Victor, ténor

C’est l’histoire de Victor, le ténor sonore dont la voix vibrait longuement dans la vallée. Même les coqs des fermiers s’inclinaient devant la puissance et l’harmonie de ses chants. Malheureusement, c’était un manant, un peu vagabond, du genre que les nobles n’aiment pas.

En son château, le noble décréta que Victor, le ténor sonore, n’était pas un artiste digne d’être écouté et qu’il convenait donc qu’il reste muet.

La bergère Bérangère ne l’entendit pas ainsi. Elle aimait écouter les airs du ténor sonore en gardant ses blancs moutons. Parfois, elle-même se distrayait en jouant du pipeau. Devant l’interdiction qui frappa injustement Victor, Bérangère s’indigna et appela le syndicat des troubadours. En guise de vengeance, elle obtint que le château du noble ignoble soit évité par toutes les tournées de ménestrels.

Le noble se déclara fâché. Il n’avait plus de distractions à offrir à la belle Isabelle qu’il courtisait assidûment. Les artistes avaient interdiction de se produire aussi bien sous les fenêtres de celle-ci qu’en concert à la fin des repas de prestige donnés au château.

On devine la fin de cette histoire (enfin, nous l’espérons) : le noble ignoble invita Victor le ténor se produire dans son château au grand contentement de ses convives. Du coup, Victor fut richement entretenu.

Moralité : méfions-nous des nobles ignobles qui ont des prétentions artistiques et également du syndicat des troubadours dont il ne faut pas sous-estimer la puissance.

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