Archive pour décembre, 2020

Un 31 décembre d’autrefois

31 décembre, 2020

« Tu as jeté un pétard dans la rue. C’est interdit. »

« Pourquoi ? »

« Ça fait peur aux gens. »

« Mais on est le 31 décembre ! »

« Et alors, les gens ont le droit d’avoir peur un 31 décembre ! Il n’y a pas de jours dédiés à la frousse ! Pourquoi as-tu jeté un pétard ? »

« Parce que je suis content ! »

« Si je comprends bien, quand tu es content, tu jettes des pétards. Et pourquoi es-tu content ? »

« Je suis content parce que tout le monde est content. Et tout le monde est content parce que c’est le 31 décembre. »

« On se demande bien pourquoi les gens sont contents le 31 décembre plutôt que le 4 février ou le 29 octobre. Il n’y a pas de période réservée à la satisfaction. »

« Je crois qu’ils sont contents parce que c’est la fin de l’année. Ils ont l’impression de tourner une page et d’attaquer quelque chose de nouveau. C’est un vent de liberté qui souffle. »

« Tu as raison. Ils boivent un coup et dès le 2 janvier, ils sont amèrement déçus. Comme chaque année. »

« Eh oui, quand ils ont cuvé, ils s’aperçoivent qu’ils ont toujours les mêmes emmerdes que le 30 décembre. »

« Si je comprends bien, c’est l’impression d’une nouvelle vie libre qui commence qui les rend contents. »

« Oui, c’est comme la fin des classes le 30 juin. On a la sensation de liberté, on boit un coup et en septembre on reprend la même galère. »

« Remarque, il vaut mieux avoir des emmerdes toute l’année. Si on avait un sentiment de libération tous les soirs, on serait bourrés tous les jours et tu n’arrêterais pas de jeter des pétards. »

« Tous les soirs, ça ne m’amuserait plus beaucoup et les gens n’auraient plus peur. »

« Nous sommes d’accord ! Réservons le 31 décembre pour être contents. »

L’histoire du galant Gallois

30 décembre, 2020

Sur les galets,

Le galant

Gallois

Galonné

Galope.

C’est jour de gala.

Il n’est plus en galère,

Il a de la galette.

De qui se moque-t-on ?

29 décembre, 2020

« Tu te moques de moi ? »

« Oui, il ne faut pas ? »

« Si, tout vaut mieux que l’indifférence : tu me donnes l’impression que je suis quelqu’un de vivant ».

« Ah mince ! Tu ne pourrais pas te moquer de moi, alors ? J’ai bien envie d’être quelqu’un aussi ! »

« Ce n’est pas facile. Pour me moquer, il faudrait que tu ais quelque chose de risible : un gros nez par exemple, ou alors une démarche en canard. »

« Et ma manière de dire : bon ! A tout bout de champ, ce n’est pas risible ? »

« Euh… non, tout le monde le dit. Avec toi, tout est parfait, c’est-à-dire que rien ne dépasse. Tu n’es pas caricaturable. »

« C’est très frustrant ! Me voilà reléguer au rang de simple mortel parmi des millions d’autres ! Tu ne pourrais pas te moquer de ma prétention à être exceptionnel ? »

« Je vais faire un effort parce que c’est toi. Je vais dire partout que tu es le nouveau bourgeois qui voudrait être gentilhomme. Ce sera amusant. Même Molière se divertira dans sa tombe. »

« Donc, si j’ai bien compris, tu insinue que je suis la grenouille qui voudrait être plus grosse qu’un bœuf, comme dans la fable de monsieur de La Fontaine ! C’est très désobligeant ! »

« Il faudrait quand même savoir. Tu veux que je me moque de toi pour qu’on te remarque, mais il me faut un point d’attaque ! »

« C’est vrai que je n’ai pas beaucoup de failles. Peut-être pourrais-tu te gausser de mon caractère malin comme le renard de monsieur de la Fontaine. »

« Moi, je veux bien, mais je te signale que le renard passe plutôt pour un gangster qui déleste le corbeau de son savoureux fromage. »

« Le mieux ce serait que tu te moques d’un trait de caractère, par exemple la colère qui ne me ressemble pas. Alors, je pourrais te casser la figure, ce qui est aussi une bonne façon de se faire remarquer. »

« Tout compte fait c’est trop difficile de me moquer de toi. Je préfère que tu te payes ma tête de manière spirituelle. Si ça t’arrange, je peux me fabriquer d’autres défauts ou d’autres obsession. »

« Par exemple ? »

« Par exemple, je pourrais me prendre pour Johny Halliday »

« Ce n’est pas marrant, c’est pathétique. Moi, je veux bien me moquer des gens, mais je veux le faire avec élégance. »

« Essaie avec Dugenou. Il est plein de complexes et de défauts, ça devrait le faire. »

« C’est vrai qu’il fait toujours le malin. Si on le croit, le patron lui confie des missions extrêmement importantes. Ce genre de missions secrètes que tout le monde connait. »

« Oui, et puis il y a aussi la mère Mollard qui est toujours victime de tout le monde. Tu pourrais en faire une vraie victime de tes moqueries, ça lui ferait plaisir. »

« Super ! Décidemment, tu es une très mauvaise cible pour mes moqueries. »

Colin, le malin

28 décembre, 2020

Dans son patelin

Colin

L’orphelin

Au nez aquilin

Est un malin.

