Une princesse et un manant
« Monsieur, vous êtes un impertinent ! Vous n’avez pas à faire remarquer que j’ai un grand nez ! C’est très impoli. »
« Ah bon ? Et je peux dire quelque chose de vos yeux de biche, mademoiselle ? »
« Non, c’est peut-être vrai, mais nous n’avons pas vécu une situation de rapprochement suffisant pour que vous puissiez vous autoriser à faire des remarques sur mon physique. »
« Vous, vous m’avez mentionné à tout le monde que j’ai des gros genoux. »
« Oui, c’est normal ! Vous vous êtes un homme. Vous devez supporter vos ingratitudes physiques avec le sourire ! »
« Ah bon ! Et votre caractère acariâtre, je peux en parler ? »
« D’où vous sortez ça ? Je suis d’un tempérament, doux, accommodant et particulièrement agréable lorsqu’on me parle avec élégance. »
« Et vous trouvez ça élégant d’avoir dit à tout le monde que j’avais un caractère colérique, bougon, et accessoirement prétentieux. »
« Vous voyez, vous commencer à monter au créneau. Dites tout de suite que je vous énerve quand je dis la vérité. »
« C’est vous qui avez peur de la vérité, on ne peut rien vous dire. »
« C’est logique ! Je suis une fille hors norme. Vous n’avez pas à juger mes aptitudes physiques ou mental. C’est comme si vous vous permettiez des remarques sur la Vierge. »
« C’est nouveau. Vous vous prenez pour la Vierge Marie, maintenant. Je vais en référer au curé de ma paroisse. Il va sûrement crier au blasphème. »
« Je disais ça pour bien marquer la différence entre vous et moi. Je trouve mon allure et mes paroles pleines de noblesse, alors que les vôtres sont un peu frustes. »
« Ah bon ? Vous trouvez les manières de Dugenou plus convenables ? »
« Le marquis Dugenou ne passe pas son temps à me parler du PSG ou de l’achat de son dernier Smartphone qui m’indiffère complètement. »
« J’espère que vous savez que Dugenou est autant marquis que moi, moine tibétain. »
« Il n’est peut-être pas marquis, mais lui il a le bon goût de me traiter comme une princesse. En d’autres temps, il aurait été de la noblesse. »
« Et moi un paysan du peuple, je présume ? »
« Oui, vous comprenez maintenant que votre modeste condition ne vous autorise pas à jeter un regard sur ma personne. Je ne sais même pas pourquoi je vous parle. »
« Moi non plus, je trouve ça inconvenant. Je vais plutôt m’entretenir avec Thérèse, c’est une ribaude. Mais elle au moins, elle a un nez normal. »
« Thérèse n’est pas une ribaude. Elle fréquente les conversations de mon salon avec assiduité. »
« Et vous parlez de quoi dans votre salon ? »
« Nous nous gaussons des hommes. La semaine dernière, Thérèse nous a fait beaucoup rire à propos de vos gros genoux. »
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