Archive pour novembre, 2020
Le peigne
29 novembre, 2020« Après le porte-manteau, voici un objet quotidien et éternel qui survivra à notre modeste civilisation : le peigne ! »
« Vous avez raison, maître, les hommes auront tous besoin d’un peigne, sauf si nous assistons à l’avènement d’une civilisation de chauves. »
« Ce serait bien étonnant, élève. Les marchands de soupe se donnent un mal de chien pour inventer le shampooing qui fait repousser les cheveux ! »
« Il est vrai qu’en l’an 3000, même si les hommes adoptent la calvitie, on voit mal les femmes en faire autant. Elles auront toujours besoin de tripoter leurs mèches de cheveux avec des gestes charmants ou de faire bouger leur chevelure avec des mouvements de tête gracieux. »
« On me dira qu’il y aura toujours des brosses à cheveux, mais elles n’ont pas le même usage que le peigne qui permet de travailler la chevelure dans le détail. »
« On peut se demander pourquoi les êtres humains attachent tant d’importance au fait de se promener avec des cheveux parfaitement ordonnés. »
« N’oublions pas que la chevelure entre pour au moins 50 % dans la beauté du visage. Le paradoxe, c’est que cela vaut aussi pour les chauves. »
« L’autre paradoxe, c’est que certains coiffeurs ont inventé le style ébouriffé ou sorti de douche. Comme quoi, on peut trouver de l’harmonie dans le désordre. C’est une leçon pour les philosophes. L’ordre n’est pas un critère de beauté. »
« Pour revenir au peigne, je ne vois pas bien par quoi on pourra le remplacer. Inventera-t-on le peigne connecté qui fonctionne tout seul ? Je serais curieux de voir ça ! Vous pourriez alors avoir un peigne qui se promène tout seul dans votre chevelure. Voilà qui doit faire un drôle d’effet. »
« Ne nous inquiétons pas, on aura toujours besoin de peignes chez soi et même de plusieurs. Il est important d’avoir un peigne remplaçant pour le cas où le titulaire perd des dents. C’est le genre d’objets qu’on égare facilement comme les trousseaux de clé. »
« Il reste peut-être à inventer le truc qui nettoie les peignes correctement. Le mien collecte toutes sortes de cheveux que j’ai de la peine à enlever. »
« Et il faudrait aussi trouver le peigne qui défait les nœuds dans les cheveux sans faire hurler de douleur leur propriétaire. Ce ne serait pas mal. »
« Les fabricants ont encore une marge de progrès considérable. »
« Et les coiffeurs ont une longue vie devant eux. Personne ne pourra remplacer les artistes capillaires. Coiffeur fait partie des métiers indispensables, juste après les paysans qui nourrissent et les infirmières qui soignent. »
« D’autant plus qu’ils ont aussi une fonction sociale. Dans un salon de coiffure, on raconte facilement sa vie. Quand on est coincé sur le fauteuil, on est bien obligé de raconter quelque chose. Les coiffeurs sont-ils les curés d’aujourd’hui ? »
« Il est vrai que lorsque Josiane sort de chez son coiffeur, elle se sent une autre femme, comme si elle venait de recevoir l’absolution de tous ses péchés ! »
« A propos, je vous fais la raie à gauche ou à droite ? »
« C’est politique ? Non, je rigole ! Faites comme d’habitude, je n’aime pas changer de tête ! »
Une fripouille
28 novembre, 2020C’est le pied !
27 novembre, 2020Tout devient payant !
