Archive pour le 11 février, 2021

Sacrilèges !

11 février, 2021

« Comment ? Vous ne suivez pas le foot à la télé en hurlant, complètement éméché, comme un imbécile dans votre salon ? »

« Ben… non, je préfère faire des lectures intelligentes. »

« Vous savez que c’est un sacrilège ! Vous devez aller vous confesser auprès des prêtres de la religion des mœurs lamentables. »

« Ah mince ! Je n’ai pas fait exprès ! »

« En plus, on ne vous voit jamais revenir de la boulangerie, coiffé d’un béret, avec une baguette de pain sous le bras. C’est très grave. »

« C’est vrai, je n’ai pas été élevé par des parents très au fait de la religion franchouillarde. A la maison, on mangeait du pain industriel acheté en supermarché. »

« Très bien, vous me réciterez trente fois la prière du bon pain, devant votre boulangerie, en pleine rue pour que tout le monde vous voit. »

« Et le téléphone portable que je consulte toutes les dix minutes, ça peut passer ou bien suis-je puni ? »

« Je rêve ! Vous n’êtes pas complètement accro à votre portable ! Tout le temps ! Pas toutes les dix minutes ! Vous êtes bon pour le centre de rééducation téléphonique, mon cher ! Allez ouste ! Autre chose ? »

« Oui, je suis désolé, mais je prends la vie du bon côté, je ne râle jamais contre le gouvernement ou contre les autorités locales.»

« C’est le bouquet ! Même pas un tweet vengeur ! Figurez-vous mon cher qu’on est en France ! Qu’est-ce que le pays va devenir s’il n’y a plus de râleurs ? Nous allons être obligé de rouvrir le bagne de Guyane rien que pour vous ! »

« Vous avez raison, je suis un indigne, je mérite d’être puni surtout à cause des vacances. »

« Qu’est-ce que vous faites encore de mal pendant les vacances ? »

« Je me refuse de partir le 15 juillet avec tout le monde pour bien embouteiller l’autoroute du sud. Et en plus, avec Thérèse, on ne va pas s’entasser avec les autres sur les plages. »

« Misère de misère ! Vous le faites exprès ! Bon… six mois de galère en plus ! »

« Bon au point où j’en suis autant tout avouer. Figurez-vous qu’au bureau, je m’arrange pour ne jamais être surbooké de travail ! »

« Sacrilège ! Sacrilège ! Comment faites-vous ? »

« Je ne m’éternise pas devant la machine à café. Je respecte les horaires de la pause méridienne. »

« Je n’ai jamais vu ça. Je vais être obligé de recruter deux ou trois nouveaux bourreaux. Il va falloir aussi inventer de nouveaux supplices rien que pour vous. »

« Je reconnais que je suis un peu polisson. »

« Ne me dites pas que vous ne prétextez jamais de fausses réunions pour aller chez votre maitresse au lieu de rentrer chez vous. »

« Non, je ne fais jamais ça, ce sera assez vil. C’est la spécialité de mon épouse Thérèse. »