Archive pour avril, 2021

Luc et Lulu

30 avril, 2021

Lulu,

Mon élue,

Ai-je la berlue ?

Dit Luc.

Tu fais de la luge

Sous la lune !

Quelle allure !

Quelle huluberlue !

Voilà qui m’a plu.

Nos enfants

29 avril, 2021

« Vous êtes sévère avec vos gamins ? »

« Je devrais peut-être, mais j’ai du mal. Ils savent beaucoup plus de choses que nous au même âge. Nous n’avons plus grand-chose à leur apprendre. Je suis parfois obligé de leur demander des renseignements. »

« C’est vrai : leurs vrais parents, ce sont peut-être leurs tablettes ou leurs smartphones. »

« Ils vous posent des questions, vous ? »

« Oui, parfois Jojo me demande l’adresse de la salle bains et Marie me réclame 100 balles pour aller au cinéma avec les copines. »

« Moi, ils veulent être habillés à la mode. »

« Le problème, c’est que la mode change souvent. De mon temps, la mode c’est ce que portait mon frère trois ans avant moi. »

« Ils vous parlent poliment ? »

« En fait, je n’en sais rien. Ils emploient un vocabulaire et des tournures que je n’ai jamais apprises. En plus, ils parlent à toute vitesse et bafouillent un peu. Alors comment voulez-vous… »

« Ne nous plaignons pas trop. Nous aussi en 68, nous étions sans doute un peu polissons, ça ne nous a pas empêché de réussir notre vie. »

« Peut-être, mais les jeunes ne veulent pas devenir comme nous. »

« Remarquez que parfois, je comprends : ma seule surprise quotidienne, c’est le menu de la cantine. Même la météo du jour, on la connait à l’avance. »

«Jojo veut une vie palpipante. Navigateur solitaire par exemple. J’essaie de lui expliquer qu’à part un canard gonflable, je ne peux pas lui offrir grand-chose pour aller sur l’eau. »

« Ne m’en parlez pas, le mien veut être présentateur de télé aux dents blanches, mais j’ai du mal à les lui faire brosser tous les matins. »

« Ils veulent tous des trucs inaccessibles. C’est délirant, mais paradoxalement, c’est plutôt un signe de bonne santé mentale. »

« Il ne nous reste plus à leur apprendre que vivre, ça consiste à abandonner un par un tous leurs rêves d’adolescents. Ensuite … on les envoie ranger leur chambre ! »

« Vous exagérez : certains réussissent de belles carrières. »

« Oui, et c’est bien ça le problème. Tant qu’ils verront des gamins de leurs âges s’enrichir au cinéma ou sur les terrains de foot, ils voudront la même chose et 90 % d’entre eux finiront déçus. »

« Notre vrai rôle ne serait-il pas de leur apprendre à se contenter de ce qu’on a ? »

« A 15 ans, on n’a rien à faire d’une philosophie de la sagesse. Il vaut mieux les laisser rêver. On pourra au moins leur dire qu’on les avait prévenus quand ils seront fatigués. »

« Bon… en attendant, il faut que je me débarrasse de tous les jouets que je leur ai achetés pour les Noël successifs, ça ne vous intéresse pas par hasard ?»

« Non, j’ai le même problème. En plus, maintenant, on ne sait plus quoi faire de leurs vieux smartphones. Heureusement qu’ils sont plus sensibilisés à la sauvegarde de l’environnement que nous l’étions. »

Le phoque et le coq

28 avril, 2021

Quelle époque !

Dit le phoque

En loques

Au coq

Sur son roc.

Tu te moques ?

Répond le coq.

Tu es cinoque

Ou tu as bu un bock !

L’interview d’une coquette

27 avril, 2021

« Vous avez vu, je suis revenu de vacances toute bronzée. Je suis très belle. C’est fou comme je prends bien le soleil. Ce n’est pas comme cette pauvre Sophie qui est revenue rouge comme une écrevisse : ha ! ha ! Je m’esclaffe. »

« En effet, vous êtes charmante. Comment faites-vous, ça intéressera nos lectrices ? »

« Être belle au niveau que j’atteins, c’est un vrai métier, il faut beaucoup de technique pour bronzer correctement : choisir sa crème avec soin, évaluer les bonnes heures d’ensoleillement, choisir un bon emplacement, savoir se retourner à temps… Ce n’est pas donner à n’importe qui. »

