Archive pour juillet, 2022

La maman d’Armand

30 juillet, 2022

C’est l’histoire d’Armand, le charmant. Il était tellement beau qu’il s’admirait lui-même. Sa mère, qui était maire fit afficher le portrait d’Armand dans les rues. Le visage d’Armand se retrouvait également sur les pots de yaourt que les enfants dégustaient à l’école. Lorsque les amants se mariaient, ils recevaient en cadeau, un album de photos d’Armand. Soit dit en passant, la jeune mariée le feuilletait de l’air triste de celle qui n’a pas eu les moyens de s’acheter la robe de son choix.

Bref… le chef de l’opposition municipale, monsieur Dutrognon qui était laid commençait à s’indigner de la présence excessive d’Armand, le charmant. Il tenta d’imposer sa photo sur les pots de yaourt, mais les gamins n’en voulaient pas, même si le yaourt était à la fraise.

Monsieur Dutrognon était en rogne, on le comprend aisément. Pour contrer l’initiative de la maman d’Armand, il décida d’offrir aux jeunes mariés le portrait de sa femme Madame Dutrognon. Le résultat fut que les jeunes gens et jeunes filles allèrent convoler dans la commune voisine.

Devant l’impuissance de leur chef, les membres du parti de monsieur Dutrognon, rejoignaient petit à petit la majorité municipale regroupée derrière la maman d’Armand qui — notons-le — entretenait un amant. Bientôt, monsieur Dutrognon fut le seul opposant au conseil municipal.

Mais — et c’est là que l’histoire prend tout son sel — un journaliste de France 2 démontra que l’amant de la maman d’Armand était largement financé par le budget municipal, bien qu’il habitat au Mans. Devant l’ampleur du scandale, l’homme nia de toutes ses forces.

Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’affirmer qu’au Mans, l’amant de la maman d’Armand ment.

Moralité 1 : Monsieur Dutrognon fut élu triomphalement après le scandale. Force est restée à la probité et à la vertu.

Moralité 2 : Les conseillers qui avaient trahi monsieur Dutrognon font une drôle de tête et Armand aussi d’ailleurs qui n’était pour rien dans cette histoire.

La complainte du phoque

28 juillet, 2022

C’est l’histoire d’un phoque sur un roc. Le phoque ruminait : autrefois, la banquise était plus large qu’aujourd’hui. Il y avait de la place pour s’amuser à glisser.

Aujourd’hui, l’espace se rétrécit. Bientôt les phoques vivront dans le désert. Mais la compagne de notre phoque ne veut pas y aller : Sarah ne veut pas du Sahara.

D’après le président des phoques, la question ne se posera bientôt plus, car la Terre s’arrêtera de tourner. Donc, nous serons tous projeter dans le ciel, pense le phoque. Oui, mais quel ciel, s’interroge-t-il ? En fait, cher phoque tout dépend de ta position lorsque la Terre s’arrêtera de tourner sur elle-même. Certains se trouveront lancés dans le ciel d’en haut, et d’autres dans le ciel d’en bas.

Quoiqu’il en soit, le voyage dans les nuages sera le même. Le phoque y rencontrera d’autres phoques, mais aussi des gens de tous horizons : le président des Etats-Unis, monsieur Boulard, mon charcutier, Roméo et Juliette, Louis XIV, etc… Sans compter ceux qui sont dans le ciel depuis si longtemps.

Le trajet se terminera dans le trou noir. Le phoque se dit qu’il reverra ses ancêtres qui l’attendent derrière le trou noir en rigolant comme des baleines. Sur son roc, il pense à son enfance et à son oncle Robert qui le faisait glisser sur des pentes glacées. C’était drôle.

Moralité : il n’y en a pas.

L’histoire de la découverte de l’ananas

26 juillet, 2022

C’est l’histoire de ton tonton qui péchait le thon en Andorre. Comment ? Du thon en Andorre ? Esbaudissons-nous ! C’est impossible. Bon d’accord, c’était une blague ! Alors disons qu’il était le mari de Françoise qui cultivait des framboises dans le Cher. Du côté d’Argent-sur-Sauldre, si vous connaissez un peu le coin.

Ton tonton qui était un vieux forban était enclin à ne pas faire grand-chose. Il n’a donc pas laissé de trace dans l’Histoire, ni dans cette histoire. La seule chose de sûre, c’est qu’il préférait l’ananas à la framboise. Il n’arrêtait pas de mêler son amour de l’ananas à son amour de sa nana.

