Archive pour novembre, 2020

A table !

20 novembre, 2020

La table

Du notable

Sur le sable

N’est pas stable.

Ce n’est pas fiable

Ni durable

Ni valable.

Diable !

Quelle fable !

La rocade

19 novembre, 2020

« Bon, on va se faire une rocade ! »

« Mais monsieur le maire, nous n’avons rien à contourner ! »

« Alors, on va faire un rond-point à 6 branches ! Il faut permettre à nos gilets jaunes de se réunir ! Ne soyons pas mesquins, Dugenou. »

« Un rond-point en pleine ligne droite ? Et 6 branches pour aller où ? »

« Pour aller chez ma belle-mère, vous croyez que c’est facile d’y aller tous les dimanches à travers champs ? Les gamins râlent ! »

« Qu’est-ce qu’on met au milieu du rond-point ? »

« Je n’en sais rien, moi ! Ma photo ! Ou alors une statue un peu sexy ! Et puis, on pourrait faire un second rond-point partagé avec la commune voisine. Comme ça, on pourrait mutualiser nos gilets jaunes ! On mettrait une buvette au milieu ! »

« Euh… tout ça va nous coûter cher, monsieur le maire. »

« Bon, alors un petit bout d’autoroute entre la mairie et l’église avec une aire de stationnement à hauteur de la boulangerie ! Qu’est-ce que vous en pensez ? »

« Vous ne préférez pas un aéroport ? »

« Bon, alors faites-moi au moins une piste cyclable ! »

« Il n’y a plus que votre petit-fils qui fait du vélo. »

« Alors, on pourrait créer une entreprise qui pourrait envoyer tout et n’importe quoi, n’importe où, à des gens qui auraient commandé par Internet. »

« Euh… je crois que les américains y ont déjà pensé ! »

« On ne va tout de même pas implanter un club de strip-tease, Dugenou ! »

« C’est-à-dire que nous n’aurions personne pour s’y déshabiller, monsieur la maire ! »

« Et le HLM 5 étoiles que j’ai fait construire, j’espère qu’il attire du monde. Nous avons besoin de remplir notre école qui se meurt. »

« C’est-à-dire que compte-tenu du niveau des loyers, ce n’est plus vraiment un HLM, monsieur le maire. Quant à l’école, était-ce bien nécessaire de l’agrandir ? Il n’y a plus que votre gamin qui vient de tripler son CM2. »

« Bon, j’y suis : on va faire une déchetterie, avec recyclage automatique des déchets ! »

« Les gens préfèrent faire du compost pour leur jardin, monsieur le maire. »

« Pfff… alors qu’est-ce qu’on fait de la taxe payée par la centrale nucléaire qui vient de s’ouvrir chez nous, Dugenou ? On a déjà douze photocopieurs et quatre voitures de fonction à la mairie pour la seule madame Boudingrin ! »

« On pourrait remettre des poteaux indicateurs. On les avait tous enlevés en 44 pour embrouiller les Allemands ! »

« C’est vrai ! Mais ils ne sont jamais passés par là ! »

Go ! go ! go !

18 novembre, 2020

Au Togo

Margot

Danse un tango

Rigolo

Avec un gogo

Qui vient du Congo

Avec un magot,

Des lingots

Et des mégots.

Leçon de vocabulaire : souffler

17 novembre, 2020

« Parlons du verbe souffler, maître. »

« Bonne idée, élève. Le verbe souffler a quelque chose à voir avec la vie. Quand on dit de quelqu’un qu’il a expiré son dernier souffle sur son lit de mort, c’est qu’il en a émis beaucoup d’autres avant l’ultime. »

« Le verbe souffler présente quelque chose de salvateur. Par le nez ou par la bouche nous expulsons tous les miasmes emmagasinés par notre organisme. »

« Notons une amusante contradiction, élève. Lorsque vous faites un effort violent, on dit que vous soufflez beaucoup, mais dès que vous faites une pause, on affirme que vous soufflez aussi. »

« En effet, c’est tout à fait hilarant, maître. »

« Revenons à l’aspect vital du souffle. Pour qu’il y ait souffle, il faut qu’il y ait de l’air, comme dans le soufflet du forgeron. »

« Oui, en fait, il y a souffle dès que l’air est remué. Par exemple, le vent souffle. Et si je vous donne un soufflet, maître, ça provoque un courant d’air. »

