La naissance des feuilles mortes
29 décembre, 2022C’est l’histoire de la déesse Henriette, chargée des feuilles mortes. Notons qu’elle ne doit pas être confondues avec d’autres divinités, chargées des défunts dans diverses civilisation.
Henriette devait intervenir en automne exclusivement. Son rôle était de pleurer la mort des feuilles d’arbre, puisque personne ne se préoccupait de cette triste besogne. Le reste du temps Henriette ne faisait rien, ce qui ne plaisait pas beaucoup aux autres divinités qui ployaient sous le travail.
Cette oisiveté énerva Jupiter qui décida de l’affecter à une autre tâche. Il la rendit responsable des bourgeons qui poussaient sur les arbres. Après tout, pensa-t-il, il y a une certaine logique à donner à Henriette la supervisions des feuilles des arbres de leur naissance à leur mort.
Malheureusement, les consœurs d’Henriette eurent tôt fait de considérer qu’elle n’était pas très occupée pour autant. Surtout que chacun savait qu’il existait des arbres à feuilles vivaces qui refusaient systématiquement de périr à l’automne.
Henriette était très occupée par son oisiveté. Une année, elle prit ses vacances d’été, mais elle se sentait tellement bien qu’elle oublia de rentrer afin d’accomplir son office lorsque l’automne arriva. En toute hâte, on dut lui trouver un remplaçant. C’est Maurice-Alexandre le dieu des angles morts qui fut requis. Mais Maurice-Alexandre emplissait mal cet office, il ne savait pas pleurer les feuilles mortes.
C’est à cette époque que Jupiter n’eut plus qu’une solution : mobiliser sa légion de poètes de choc pour honorer toutes les feuilles décédées : messieurs Prévert, Gainsbourg, Théophile Gautier, Emile Verhaeren, Paul Verlaine et probablement quelques autres
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi,
Et le vent du nord les emporte,
Dans la nuit froide de l’oubli.