Ni sa nana, ni les villageois ne savaient faire pousser des ananassiers, pour la bonne raison que l’ananas ne pousse pas sur un arbre, mais comme une fleur au bout d’une tige.

Ton tonton se trouvait donc privé de son fruit préféré ce qui attrista ta mère qui était une bonne sœur. Précisons à ce stade que ta mère n’avait pas pris le voile, mais qu’elle était réputée pour sa grande bonté. Au total, c’était donc une bonne sœur.

Ta mère épousa un bourgeois peu argenté, ce qui est curieux pour un bourgeois. Le bourgeois aimait les cerises. Il s’inquiéta de l’état de son beau-frère, en manque d’ananas, mais n’alla pas au-delà de sa compassion pour son sort.

L’état de ton tonton empirait. Parfois, il souffrait d’hallucinations : des ananas tournaient autour de lui avec des bruits démoniaques.

A la fin, le médecin qui n’entendait rien aux problèmes d’ananas ordonna a ton tonton d’embarquer sur le bateau de Christophe Colomb, ce qui présentait deux avantages : d’abord de ficher la paix à sa famille et ensuite l’opportunité de découvrir des sources nouvelles d’ananas, ce qui fut le cas comme le relatent les carnets du grand Christophe.

Moralité 1 : on ne comprend pas trop comment ton tonton pouvait avoir envie d’ananas puisque personne ne connaissait ce fruit. Mais il avait beaucoup d’imagination.

Moralité 2 : on a parfois envie de choses que l’on ne connait pas. C’est très stressant.

L’histoire du Chanoine mélancolique

24 juillet, 2022

C’est l’histoire d’un Chanoine mélancolique qui vivait avec ses chats dans une chapelle au fond des bois. Parmi ses chats, il y avait le Chat Pelle. Quand on voulait le voir, on trouvait le Chat Pelle dans la chapelle.

Pourquoi voulait-on voir le Chat Pelle ? Qu’avait-il d’extraordinaire le Chat Pelle ? Eh bien, le Chat Pelle organisait des fêtes pour distraire le Chanoine mélancolique, lequel se complaisait dans une profonde tristesse. Ainsi le Chat Pelle faisait-il venir des danseuses pour faire des entrechats ou des fliquettes pour faire des claquettes. Ou encore des attachés parlementaires pour raconter de délicieuses histoires polissonnes. Mais au grand désespoir du Chat Pelle, le Chanoine mélancolique restait mélancolique.

Le Chanoine avait choisi la solitude pour se rapprocher de l’Eternel. Mais quand même, il aimait bien avoir du monde autour de lui de temps en temps. Le Chat Pelle ne manquait pas de lui faire remarquer qu’il souffrait d’une contradiction profondément humaine : l’homme est à la fois solitaire et grégaire.

Un jour, le Chat Pelle (qui commençait à en avoir plein les moustaches) lui fit savoir qu’il devait assumer sa double personnalité, sinon il réunirait tous les chats du Chanoine mélancolique et ils iraient porter leurs présences auprès de monsieur Crusoé qui commençait à souffrir de solitude sur son ile.

Le Chat Pelle dit :

—      La mélancolie, ça commence à bien faire, Chanoine.

Le Chanoine Mélancolique fut piqué au vif. Il aimait bien la solitude, mais ne voulait pas reste seul. Aussi appela-t-il la Fée Dubien qui — contre 100 dollars et un coup de baguette magique pour assurer l’affaire — transforma notre Chanoine mélancolique en Chanoine joyeux et rigolard.

Le Chat Pelle et sa horde de chats qui n’avaient plus personne à distraire partirent, si bien que le Chanoine qui était joyeux et rigolard, redevint mélancolique. Et en plus, il était seul.

Moralité : il y a des moments où il vaut mieux ne pas compter sur les autres.

Les amants d’Emma

22 juillet, 2022

C’est l’histoire d’Ignace, à la tignasse rousse. C’était un gaillard un peu paillard, qui était champion de bilboquet ainsi que de hockey. Il aima Emma qui préparait l’ENA. Les deux tourtereaux ayant des centres d’intérêt différents ne s’entendirent pas très longtemps, à notre grand désespoir.

Emma rencontra un comte qui lui conta fleurette et elle oublia Ignace, ce qui nous désole. Mais Ignace, le tenace, ne l’entendit pas ainsi :

—      A moi comte, deux mots, dit-il en reprenant une phrase célèbre. Allons en découdre sur le champ.

