La valise de Marceau
C’est l’histoire de Marceau qui était vieux et avare. Il avait l’habitude de voyager accompagné de toute sa fortune, en billets de banque, contenus dans une grosse valise. Un jour, il oublia sa valise dans le compartiment de son train. Furieux, il se propulsa devant le commissaire de police Adémar pour lui dire qu’il avait intérêt à retrouver son bien.
Le policier, un peu sur la réserve, reçut le plaignant :
— Bien le bonjour, monsieur Marceau… Alors, comme ça, on a oublié sa valise dans le train !
— Pas du tout, commissaire, on me l’a volé. J’étais assis à côté d’un moine qui me paraissait bien suspect. Arrêtez tous les moines du département !
Ce qui fut fait. Le commissaire se retrouva très embarrassé avec plusieurs dizaines de robes de bure qui envahirent ses locaux. Mais comme tous les religieux avaient fait vœux de pauvreté, il fut obligé de les relâcher.
— Sacrebleu, s’écria Marceau en s’étouffant de rage. Il y avait aussi un joueur de luth près de moi. Veuillez arrêtez tous les joueurs de luth du département, commissaire !
Marceau étant un homme important, le commissaire exécuta son ordre et rassembla tous les luthiers des environs.
— Messieurs les luthiers ! s’écria-t-il, de lourds soupçons planent contre vous. Nous allons tous vous fouiller pour être sûrs que vous ne cachez pas la valise de monsieur Marceau dans vos poches.
Mais le chef des luthiers réagit :
— Monsieur la commissaire ! Nous sommes tous très riches ! Voler la valise de monsieur Marceau ne pouvait pas nous intéresser !
Le commissaire, un peu confus, répondit :
— Ah oui ! Zut ! Je n’y avais pas pensé !
Le commissaire convoqua alors Marceau :
— Je suis bien désolé monsieur Marceau, mais votre argent n’intéresse personne, j’en conclus qu’il n’y a pas eu vol.
Monsieur Marceau fut bien marri. Comment pouvait-il se faire que sa fortune n’intéresse personne ? Personne n’avait donc de considération pour moi, l’homme le plus riche du département ! se dit-il.
Moralité : pour contrarier un fortuné, il suffit de mépriser sa fortune.
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