligue des Improvisateurs. Ces derniers dénonçaient les méfaits du néo-libéralisme qui s’insinuaient de partout jusqu’à standardiser le contenu des  conversations les plus courantes. Pour les Improvisateurs, chacun devait prononcer des phrases de son cru, totalement originales.

Monsieur Petitbon défendit son fonds de commerce. Il dit qu’on a toujours le droit d’être terne et peu inspiré dans la conversation, auquel cas il vaut mieux émettre des phrases banales que passer pour un vieux sauvage.

Monsieur Petitbon pour faire taire les critiques ouvrit un département « Météorologique ». Là encore la demande dépassa toutes les espérances. On y vendait de tout : depuis le célèbre « il fait beau aujourd’hui, n’est-ce pas » jusqu’au « oui, mais il fait plus froid que l’an dernier à pareille époque ».

Pour l’achat d’une phrase complètement nulle, monsieur Petitbon ajoutait parfois un petit bonus du genre « qu’est-ce qu’il y a à la télé, ce soir ? »

Les efforts de Monsieur Petitbon furent brillamment récompensés. Monsieur le ministre de l’Abêtissement  Généralisé lui remis la légion d’honneur, le 14 juillet dernier.