Luc, le fils du duc, qui passait par là, glissa dans l’oreille d’Ignace qu’il serait imprudent de provoquer le comte en duel puisqu’il était champion olympique d’escrime. Ignace qui ne manquait pas d’à-propos (notons-le au passage) se reprit :

—      A moi comte, deux mots.

—      Oui ! De quoi s’agit-il ? Répondit le comte qui ne se doutait de rien.

—      Vous soupirez pour Emma, qui m’aima ! Dit Ignace fièrement.

Le comte répondit d’une pique :

—      Moi, je soupire ? Dit-il avec un sourire que nous pourrions qualifier de narquois. 

C’est alors qu’Emma héla les deux hommes :

—      Veuillez arrêter de soupirer, soupirants ! Je ne suis à personne, dit-elle, avec un léger sourire insolent.

Ignace et le comte en furent bien marris. Mais, comme c’était l’heure du match, ils s’installèrent tous les deux sur le divan d’Emma et commandèrent une pizza.

Moralité : sachons où sont nos priorités !

 

 

On a casé Marcus !

20 juillet, 2022

C’est l’histoire de Constant et Constance. Sur la dune et sous la lune, il se sont juré fidélité pour l’éternité. Lui est bossu et cossu. Il jouit d’une belle fortune, mais il cultive néanmoins sa vigne tous les jours. Elle, on se demande ce qu’elle fait, mais d’après ses voisines, il semble qu’elle soit dépensière et frivole.

Le couple eut un enfant du nom de Marcus, qui devint un grand dadais, un sacripant, un voyou. C’était une sorte de décrocheur scolaire qui se fichait de l’école.

Le gendarme Charles le ramenait régulièrement chez ses parents en maugréant :

—      Holà, Constant et Constance, votre fils est un fieffé polisson.

Mais Marcus ne craignait pas les forces de l’ordre.

Constant et Constance confièrent l’éducation de Marcus à l’abbé Gonia, prénommé Albert (pour ceux qui l’ont connu).

L’abbé ramena Marcus au bout de huit jours :

—      Holà, Constant et Constance, votre fils est une canaille !

Le roi vint à passer en compagnie de sa fille Emeline qui trouva belle allure à Marcus. Le roi se disait, in petto (dans son for intérieur), voilà une belle occasion de caser ma fille, dont le caractère belliqueux décourage tous les jouvenceaux du royaume.

—      Holà, coquin et coquine, dit le roi en s’adressant à Constant et Constance. Marions-les !

Ce qui fut fait.

Emeline ne ramena pas Marcus à ses parents qui en furent tout surpris.

Moralité : Pour les parents qui ont un fils en difficulté scolaire, rien n’est perdu. Il suffit de solliciter la fille du roi.

Les destins du clandestin

18 juillet, 2022

C’est l’histoire des destins d’un clandestin.  Il arriva chez un tailleur batailleur. Celui-ci était laid comme un balai et violent comme on ne sait quoi. Venu d’ailleurs et un peu railleur, le clandestin se gaussa des costumes du tailleur.

Notre tailleur s’en prit au railleur. En une heure, il lui fit passer un mauvais quart d’heure. Le clandestin penaud alla porter ses quolibets chez la mégère qui gère le restaurant près du torrent.

—      Holà, mégère, tu exagères ! Ton auberge sur la berge n’est guère accueillante !

Il ne fallait pas chercher querelle à cette femme un peu maquerelle.

—      Holà ! Maudit bandit, passe ton chemin, cria-t-elle. Veux-tu que je te donne un coup de louche, louche individu !

Le clandestin s’enfuit vers d’autres destins. Il arriva chez l’archiduchesse qui était en train d’étendre ses chemises pour les faire sécher.

—      Holà, majesté ! S’écria l’homme. Le tailleur et la maquerelle m’ont chassé. Quel manque d’humanité ! En plus le froid arrive ! Ce matin la bise est venue, et je suis bien dépourvu !

L’archiduchesse se trouva émue par le destin du clandestin. Elle rentra dans sa cuisine et resurgit :

—      Clandestin, voilà une obole : un bol de riz. Ensuite, tu pourras aller voir le mage qui s’y connait en chômage.

En effet, grâce à sa magie, le mage sage et habile finança le chômage du clandestin.

Moralité : sauvegardons les archiduchesses et les mages.

La véritable histoire du trou normand !

16 juillet, 2022

C’est l’histoire d’un trou. Pas très large le trou, peu profond, disons entre sept et huit mètres. Bref, c’était un trou presque sympathique.