« D’abord, vous n’avez pas à frapper votre maître, élève. Ensuite, si vous me souffletez, je me reculerai vivement de telle sorte que nous pourrons dire que vous m’avez manqué d’un souffle. N’y aurait-il pas là une anecdote désopilante ? »

« Tout à fait, maître. Vous venez de mettre en évidence le caractère multidimensionnel du souffle. On peut dire que le vent a soufflé fort dans la vallée, mais on peut dire que le vieillard a murmuré quelque chose dans un souffle. »

« Insistons sur ce point, élève. L’action du souffle est étonnante : la tornade peut ravager un paysage. Mais le souffle peut émettre un bruit tellement tenu qu’on ne l’entend pas. Par exemple, on peut dire que ma conscience m’a soufflé de bien me conduire. »

« Maître, n’oublions pas les sens dérivés du mot. Accompagné d’un complément d’objet direct, le verbe souffler peut prendre des significations très divertissantes. Ainsi, si je vous souffle votre portefeuille, vous allez être très embêté. »

« Oui, je ressentirai sans doute un souffle de colère me monter aux lèvres. J’irai jusqu’à vous dire que vous ne manquez pas de souffle. »

« Notons également, que souffler peut avoir des connotations positives. Si vous chantez bien mieux que ce que j’imagine, je peux vous affirmer que je serai soufflé par votre talent. »

« N’oublions pas les expressions méconnues qui pourraient prendre ombrage du fait que nous ne les mentionnons pas. »

« Oui, mentionnons par exemple que le soufflet est une partie essentielle de l’accordéon. L’accordéon est un instrument de musique d’une grande gaieté qui a réjouit un bon nombre de nos bals populaires. Nous pourrions en parler prochainement. »

« Et le soufflet du train ou de l’autobus articulé dans lequel je suis obligé de souffrir quand le véhicule est bondé, pourquoi ne pas le dire ? »

« Si vous voulez, élève. Mais reconnaissons que votre situation dans les transports en commun est moins intéressante à conter que l’aspect appétissant du soufflé de la ménagère. »

« Vous avez raison, maître, passons à la table ! »

Le bagnard et le grognard

16 novembre, 2020

Le bagnard

Montagnard

Et le grognard

Campagnard,

Geignard

Et ignare

Jouent du poignard.

Quels charognards !

Les cloches

15 novembre, 2020

La cloche Géraldine domine le clocher du village, juste en dessous de Fernand, le coq, qui surveille les environs d’un air impérieux et martial.

Géraldine dit à sa voisine Mouchette :

« Vous ne résonnez plus, chère amie ? Comment se fait-il ? »

« Depuis que mon père et mon grand-père ont appelé les hommes à la guerre, je suis un peu traumatisée. Cela ne m’évoque pas de bons souvenirs. »

« C’est le passé, n’en parlons plus ! »

« Et quand il nous faut sonner le glas, vous trouvez ça drôle ? Moi je n’en peux plus ! »

« Mais nous pouvons aussi joyeusement carillonner pour la fête de la musique par exemple ou pour annoncer le baptême d’un nouveau-né. »

« Vous avez raison Géraldine ! Je suis un peu déprimé pour le moment, il faut dire que mes voisines Juliette et Antoinette ne m’aident pas. »

« Qu’est-ce qui leur prend, Juliette et Antoinette ? »

« Elles sont devenues complètement fêlées, elles sonnent les heures au quart et les demi-heures à vingt-cinq ! Monsieur le curé n’est guère content. »

« Si ça se trouve, elles vont appeler à la mobilisation générale. Nous aurions l’air malines : personne ne nous a déclaré la guerre. »

« Bon, n’est-ce pas le moment de sonner l’Angelus ? Du coup, je ne sais plus quelle heure il est. »

« 17  heures 57. »

« Cette fois je vais essayer de résonner correctement. « 

« Trois tintements légers et une volée, ce n’est pas compliqué. Ne confondez pas avec le tocsin qui alerte la population d’un danger imminent. Ne mettons pas monsieur le curé en rogne. »

« Remarquez que maintenant les gens sont avertis pas SMS. »

« Ne dénigrons pas la tradition. C’est autour du clocher du village que les hommes et les femmes se regroupent pour la prière ou pour trouver du renfort. »

« Vous savez que ce n’est plus monsieur le bedeau qui nous sonne les cloches, l’électronique a pris le dessus. »