Son moulin

Est en déclin,

Alors, il part à Berlin

Vendre du lin.

La liste de mes ennemis

27 décembre, 2020

« J’ai fait la liste des ennemis. Vous n’êtes qu’en quatorzième position. Ce n’est pas très bon, il va falloir faire des progrès. »

« Dans quel sens ? Vers le haut ou vers le bas ? C’est que je n’aime pas trop avoir des ennemis, ça se termine toujours mal ! »

« Il faut vous rapprocher des premières places, bien entendu. Moi, il me faut des ennemis, je me construis dans l’adversité. »

« Moi, pas tellement, j’aime mieux la camaraderie. Vous n’auriez pas une autre liste ? Une liste de copains par exemple. »

« Non, moi j’aime mieux mes ennemis. Etre mon ennemi, c’est un honneur pour moi, ça veut dire que mon existence est prise en considération. Faites un effort. »

« Je vais avoir du mal à égaler Dugenou qui vous exècre. Lui, il vous a piquer vos dossiers et votre place de parking… »

« C’est vrai, je reconnais que Dugenou occupe solidement la première place de mes ennemis. Je suis très content de lui. Je peux lui tailler un costard à la cantine tous les midis. »

« Je n’aime pas faire des crasses aux autres. Je ne pourrais être en queue de peloton avec Josiane Martinet qui est sympa avec tout le monde ? »

« Martinet ? Vous vous rendez compte ? Elle fait tout ce que je lui demande. C’est fatigant ! Aucune révolte ! Rien ! Aucun mot plus haut que l’autre ! »

« Vous pourriez imaginer une liste des indifférents, c’est-à-dire des gens qui ne sont ni vos amis, ni vos ennemis. Je vous promets de me battre pour la première place. »

« Vous rigolez ! Il faut absolument que vous soyez d’un côté ou de l’autre ! Si je crée une liste des indifférents, tout le monde va se précipiter pour y figurer. »

« Oui, mais moi, je serai encore plus indifférent que les autres. Par exemple, je ferai comme si je ne nous voyais pas dans les couloirs. »

« Non, tout le monde serait ex-aequo sur ma liste. Tandis que mes meilleurs ennemis sont ciblés. Si je ne les identifie pas, comment vais-je pouvoir dire du mal d’eux autour de la machine à café ? »

« Moi, je suis désolé, vous êtes en très bonne position sur la liste de mes amis. Je vous aime bien ! »

« Comment ? Mais ça ne va pas du tout ! Vous ne pouvez pas être sur la liste de mes ennemis et moi sur la liste de vos amis, ça ne ressemble à rien ! »

« Désolé, vous venez de passer en seconde position sur la liste de mes amis, juste derrière Mollard ! Qu’est-ce que vous faites ce week-end, vous pourriez venir à notre barbecue, Josiane y tient beaucoup ! »

« Attention, votre invitation est extrêmement sympathique ! Vous allez perdre des places dans la liste de mes ennemis ! »

« Qu’est-ce que je pourrais faire pour me rattraper ? »

« Invitez Dugenou, mon principal ennemi, Je pourrais me disputer avec lui. Cela pourrait lui permettre de renforcer sa première place. Il se sent menacée par la mère Martin qui me traine dans la boue depuis que je lui ai piqué son armoire. »

Y’a du monde sur la colline

26 décembre, 2020

Coline doit monter sur la colline

Où Nathan l’attend,

Car Sofia est à Sofia

Et Océane sur l’océan.

Il aima Emma

Et les ananas d’Anna.

Voilà Rose avec une rose,

Mais non, c’est Manon.

Ça se gâte, voilà aussi Agathe 

Car Coline est partie avec Line.

Des frits

25 décembre, 2020

Dans le frimas,

La frimousse du mousse

Frisé

Frissonne.

C’est un fripon,

Une fripouille

Frivole

Et frileuse.

Rouspéter

24 décembre, 2020

« Vous êtes bougon, mon vieux. »

« C’est possible, j’aime bien râler. »

« Mais ça doit vous faire beaucoup de mal ! « 

« Non, pas du tout. Au contraire, je me sens vivant. D’ailleurs rouspéter, c’est dans notre culture. Comment voulez-vous vous affirmer si vous ne pouvez pas vous élever véhémentement contre quelque chose ou quelqu’un. »

« Oui, mais vous passez à côté de toutes les bonnes choses de la vie. Il y a de la beauté, de la générosité, des amitiés, etc. »

« Ah bon ? Les bonnes choses – s’il y en a – resteront ce qu’elles sont, tandis qu’on peut toujours espérer corriger les mauvaises. »

