Leçon de vocabulaire : souffler
17 novembre, 2020« Parlons du verbe souffler, maître. »
« Bonne idée, élève. Le verbe souffler a quelque chose à voir avec la vie. Quand on dit de quelqu’un qu’il a expiré son dernier souffle sur son lit de mort, c’est qu’il en a émis beaucoup d’autres avant l’ultime. »
« Le verbe souffler présente quelque chose de salvateur. Par le nez ou par la bouche nous expulsons tous les miasmes emmagasinés par notre organisme. »
« Notons une amusante contradiction, élève. Lorsque vous faites un effort violent, on dit que vous soufflez beaucoup, mais dès que vous faites une pause, on affirme que vous soufflez aussi. »
« En effet, c’est tout à fait hilarant, maître. »
« Revenons à l’aspect vital du souffle. Pour qu’il y ait souffle, il faut qu’il y ait de l’air, comme dans le soufflet du forgeron. »
« Oui, en fait, il y a souffle dès que l’air est remué. Par exemple, le vent souffle. Et si je vous donne un soufflet, maître, ça provoque un courant d’air. »
« D’abord, vous n’avez pas à frapper votre maître, élève. Ensuite, si vous me souffletez, je me reculerai vivement de telle sorte que nous pourrons dire que vous m’avez manqué d’un souffle. N’y aurait-il pas là une anecdote désopilante ? »
« Tout à fait, maître. Vous venez de mettre en évidence le caractère multidimensionnel du souffle. On peut dire que le vent a soufflé fort dans la vallée, mais on peut dire que le vieillard a murmuré quelque chose dans un souffle. »
« Insistons sur ce point, élève. L’action du souffle est étonnante : la tornade peut ravager un paysage. Mais le souffle peut émettre un bruit tellement tenu qu’on ne l’entend pas. Par exemple, on peut dire que ma conscience m’a soufflé de bien me conduire. »
« Maître, n’oublions pas les sens dérivés du mot. Accompagné d’un complément d’objet direct, le verbe souffler peut prendre des significations très divertissantes. Ainsi, si je vous souffle votre portefeuille, vous allez être très embêté. »
« Oui, je ressentirai sans doute un souffle de colère me monter aux lèvres. J’irai jusqu’à vous dire que vous ne manquez pas de souffle. »
« Notons également, que souffler peut avoir des connotations positives. Si vous chantez bien mieux que ce que j’imagine, je peux vous affirmer que je serai soufflé par votre talent. »
« N’oublions pas les expressions méconnues qui pourraient prendre ombrage du fait que nous ne les mentionnons pas. »
« Oui, mentionnons par exemple que le soufflet est une partie essentielle de l’accordéon. L’accordéon est un instrument de musique d’une grande gaieté qui a réjouit un bon nombre de nos bals populaires. Nous pourrions en parler prochainement. »
« Et le soufflet du train ou de l’autobus articulé dans lequel je suis obligé de souffrir quand le véhicule est bondé, pourquoi ne pas le dire ? »
« Si vous voulez, élève. Mais reconnaissons que votre situation dans les transports en commun est moins intéressante à conter que l’aspect appétissant du soufflé de la ménagère. »
« Vous avez raison, maître, passons à la table ! »