Archive pour le 5 octobre, 2021

Encore un dragueur !

5 octobre, 2021

« Madame, l’éclat de votre beauté illumine tout le royaume. »

« Vous êtes bien aimable, baron. Le mérite en revient à ces messieurs : les coiffeurs, les parfumeurs, les maquilleurs… Je ne suis que l’humble support de leur art. »

« Votre modestie, madame, ne fait qu’ajouter à la splendeur de vos apparitions. »

« Ne seriez-vous pas en train d’essayer de me séduire, baron ? »

« Pas du tout, duchesse. J’examine la silhouette que vous présentez au monde et je me prosterne devant l’esthétisme unique de vos allures. »

« Vos louanges sont, néanmoins, tournées de façon galantes à des fins que la morale et monsieur le duc réprouveraient certainement. »

« Duchesse, je m’indigne vertueusement ! »

« Bon ! Vous décrivez avec des mots flatteurs mon apparence, mais que savez-vous de mes traits de caractère cachés ? »

« Rien Duchesse, je le reconnais. Vous êtes peut-être une fieffée polissonne, cruelle et volage ! En un mot, un être cruel et difficile à supporter. »

« Je suis peut-être pire que cruelle, baron ! »

« L’éventualité ne m’a pas échappé, Duchesse, mais l’étude des plus belles femmes du royaume dont les traits n’atteignaient pas la magnificence des vôtres, m’a convaincu que les vilénies des unes et la bonté des autres inscrivent leurs empreintes sur leurs visages. »

« Ainsi donc, baron, vous étudiez le visage des plus belles femmes du royaume. Toujours dans un but scientifique, je suppose. »

« Bien entendu, Duchesse, n’avez-vous pas lu mon dernier livre « De l’oreille des belles » ?  J’y développe des théories fort intéressantes sur le conduit auditif de mes sujets. »

« Quelle horreur, baron, voulez-vous bien ne pas me regarder dans les oreilles ! »

« Il n’y a même pas besoin de les observer pour savoir que vous dominez la Cour par la finesse de votre pavillon. »

« Baron ! Vous recommencez, vilain coquin ! Voulez-vous arrêter tout de suite ! »

« Je ne peux donc pas informer la postérité de l’immense plaisir que les gentilhommes ont à vous complimenter. Négocions, Duchesse. Pourrais-je au moins parler de votre nez ?

« Mon nez … bon, à la rigueur ! Délirez ! »

« Votre nez est pareil à deux papillons qui volètent au printemps d’une fleur à l’autre. »

« En fait, comme il me vient facilement le flux à la narine provoqué par l’éclatement de la nature au printemps, je ne volète pas tellement, baron. »

« Alors, j’ai une autre idée. Parlons de votre allure. Votre démarche est si légère qu’on dirait que vous volez comme une fée au-dessus du pauvre plancher sur lequel nous claudiquons si péniblement. »

« Et on pourrait peut-être parler de mon intelligence qui me souffle que vous vous jouez de moi grâce à un discours charmant, mais trompeur. »

« Ah bon ? »