Il faut se coordonner !
« Il faut se coordonner. C’est le patron qui l’a dit. »
« C’est normal, les patrons aiment bien dire ça. C’est avec ça qu’ils justifient leurs émoluments. »
« Moi, je me méfie : quand je me coordonne, c’est toujours moi qui ai la partie du boulot la moins intéressante ! »
« De toute façon, la coordination, ça ne marche jamais. Chacun est tellement fier de ce qu’il fait qu’il ne voit pas pourquoi il tiendrait compte de ce que font les autres. »
« C’est vrai ! Nous sommes de vieux gaulois très jaloux de notre liberté individuelle. »
« Enfin, il y a une exception. Le mois dernier, j’ai mené à bien un très joli projet. Depuis, Dugenou m’acclame chaque fois que je le croise. Il faut dire que personne ne risque de le féliciter puisqu’il n’en fiche pas une rame. »
« Il faut dire aussi que Dugenou félicite tout le monde, surtout les patrons. Quand ils disent quelque chose, Dugenou est le premier a acquiescé. »
« Quel flatteur ! Moi je ne veux pas être félicité par qui que ce soit. Si tout le monde sait que je travaille très bien, on va me coller encore plus de dossiers. »
« Pour éviter ça, faites comme les autres, dites que vous êtes surbooké en soufflant comme un bœuf de labour. »
« Vous avez raison ; moi, j’aime bien avoir des dossiers à traiter, mais pas trop. »
« Vous vous coordonnez ? »
« Je fais semblant de me coordonner avec Mollard pour faire plaisir au patron. Mollard s’en fout. Quand je traite seul ses dossiers sous couvert de coordination, il s’en trouve très bien. »
« Malheureusement, dans le travail en équipe, il y a toujours des tire-au-flanc qui comptent sur les autres pour bosser. Ce qui ne les empêche de faire la mouche du coche. C’est un vrai métier. »
« Oui, on peut dire que l’entreprise est constituée de trois catégories de personnes : ceux qui donnent leur force de travail, ceux qui donne des avis et des conseils, ceux qui ne donnent rien du tout. »
« Vous pouvez ajouter une quatrième catégorie : ceux qui disent – après coup – comment il aurait fallu faire ! Allez vous coordonner dans ces conditions ! »
« Moi, pour me coordonner, je fais des groupes de travail. »
« Et que faites-vous dans vos groupes de travail ? »
« Dans chaque réunion, je valide les comptes-rendus des réunion précédentes, pour être sur que tout le monde est d’accord, sur le fait qu’on n’avance pas. »
« Bon, moi je ne vais pas me coordonner avec vous, vous êtes beaucoup trop caustique. Moi, j’aime bien qu’on aille de l’avant. »
« De temps en temps, c’est utile les groupes de travail qui n’avancent pas. Comme ça, on peut faire ce que l’on veut dans son coin. »
« Si vous aimez ça, prenez Dugenou dans vos groupes, vous serez sûr de ne pas avancer d’un mètre. Il adore pinailler sur la moindre virgule. »
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.