26 novembre, 2020« Vous avez remarqué ? »
« Quoi encore ? »
« Tout ce qu’on construit, immeubles, maisons, magasins ou autres… a un aspect cubique ou parrallélipédique ! »
« Evidemment, c’est beaucoup moins cher que construire des fioritures. »
« Je propose de remercier les bâtisseurs de nos cathédrales qui ont montré qu’une autre architecture est possible. Quelle abnégation pour consacrer plusieurs années à un même édifice ! Ils n’avaient pas d’exigence de rentabilité, eux ! »
« Et puis, ils ne gâchaient pas la qualité. En général, il y a de splendides vitraux à l’intérieur du bâtiment. »
« Tout cela élevait l’âme. Comment voulez-vous vous sentir mystique aujourd’hui dans nos petits cubes ? Il y a une espèce de consubstantialité entre l’âme des hommes et l’architecture dans laquelle ils vivent. Petit style du bâtiment, homme mesquin. »
« Oui, moi je suis obligé de compter sur le style de mon fauteuil pour me consacrer à la réflexion métaphysique. C’est lamentable… »
« Moi, je voudrais accoler à ma maison une tourelle, une sorte de belvédère comme dans le temps… pour avoir vue sur l’environnement… »
« C’est-à-dire que vous n’allez pas avoir vue sur grand-chose à part la cour du voisin. »
« Eh voilà ! C’est l’autre problème. Non seulement votre maison n’a plus de style, mais elle devient petite et sise sur un petit terrain. »
« Encore une question de fric quoi ! Moi j’aimerais une vingtaine d’hectares. Chaque matin, je ferais le tour de mon domaine à cheval, les cheveux au vent. »
« Oui, il vous faudrait juste acheter un cheval, savoir le monter, l’entretenir, savoir le monter, recruter un palefrenier… On n’en sort pas. »
« Le romantisme est hors de prix, aujourd’hui. Pourtant ouvrir son balcon le matin, admirer la brume qui flotte sur votre étang et qui lézarde entre vos sapins… en attendant la lumière du jour qui illuminera le paysage… Ce serait une vision qui soulagerait beaucoup de nos maux modernes ! »
« Vous avez raison ! Pour le moment j’ouvre mes volets sur le camion poubelle et les éboueurs en pleine action. »
« Nous sommes passés sans le savoir d’une civilisation romantique à une société utilitariste. L’harmonie de la vie, de la nature, des formes et des couleurs, ce n’est pas utile… »
« Oui, pour y accéder, il faut les vacances et encore à condition de ne pas se précipiter sur une plage bondée de monde. »
« Et puis, il faut payer votre agence de voyage. Vous ne croyez tout de même pas qu’on va vous faire cadeau du Grand Canyon ou même des gorges du Verdon. »
« C’est ça le problème. Même la beauté devient une sorte de chose qui fait l’objet d’un marché. L’entrée dans nos églises va devenir payante. Peut-être est-ce déjà fait. »
C’est de l’or
25 novembre, 2020Beauté divine !
24 novembre, 2020« Vous avez remarqué ? »
« Quoi encore ? »
« Tout ce qu’on construit, immeubles, maisons, magasins ou autres… a un aspect cubique ou parrallélipédique ! »
« Evidemment, c’est beaucoup moins cher que construire des fioritures. »
« Je propose de remercier les bâtisseurs de nos cathédrales qui ont montré qu’une autre architecture est possible. Quelle abnégation pour consacrer plusieurs années à un même édifice ! Ils n’avaient pas d’exigence de rentabilité, eux ! »
« Et puis, ils ne gâchaient pas la qualité. En général, il y a de splendides vitraux à l’intérieur du bâtiment. »
« Tout cela élevait l’âme. Comment voulez-vous vous sentir mystique aujourd’hui dans nos petits cubes ? Il y a une espèce de consubstantialité entre l’âme des hommes et l’architecture dans laquelle y vivre. Petit style du bâtiment, homme mesquin. »
« Oui, moi je suis obligé de compter sur le style de mon fauteuil pour me consacrer à la réflexion métaphysique. C’est lamentable… »
« Moi, je voudrais accoler à ma maison une tourelle, une sorte de belvédère comme dans le temps… pour avoir vue sur l’environnement… »
« C’est-à-dire que vous n’allez pas avoir vue sur grand-chose à part la cour du voisin. »
« Eh voilà ! C’est l’autre problème. Non seulement votre maison n’a plus de style, mais elle devient petite et sise sur un petit terrain. »
« Encore une question de fric quoi ! Moi j’aimerais une vingtaine d’hectares. Chaque matin, je ferais le tour de mon domaine à cheval, les cheveux au vent. »
« Oui, il vous faudrait juste acheter un cheval, savoir le monter, l’entretenir, savoir le monter, recruter un palefrenier… On n’en sort pas. »
