Tous des réalisateurs !
27 octobre, 2020« Je réalise »
« Vous réalisez quoi ? »
« Je veux dire que j’aime bien passer de l’imaginaire au réel. Par exemple, je dessine les plans d’un meuble, ensuite je le construis. Le moment où il apparait quelque chose là où il n’y avait rien, c’est absolument fascinant. »
« Finalement, vous vous prenez pour le Créateur. »
« Non, mais je m’en rapproche. L’Homme consacre sa vie à se rapprocher des divinités, vous n’avez pas remarqué ? »
« Si, mais il a du mal. Quand vous voyez toute la misère du monde… L’Homme ne se débrouille pas très bien. Il y a une marge de progrès. »
« Il n’empêche… J’aime bien réaliser des trucs. Ne serait-ce qu’un plat de cuisine. Réaliser un excellent gratin de nouilles, c’est déjà un acte créateur qui me remplit d’aise. »
« Je comprends, moi c’est la répétitivité qui me fatigue. Prendre le même chemin, chaque matin, pour aller au boulot, c’est un peu déprimant. »
« Si chaque travailleur disposait d’un espace de création, il est certain qu’il se lèverait de meilleure humeur et serait plus compétitif. »
« C’est la routine qui nous détruit. Ceci dit je ne suis pas sûr que mon patron soit d’accord pour que je me mette à faire un gratin de macaronis chaque fois que j’arrive au boulot. »
« Quand on y réfléchit, la seule chose que les robots ne peuvent pas encore remplacer, c’est l’imagination humaine. Encore faut-il la cultiver. »
« J’ai une idée. Samedi prochain, au lieu de me lever pour accompagner Josiane au marché, je vais briser la routine en restant au lit. Et j’en profiterai pour imaginer ce que je vais créer. Par exemple, je pourrais inventer le fauteuil qui masse le dos. »
« Euh… je crois que ça existe déjà. »
« Et voilà, c’est le problème. Comment inventer des choses qui n’existe pas ? On ne peut pas découvrir l’Amérique tous les jours. »
« Ne va-t-on pas vers un monde dans lequel tout existe et dans lequel il ne reste plus rien à imaginer et à créer ? Nous ne serions pas loin de la fin ! »
« Pas de pessimisme, il nous restera toujours la création artistique. La société du 24e siècle sera composé des prêtres chargés d’élever l’âme des hommes et des artistes qui auront pour travail d’inspirer leur imagination. »
« Vous voyez loin ! A mon avis, il faudra toujours des agriculteurs qui produisent de la nourriture, des éducateurs qui éduquent, des soignants qui soignent. »
« D’accord, mais l’Homme aura mangé à sa faim, qu’il sera éduqué et en bonne santé, il faudra qu’il se rende heureux en réalisant quelque chose de positif. »
« Comme tout aura été inventé, il ne lui restera qu’à versifier ou alors à peindre. Ou alors à sculpter. Ce sera la revanche des artistes. »
« Bon, ce n’est pas tout ça, il faut aller au boulot. Vous reprenez un verre ? »