C’était un trou rural, situé en pleine campagne. Derrière son bosquet, il était à l’ombre pendant l’été. En hiver, les arbres lui épargnaient la neige et le froid.

Parfois, des enfants se penchaient pour apercevoir le fond du trou où il n’y avait rien à regarder. Certains pensaient qu’il faudrait y poser quelque chose : une statue, un tableau de maitre, une télévision…

Un paysan nommé Jean avait eu l’heureuse idée d’implanter un panneau à proximité qui disait : attention ! trou ! De telle façon que personne ne tombe dans le trou. Il avait même construit une échelle sur les murs du trou : une notice y était accrochée qui indiquait : pour sortir du trou, monter à l’échelle. Ainsi la sécurité du trou était assurée.

Un jour la baronne passa près du trou. La baronne n’aimait pas le trou, elle décréta qu’il fallait le vendre. Certains acheteurs ne voulaient qu’une partie du trou : au fond du trou, ils ne s’intéressaient pas à autre chose. D’autres auraient aimé acquérir l’échelle avec le mur qui la soutenait. D’autres enfin, voulaient faire la conquête de la baronne et du trou.

Finalement, c’est le duc de Normandie qui emporta le trou chez lui. C’est, à partir de cette date, qu’on put parler du trou normand.

La charcutière qui redevint charcutière

14 juillet, 2022

C’est l’histoire de la charcutière de Thiers. Il arriva que la population boudât son boudin. La commerçante s’indigna : qu’à mon boudin ? Puis, ce fut sa mortadelle que ses clients n’achetaient plus parce qu’elle leur rappelait la mort d’Adèle qui était fort aimée dans la ville.

La charcutière qui, précisons-le, s’appelait Claire, le fût avec elle-même. Elle se réinventa : elle vendit des anchois, choix pour le moins inattendu, avouons-le.

Un prélat qui passait par là, la héla : holà, belle vendeuse d’anchois, faites-moi parvenir une tonne d’anchois à l’adresse ci-joint. Il se trouve que le religieux élevait des otaries et que ces animaux étaient friands de la friandise vendue par la charcutière, qui n’était plus tellement charcutière.

Cette dernière, qui s’appelait donc Claire, fit le tour des ecclésiastiques qui avaient un élevage d’otaries. Elle le fit tant et si bien qu’elle devient millionnaire sur un marché qui était particulièrement exigu, convenons-en.

Dès lors sa clientèle se précipita dans son magasin de charcutailles, en arguant qu’une femme aussi riche ne pouvait pas vendre de mauvais produits.

Moralité : quand un truc ne marche pas, faisons un autre truc qui marche, puis revenons au premier truc.

Les fanfarons du Faron

12 juillet, 2022

C’est l’histoire des fanfarons qui vivaient sur le mont Faron. Ils formaient une tribu qui habitait au fond des bois. C’étaient des kidnappeurs et des voleurs.

Pourtant, la population ne les craignait pas. Les fanfarons étaient tellement bêtes que lorsqu’ils enlevaient quelqu’un, ils ne savaient qu’en faire. Ils rendaient donc l’otage à sa famille. De même, lorsqu’ils dérobaient un objet, ils le retournaient à son légitime propriétaire avec leurs excuses.

Les fanfarons étaient par conséquent très pauvres. On pouvait dire qu’ils étaient aux abois dans les bois. La population chagrinée vint en aide à ces gredins, en leur faisant des dons, dis-donc.

L’archiduchesse — celle dont les chemises étaient toujours humides — très émue par l’indigence des fanfarons proposa sa personne pour leur permettre de maintenir leur réputation d’habiles kidnappeurs. Mais les fanfarons réagirent vivement : ils ne voulaient pas d’un otage qu’ils ne se seraient pas donner la peine de kidnapper par eux-mêmes. C’était une question de dignité.

Les habitants prirent donc l’habitude de laisser leurs portes ouvertes pour favoriser le travail des voleurs et de se promener seuls au fond des bois de façon à se faire enlever.

Les gendarmes finirent par dresser procès-verbal au motif que les fanfarons n’étaient pas assez fripouilles. Ceux-ci s’ingéniaient à brouiller les cartes de telle sorte qu’on ne savait plus où était le Bien et le Mal, confusion particulièrement néfaste à la vie collective dans nos sociétés.

Moralité : voler est mal. Rendre est permis à condition d’être forcé à le faire.

12