« Mais vous vous énervez contre des trucs auxquels vous ne pouvez rien. Vous n’allez pas me dire que vous pouvez changer le temps qu’il fait ? »

« Non, mais on peut changer le gouvernement. Ce qu’il fait ne me convient pas du tout. Donc je bougonne à qui mieux mieux. »

« Remarquez, c’est inévitable. Les gens élisent une majorité parlementaire en croyant changer la vie et un an plus tard, comme rien ne change, ils bougonnent. »

« Ah ! Vous voyez… Le peuple bougonne, donc comme je suis le peuple, je bougonne. »

« Tout cela va vous pourrir la vie mon pauvre. Soyez heureux, c’est la santé. »

« Je ne vais tout de même sourire béatement au chômage, à la baisse des revenus, aux problèmes de santé, à la difficulté de vivre ensemble… »

« Vous ne voulez pas adhérer à ma ligue anti-bougon ? »

« Qu’est-ce ? »

« C’est un club dans lequel il est obligatoire de considérer que tout va bien. Par exemple, on est content d’être au chômage, ce qui permet de réfléchir à une réorientation professionnelle plus satisfaisante. »

« Non, moi je fonderais plutôt un ligue anti-satisfaits pour combattre tous ceux qui trouvent que tout va bien. »

« En fait, je crois que le problème n’est pas de savoir si tout va bien ou tout va mal, le problème, c’est plutôt de survivre le plus paisiblement possible en accord avec soi-même. Donc vous allez arrêter de bougonner ! »

« Non, vous n’avez rien compris ! Ma nature profonde, c’est de bougonner, donc je bougonne. »

« On n’est pas sorti de l’auberge avec une mentalité comme la vôtre. »

« Si vous croyez que c’est facile la rouspétance. Il faut trouver des sujets et puis, il faut savoir se réinventer dans la rouspétance ! »

« Dans le fond, vous avez raison. S’il n’y avait pas de rouspéteurs en France, je m’inquiéterais. Vous êtes rassurant. »

« Bon, vous pouvez considérer que je rouspète contre ceux qui me trouvent rassurants ! »

Le mime et la Miss

23 décembre, 2020

A la mi-temps,

Le mime,

Ami

De l’Emir

Mire

La mine

Et les miches

De ma mie,

La Miss.

gestion municipale

22 décembre, 2020

« Bon, on va se faire une rocade ! »
« Mais monsieur le maire, nous n’avons rien à contourner ! »
« Alors, on va faire un rond-point à 6 branches ! Il faut permettre à nos gilets jaunes de se réunir ! Ne soyons pas mesquins, Dugenou. »
« Un rond-point en pleine ligne droite ? Et 6 branches pour aller où ? »
« Pour aller chez ma belle-mère, vous croyez que c’est facile d’y aller tous les dimanches à travers champs ? Les gamins râlent ! »
« Qu’est-ce qu’on met au milieu du rond-point ? »
« Je n’en sais rien, moi ! Ma photo ! Ou alors une statue un peu sexy ! Et puis, on pourrait faire un second rond-point partagé avec la commune voisine. Comme ça, on pourrait mutualiser nos gilets jaunes ! On mettrait une buvette au milieu ! »
« Euh… tout ça va nous coûter cher, monsieur le maire. »
« Bon, alors un petit bout d’autoroute entre la mairie et l’église avec une aire de stationnement à hauteur de la boulangerie ! Qu’est-ce que vous en pensez ? »
« Vous ne préférez pas un aéroport ? »
« Bon, alors faites-moi au moins une piste cyclable ! »
« Il n’y a plus que votre petit-fils qui fait du vélo. »
« Alors, on pourrait créer une entreprise qui pourrait envoyer tout et n’importe quoi, n’importe où, à des gens qui auraient commandé par Internet. »
« Euh… je crois que les américains y ont déjà pensé ! »
« On ne va tout de même pas implanter un club de strip-tease, Dugenou ! »
« C’est-à-dire que nous n’aurions personne pour s’y déshabiller, monsieur la maire ! »
« Et le HLM 5 étoiles que j’ai fait construire, j’espère qu’il attire du monde. Nous avons besoin de remplir notre école qui se meurt. »
« C’est-à-dire que compte-tenu du niveau des loyers, ce n’est plus vraiment un HLM, monsieur le maire. Quant à l’école, était-ce bien nécessaire de l’agrandir ? Il n’y a plus que votre gamin qui vient de tripler son CM2. »
« Bon, j’y suis : on va faire une déchetterie, avec recyclage automatique des déchets ! »
« Les gens préfèrent faire du compost pour leur jardin, monsieur le maire. »
« Pfff… alors qu’est-ce qu’on fait de la taxe payée par la centrale nucléaire qui vient de s’ouvrir chez nous, Dugenou ? On a déjà douze photocopieurs et quatre voitures de fonction à la mairie pour la seule madame Boudingrin ! »
« On pourrait remettre des poteaux indicateurs. On les avait tous enlevés en 44 pour embrouiller les Allemands ! »
« C’est vrai ! Mais ils ne sont jamais passés par là ! »

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