« Le romantisme est hors de prix, aujourd’hui. Pourtant ouvrir son balcon le matin, admirer la brume qui flotte sur votre étang et qui lézarde entre vos sapins… en attendant la lumière du jour qui illuminera le paysage… Ce serait une vision qui soulagerait beaucoup de nos maux modernes ! »
« Vous avez raison ! Pour le moment j’ouvre mes volets sur le camion poubelle et les éboueurs en pleine action. »
« Nous sommes passés sans le savoir d’une civilisation romantique à une société utilitariste. L’harmonie de la vie, de la nature, des formes et des couleurs, ce n’est pas utile… »
« Oui, pour y accéder, il faut les vacances et encore à condition de ne pas se précipiter sur une plage bondée de monde. »
« Et puis, il faut payer votre agence de voyage. Vous ne croyez tout de même pas qu’on va vous faire cadeau du Grand Canyon ou même des gorges du Verdon. »
« C’est ça le problème. Même la beauté devient une sorte de chose qui fait l’objet d’un marché. L’entrée dans nos églises va devenir payante. Peut-être est-ce déjà fait. »
L’histoire du loup de Lou
23 novembre, 2020Le recul
22 novembre, 2020« Il faut savoir reculer. »
« Oui maître ! Moi j’aime bien reculer devant le travail. »
« Je n’ai pas dit qu’il fallait procrastiner. Lorsqu’on a du boulot, il faut se retrousser les manches et le prendre à bras le corps, élève. J’ai dit qu’il fallait savoir prendre du recul pour mieux mesurer une situation. Ainsi, il faut faire quelques pas en arrière, pour mieux apprécier la qualité d’un tableau de maître. La lecture vous permet aussi de prendre du recul ou, au moins, de profiter du recul pris par l’auteur sur les circonstances de la vie. »
« C’est d’une grande sagesse. En reculant, on peut analyser l’ensemble d’un problème sans se perdre dans les détails. C’est effectivement le cas dans le domaine artistique. Si vous avez le nez collé sur une œuvre impressionniste, vous ne voyez que des taches ! »
« C’est exact, élève. Les attitudes rigides ne sont pas les plus efficaces. Souvenons-nous de la fable du chêne et du roseau : c’est celui qui plie qui gagne ! Et celui qui fait son malin en restant droit comme un i, il en prend pour son grade ! »
« Vous avez raison une fois de plus, maître. Le recul est une bonne stratégie. Dans une bataille, en reculant, on met l’ennemi en confiance. Il est tenté de s’avancer imprudemment et là, paf ! On surgit sur lui. En quelque sorte, il faut savoir feindre la lâcheté et la peur pour mieux démontrer sa force et son courage ! »
« D’autant plus facilement qu’en reculant, vous aurez pris soin de l’attirer sur un terrain favorable pour vous. Par exemple, en l’attendant en haut d’une pente. Vous pourrez alors dévaler la pente et fondre sur votre adversaire qui s’essoufflera à la grimper ! »
« C’est d’une grande habileté. On peut même fuir le combat en courant de telle façon que les adversaires ne vous rattrapent qu’en ordre dispersé, ce qui permet d’équilibrer les forces. N’oublions pas l’astuce d’Horace contre les Curiaces. »
« Oui, c’était une fine stratégie. Il fallait oser. Globalement reculer est toujours favorable, ça permet de prendre de l’élan. Même les animaux le savent. Un proverbe africain le dit : le bélier recule toujours avant de sauter ! »
« D’accord, mais enfin il ne faut pas que le recul soit définitif, si c’est le cas, on s’enfuie. »
« Vous avez raison quand Napoléon dit : en amour, la seule victoire, c’est la fuite, je m’insurge !! »
« Le vrai recul, celui qui ne se traduit pas par une fuite définitive est en général favorable. N’oublions pas qu’il peut exister des exceptions. Ainsi quand je dis que la bourse recule, je me fais du souci pour mon argent ! Restons vigilants ! »
« Oui, et puis n’oublions pas non plus qu’une fois que l’on a reculé, il faut avancer. »
« Très juste, élève ! Le plus important, c’est de ne pas confondre recul et lâcheté. Je pense d’ailleurs rédiger une grande Charte Nationale du Recul. »
« Ce serait une initiative utile à tout le monde, maître. »
« En conclusion de ce sympathique colloque, je dirai que le recul est un bien précieux. Il faut toujours se réserver la possibilité de reculer et ne jamais se croire à l’abri quand on se met dans une impasse. »
« Oui, c’est agréable de discuter avec vous, maître. Je trouve qu’ensemble, nous avons pris beaucoup de recul sur le recul ! »