« Et vous n’avez rien fait d’autre dans vos vacances ? »

« Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Je ne vais pas aller visiter les veilles pierres comme Georges, c’est d’un ennui mortel. Je ne vais pas non plus sortir un livre, il aurait fallu que je perde mon temps à le lire. Tandis qu’avec le visage que j’ai, je rayonne partout où je passe. »

« En effet. Je suppose que vous entretenez votre peau au salon de beauté. »

« Bien sûr, chaque semaine je fais le tour complet : coiffeur, manucure, pédicure, massage, épilation, bronzage… Je fais attention à tout. »

« Et pour la culture ? »

« J’ouvre la télé de temps à autre pour voir ce qu’il faut dire, ça suffit. Et puis, j’apprend quelques citations par cœur et c’est bon. »

« Et cette peinture, c’est vous qui l’avez achetée ? »

« Non, c’est Georges qui s’en occupe, il a un copain qui a un copain qui connait quelqu’un qui est peintre, ça suffit pour avoir l’air au courant de ce qui se fait. Pourquoi se casser la tête ? »

« Si je comprends bien, le chef d’œuvre de votre vie, c’est votre apparence. Mais ne craignez-vous pas que cela coûte de plus en plus cher ? Ravaler une façade vieillie par le temps, ce n’est pas donné et ça devient de plus en plus urgent. »

« C’est Georges qui s’en occupe aussi. Il a intérêt d’ailleurs. Sinon, je le largue. J’intéresse beaucoup les hommes : j’ai une vraie cour de prétendants. »

« Et pour les domestiques ? »

« Je suis intransigeante. Je viens de renvoyer Paula, la coiffeuse, qui me coiffait n’importe comment et qui a manqué un rendez-vous au prétexte que son enfant était malade. Vous vous rendez compte ? Me faire passer après un enfant ! »

« A propos d’enfant… »

« Vous voulez rire ! Vous me voyez à quatre pattes en train de jouer au petit train sur la moquette. Soyons sérieuses ! »

« Et que répondez-vous à ceux qui disent que vous n’êtes qu’une coquette, irresponsable et égoïste ? »

« Moi, égoïste ? Qui est-ce qui donne à la quête de monsieur le curé à chacune de ses messes dominicales ? Et qui est-ce qui a donné à la banque alimentaire ? »

« Et pour votre voiture, j’ai vu que vous avez encore le modèle de l’an dernier. »

« Comment, ils ont sorti un nouveau modèle et Georges n’a rien vu ! Il va m’entendre ! »

Le gueux et le neveu vieux

26 avril, 2021

Les bœufs

Du gueux

Sont deux.

De son aveu

Il vit de peu.

Il forme des vœux

Pour son neveu

Qui est vieux

Et sans cheveux.

Les bruits

25 avril, 2021

« Le doux froufrou des robes de bal. »

« Le rire cristallin des femmes qui le cachent derrière leurs éventails. »

« La mélopée de la jeune fille dont l’aimé est parti au loin. » 

« Le babillage du bébé. »

« Le soupir de la jeune fille en fleur. »

« Le chuintement des vagues qui s’écrasent sur la plage. »

« Le criaillement des mouettes qui cherchent leur pitance dans un ciel d’été. »

« Le murmure du ruisseau qui surgit entre les rochers de la montagne. »

« Le glougloutement de la fontaine sur la place du village. »

« Le soupir du vent dans les peupliers »

« Le gazouillis des moineaux sur les balcons. »

« Le grincement des portes en bois de la grange du fermier. »

« Le caquètement des poules qui suivent la fermière. »

« Le piaillement des enfants qui s’ébattent dans la cour de l’école. »

« Le braillement des joueurs sur le terrain de foot. »

« Le brouhaha des badauds sur le marché. »

« Les exclamations des marchands qui interpellent les ménagères. »

« Les hurlements des ouvriers sur le chantier. »

« L’expiration de l’accordéon du bal. »

« Les imprécations de l’ivrogne qui titube. »

« Les clochettes du troupeau qui tintinnabulent. »

« Le tintement des cloches de l’église dans le crépuscule. »

« Le hurlement des chiens dans la nuit. »

« Le hululement de la chouette sur sa branche. »

« Le claquement des volets dans l’orage. »

« Les pleurs du violon du papi. »

« Le rugissement de la foule quand les coureurs cyclistes apparaissent. »

« Les verres qui s’entrechoquent sur le bar. »

« La sirène des pompiers qui déchire l’atmosphère. »

« Le vrombissement des voitures sur l’autoroute. »

« Le silence du monastère. »

Le divorce de la diva

24 avril, 2021

Sur un divan,

La diva

Divine

Divague.