« C’est nettement moins pittoresque, mais parfois ça tombe en panne. Monsieur le curé a dû se retrousser les manches et tirer sur la corde la semaine dernière. »

« Après cet effort, il est allé se taper la cloche ! Ha ! Ha ! Je plaisante, c’est de l’humour de cloche ! »

« Soyons sérieuses, les mariés arrivent. Vous vous rappelez quelle est la volée à employer ?  Il faudrait que vos voisines se réveillent un peu ! »

« Il y a longtemps qu’elles n’ont rien sonné. Pourvu qu’elles ne nous sonnent pas la messe de minuit ! Un 24 juin ! »

« N’importe ! Qu’elles sonnent quelque chose, les gens n’y connaissent rien ! »

L’exploit de ma bru

14 novembre, 2020

Qui l’eût cru ?

Dans la rue,

Vers la grue,

Dans l’herbe drue,

Ma bru

Monte à cru

Une grue

Au plumage écru.

L’exploit de ma bru

14 novembre, 2020

Qui l’eût cru ?

Dans la rue,

Vers la grue,

Dans l’herbe drue,

Ma bru

Monte à cru

Une grue

Au plumage écru.

L’oncle du maton

13 novembre, 2020

Avec le tonton

Du maton,

Le planton,

Et  Caton,

Qui chasse les ratons

Avec son bâton,

Nous nous hâtons

A tâtons.

Se parler

12 novembre, 2020

« Il faut parler. »

« Qu’est-ce que vous croyez que je fais avec ma bouche ? »

« Vous ne parlez pas. Si on enlève : bonjour, comment ça va ? » ou alors « Qu’est-ce qu’on mange à la cantine ? », ou alors « T’as vu le match, hier soir », vous ne dites pas grand-chose. »

« Et vous ! Vous parlez tellement vite qu’on ne comprend rien de ce que vous dites, c’est un vrai galimatias. »

« Bon… je vois bien que vous ne m’aimez pas puisque vous ne me parlez pas. »

« Ce n’est pas le problème. Le problème, c’est que je ne comprends pas trop ce que vous dites et que – pour ce que je comprends – ce n’est pas très intéressant. »

« C’est-à-dire que je suis obligé de proférer des banalités pour répondre à vos banalités, si vous croyez que ça m’amuse. »

« Je vous dis le minimum vital, parce que sinon vous êtes tellement pressé de donner votre avis que vous allez me couper la parole. Quelle arrogance ! »

« Vous parlez trop lentement, c’est extrêmement agaçant pour vos interlocuteurs. »

« Et alors ? Ça vous arrive de réfléchir avant de parler ? Et puis si vous pouviez ne pas finir mes phrases ce serait sympa. »

« Il faut apprendre à synthétiser. »

« Votre pensée est tellement synthétisée qu’elle est vidée de tout contenu ! » 

« Peut-être qu’il n’y a pas grand-chose, mais il y a l’essentiel. Vous, votre pensée est tellement diluée dans un verbiage trop long qu’on ne sait même plus ce que vous pensez. »

« Je ne sais même pas pourquoi je vous parle. »

« C’est bien le problème ! Quand on parle à quelqu’un, il faut s’assurer qu’il soit en situation de comprendre ce que vous dites. »

« J’en étais sûr : si vous ne comprenez rien, ça va être de ma faute. »

« Calmez-vous ! Finalement, moi aussi je me demande pourquoi je vous parle ! Nous ne sommes d’accord sur rien, même pas sur la manière de nous parler. »

« Eh bien, faites un effort, parlez-moi quand même, sinon comment vais-je pouvoir démontrer la pertinence de mes thèses et ma hauteur de vue ? »

« Vous n’acceptez jamais d’avoir tort, c’est une raison de plus pour ne pas vous parler car vous êtes de mauvaise foi ! »

« Méfiez-vous si vous persistez, je vais aller parler à Dugenou ! »

« C’est une bonne idée ! Si jamais vous dites quelque chose d’intéressant, Dugenou m’avertira. Moi, je lui dirai ce que j’en pense. »

« Est-on sûr que Dugenou parle normalement ? Ni trop rapidement, ni trop vite ? Dit-il des choses sensées ou des banalités ? Interprète-t-il correctement ma pensée ? »

« Vous avez raison, il faudrait plutôt parler à Mollard. Il répète bêtement ce qu’on lui dit ! »

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