Les affaires ont repris !
« Je suis un mouchard. »
« Et vous êtes fier de vous ? »
« Je ne sais pas ! C’est comme une seconde nature. Dès l’école primaire, je dénonçais facilement mes camarades à la maîtresse. »
« C’est une vraie maladie. »
« Peut-être ! Moi, j’ai choisi mon camp ! J’aime l’ordre et je n’aime pas ceux qui mettent la pagaille. Si tout le monde suivait les instructions, ça irait mieux. »
« Ce n’est pas sûr. Mais de toute façon, vous n’avez pas à dénoncer vos semblables aux autorités, c’est de la trahison. »
« Tout de suite les grands mots. Moi, ça me valorise d’être du côté du Bien contre le Mal. »
« Pour qui vous prenez-vous ? Vous n’êtes pas le Bon Dieu. Vous ne savez pas ce qui est Bien ou Mal pour les autres. Je m’insurge vivement ! »
« Je fais confiance à l’Autorité que nous avons élue démocratiquement. Je ne suis pas de ceux qui élisent une Autorité pour avoir le plaisir de l’agonir d’injures par la suite. »
« Et ma liberté individuelle ? Qu’est-ce que vous en faites ? »
« A partir du moment où vous vivez en collectivité, vous devez vous plier aux règles. En voiture, vous circulez à droite, même si votre liberté individuelle vous commande de conduire à gauche. »
« En fait, je crois qu’il faut distinguer d’un côté la loi qui oblige ou interdit et d’un autre côté les conventions sociales que je peux très bien ignorer. »
« Par exemple ? »
« Je pourrais dire dans tout le quartier que vous êtes un mouchard. Vous dénoncez les voisins à la mairie quand ils font du bruit. Je vous désignerais à la vindicte populaire ! »
« De mieux en mieux, vous organisez les tribunaux du peuple ! Bon… on peut s’arranger. Vous laissez vos voisins tranquilles et moi je ne dis rien pour votre tondeuse que vous passez le dimanche matin alors que j’ai tellement besoin de dormir. »
« C’est du chantage ! Puisqu’il en est ainsi, si vous parlez de ma tondeuse, moi je parle de votre haie dont la hauteur dépasse les 2.5 mètres réglementaires. C’est intolérable ! »
« Bon, je vois ce que c’est : l’équilibre de la terreur ! Je suis bien déçu, moi qui aime tant la vie paisible de notre quartier ! »
« Si vous ne dénonciez pas tout le monde à tour de bras, nous serions tranquilles. C’est votre arrogance qui met la pagaille. »
« Je vous propose une solution : je suis rémunéré par la mairie pour dénoncer ! Vous n’avez qu’à me payer plus cher pour ne pas dénoncer ! »
« Donc, vous êtes un traitre vénal et amoral. Vous changez de camp pour cent sous en plus ! »
« Un peu plus. C’est un peu le système du mercato au foot. Vous me payez plus cher que les autres, alors je joue dans votre équipe. Personne ne crie à la trahison ! »
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