Il y a beaucoup de si !
« Au départ, vous dépendez de la volonté de vos parents. S’ils ne sont pas trop fatigués en rentrant du boulot ; s’ils ont envie de contrôler vos devoirs ; s’ils ont l’amabilité de vous empêcher de passer votre vie sur des écrans ; s’ils ont le temps vde ous apprendre deux ou trois bonnes manières… Vous avez une chance d’être mis sur la bonne voie. »
« Ensuite, ça commence à se compliquer, vous dépendez du bon vouloir de l’Education nationale. Si l’école ou le lycée a bonne réputation ; si votre look vous fait accepter par vos camarades ; si vous tombez sur les bons profs qui s’intéressent à vous et à leur job ; s’ils vous motivent… vous avez une chance d’obtenir quelques diplômes. »
« Après, c’est encore plus compliqué. Si – à la fac – vous avez évité des spécialités exotiques comme histoire de l’art ; si vous vous habillez comme les gens bien qu’on voit à la télé ; si vous avez une élocution audible et à peu près correcte sur le plan grammatical ; si les services de l’emploi vous prennent en considération…. Vous avez une chance de trouver un travail payé…enfin pas trop. »
« Vous êtes encore là ? Ce n’est pas certain… Si vous faites du sport ; si vous ne fumez pas ; si vous ne vous droguez pas ; si vous mangez sainement ; si vous êtes entouré d’affection ou à la rigueur d’estime ; vous avez une chance de vivre paisiblement parce que c’est comme ça qu’il faut faire. »
« Si vous n’êtes pas trop laid ou laide ; si vous sortez de chez vous au lieu de rester planté devant la télé ; si vous avez de la répartie ; si vous avez un hobby original mais pas trop dont vous aimez parler ; si vous avez des goûts musicaux plus récents que Georges Brassens ; si vous dites des choses romantiques ; si vous compatissez à la misère humaine ; vous avez une chance de conquérir l’affection (au minimum) d’une âme sœur. Enfin pour un certain temps. »
« Ensuite, ça devient encore plus compliqué. Si vous travaillez comme un fou tout en trouvant le moyen de vous intéresser à la famille ; si vous vous battez héroïquement contre toutes vos habitudes qui laissent penser que vous n’êtes qu’un pantouflard routinier ; si vous passez l’aspirateur avec entrain tous les samedis ; vous avez une chance de faire durer votre couple et d‘envisager un gamin. »
«Vous avez un enfant, disons deux pendant qu’on y est. Au début, si -par une espèce de transformation biologique – vous acceptez de vous lever trois ou quatre fois par nuit tout en restant en bonne santé ; si – après une longue réunion de travail au cours de laquelle le patron vous a traité d’endormi – vous avez encore le courage de faire sauter l’enfant sur vos genoux…. Vous aurez une vie de famille riche et peut-être équilibrée. »
« Continuons. Si la résolution d’équations du second degré ne vous impressionne pas ; si vous êtes capables de discuter plaisamment du rapport entre l’œuvre de Voltaire et celle de Rousseau ; si vous parlez anglais avec un accent oxfordien… vos gamins auront la chance de décrocher d’excellents diplômes et de s’engager dans des carrières où leur réussite dépendra de beaucoup de ‘si’ »
« Si vos enfants sont d’aspects agréable ; s’ils ne sont pas partis faire leur vie en Australie ; si vous suivez attentivement leurs mises en couples successives ; vous aurez peut-être la chance de les voir (un jour) franchir votre portail avec l’air emprunté et votre petit-fils ou petite-fille dans les bras. »
« Si vous avez travaillé un nombre d’années qui n’en finit plus de croître ; si vous avez su grâce à votre sens de la diplomatie entretenir de bonnes relations dans votre entreprise ; si vous ne craignez pas que vos meilleurs ennemis disent le plus grand bien de vous, vous aurez le plaisir d’être le principal centre d’attraction d’une cérémonie organisée pour votre départ à la retraite. »
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