Querelle conjugale
30 janvier, 2022« Ola, mon bon ! Ne revenez-vous pas de chez la belle Constance Bonnepanse? »
« Si fait ma bonne, j’ai été saisi d’une belle faim au retour de mes rencontres et le boudin aux pommes de maître Bonnepanse est un vrai délice. »
« Voilà donc toute l’affaire : vous vous êtes arrêté dans l’auberge de maître Bonnepanse pour déguster son boudin aux pommes ? »
« Vous voyez, ma mie, que l’aventure est bien innocente. Il n’y a rien là d’extravagant qui pourrait justifier votre inquiétude. »
« Ce que je vois, monsieur c’est que vous êtes un madré fripon. Tous ceux qui s’arrêtent chez maître Bonnepanse savent que Constance Bonnepanse est la servante de son époux et qu’elle se promène toujours dans une mise fortement dépoitraillée. »
« Comment ? N’êtes vous pas en train de soupçonner madame Bonnepanse, qui vient d’accomplir ses Pâques avec tant de religiosité, d’une attitude peu conforme à la morale chrétienne ? »
« Parfaitement, sacripant ! Les commères du quartier ont remarqué qu’elle est fréquemment en affaire avec Charles Machefer, le forgeron aux bras et au torse si avantageux. »
« Vous voilà bien impertinente, ma bonne ! Quelle est donc cette manière de se mêler des affaires de monsieur Machefer ? N’y aurait-il pas là une jalousie de femme ? »
« Monsieur, veuillez ne pas renverser la table ! Je vous parlais, moi, de madame Bonnepanse dont, soit dit en passant, les allées et venues sont attentivement observé par Jean Pissecopie, le jeune fils du notaire. »
« Madame ! Je me porte garant de la haute tenue morale de Rose Bonnepanse, vos soupçons me fâchent fort. Monsieur l’abbé Patapon est de la même opinion que moi, votre mari. »
« Il faut dire que monsieur Bonnepanse est très riche et que monsieur et madame Bonnepanse se montrent à toutes les messes de l’abbé Patapon pendant lesquelles, ils se montrent très généreux. »
« Quelle perfide, vilaine femme ! Comment osez-vous accuser ces bons chrétiens de tant d’hypocrisie ! Voulez-vous bien retourner à vos fourneaux au lieu de jaspiner ! »
« Ah mon lascar ! Voilà donc votre manœuvre pour parler avec la belle Elise que je vois venir avec son panier au bras, en se dandinant comme une péronnelle ! »
« Madame, vous n’êtes qu’une oie, mademoiselle Elise nous est envoyée par son père, maître Dupétrin pour nous porter quelques miches bien chaudes que j’avais commandées en passant de son fournil ! »
« Mais oui, bien sûr ! La belle Elise et ses miches maintenant ! J’espère que vous vous ouvrirez de vos pensées paillardes la prochaine fois que vous irez à confesse devant l’abbé Patapon ! »
« Madame, vous me poursuivez d’une jalousie morbide ! Je m’en trouve froissé ! »
« Défroissez-vous mon cher et cessez donc vos batifolages galants en montrant un maintien réservé comme il sied à un bon époux chrétien ! »
« Vous ne manquez pas d’une certaine effronterie, ma chère ! N’est-ce pas maître Dutissu que je croisais hier, ici même, allongé dans le lit de notre chambre ! »
« Pardon, pardon ! Maître Dutissu avait l’obligeance d’examiner la qualité du drap de notre couchage pour me proposer un couvre-matelas de meilleure facture ! »