C’est divin :

Elle divorce.

C’est un fait divers

D’hiver,

Divertissant.

L’affreux et l’ignoble

23 avril, 2021

Dans les cieux gracieux,

Plane un freux affreux.

Un fripon se tient sur le pont.

Il dine en gabardine.

C’est un noble ignoble.

Il a du bol, il lui reste une guibole.

Ce poivrot se nourrit de poivrons.

Quand il a bu, il est imbu

Et devient laid comme un balai.

Sa mégère gère

Un bar à Zanzibar.

La flotille

22 avril, 2021

« La société, c’est comme une flottille. Vous avez les gros navires et les petits voiliers légers comme vous et moi. »

« En effet, la métaphore me semble judicieuse. Nous ne sommes pas sur le navire amiral, nous sommes des petits bouchons qui flottent sur la mer. »

« Remarquez que la société est bien organisée. Vous avez des porte-avions qui ont pour mission de lancer des avions, c’est un peu le rôle de l’école qui vous projette dans la vie en vous armant le mieux possible. »

« Et puis en cas de guerre, il y a des navires de guerre qui attaquent les autres navires de guerre. »

« Oui, c’est Dugenou qui passent ses journées à attaquer ses collègues. Après ça, il raconte que lui, c’est un « battant ». »

« Dugenou, on le connait. On le voit venir. Par contre Martin, c’est un sous-marin d’attaque. On ne le sent pas arriver et hop ! Il attaque par en-dessous ! Quelle hypocrite ! »

« Je préfère la mère Poulard du marketing. C’est un navire de plaisance, gros porteur. Elle fait toujours le même voyage. On sait où elle va, elle. »

« Quant à Ernest Lharicot et Gilbert Soupière, ce sont des hors-bords de compétition. On les voit traverser les couloirs à grandes enjambés, en prenant des airs très occupés, pour faire ceux qui ont beaucoup de travail ! »

« J’aime mieux Amédée Bourrichon, c’est un voilier construit pour les courses lointaines. Il va vite aussi, mais il sait résister aux vagues de gros temps. »

« Vous avez aussi Amandine Dupoirier. C’est un véritable matelas pneumatique. Un navire de piscine, si vous préférez. Ce n’est pas elle qui prendra des risques en s’éloignant du bord ! »

« C’est d’ailleurs pour ça qu’elle est chef de service.  Ce n’est pas comme Louise Machinovski, une goélette qui est parti pour des courses lointaines dans les eaux des territoires ennemis et qui n’en est jamais revenu. »

« Vous connaissez la mère Potiron. Elle n’a rien d’autre à faire que le tour de la maison pour discuter avec les uns et les autres. C’est un bateau de pêche, un vrai chalutier, qui ramasse tous les ragots de la maison pour les revendre à qui en veut. »

« Oui, on pourrait aussi dire que c’est le principal navire espion de la direction. »

« Le pire, c’est Valentin Soupière. C’est une barque. Il rame dans toutes les circonstances ! »

« Je préfère Georges Rigolard. Qu’est-ce qu’on se marre à la cantine avec lui. On pourrait dire que dans la flottille, il tient le rôle du brise-glace. »

« Le patron, ce serait plutôt un navire de croisière. Il emporte beaucoup du monde, mais à petite vitesse, sur des trajets sécurisés. Ce n’est pas un risque-tout ! »

« C’est le moins qu’on puisse dire. Son leitmotiv c’est : pas de vagues, surtout pas de vagues. Il est d’ailleurs bien accompagné par son second Georges Gamelle, un véritable escorteur qui ne quitte pas le navire de croisière. »

« Remarquez qu’ils ont leur service l’autre adjoint, Fernand Touillard, qui est un vrai navire démineur. Dès qu’il y a un risque de problème, c’est lui qui se le tape. »

Comptons !

21 avril, 2021

Les Huns

Arrivent en deux-chevaux

A Troyes.

Ils sont quatre.

En cinq sec,

Ils volent des saucisses

Et s’enfuient à Sète

Pour manger des huitres

Avec un œuf

Et de la distinction.

123