Archive pour octobre, 2020
On tourne en rond
30 octobre, 2020Le niveau de l’âne
29 octobre, 2020« Il faut une carotte pour les ânes, un hameçon pour les poissons et de l’argent pour les hommes et les femmes. Ainsi avance le monde. »
« Vous exagérez, cher ami. Si vous me tendez 1000 dollars, je ne les prendrai pas si je n’approuve pas la contrepartie. »
« C’est vrai ! Par rapport à l’âne qui avance pour une carotte ou le poisson qui mord ce qui est au bout de l’hameçon, l’Homme possède une vertu supplémentaire qui lui interdit d’accepter n’importe quoi : sa dignité ! »
« C’est pour ça qu’il est plus compliqué de gérer un groupe d’humains qu’un troupeau d’ânes. »
« Vous vous rendez compte du problème qui nous serait posé si les ânes commençaient à aimer autre chose que des carottes. »
« Ce ne serait pas pire qu’un monde dans lequel les hommes ne s’intéresseraient plus à l’argent. »
« Moi, je pense que ce ne serait pas si mal que ça. L’argent leur sert à se comparer les uns aux autres. Si l’intérêt pour l’argent disparait, plus de supérieur, plus d’inférieur. »
« Euh… certes, mais les humains voudront se distinguer les uns des autres. Moi, je ne voudrais pas avoir la même voiture que vous. Donc il me faudra un peu plus d’argent que vous. La même voiture pour tout le monde, il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes. »
« En fait, ce n’est pas tellement l’argent le problème, c’est le sentiment de cupidité qui nous rapproche de l’âne ou du poisson rouge. »
« Ce qui nous distingue du règne animal, c’est que nous savons habillé nos sentiments. Si j’aime l’argent, je sais qu’il me faudra travailler davantage. Le travail c’est noble. »
« Vous avez raison. Si vous voulez une aussi belle situation que moi, je vous dirai que vous êtes jaloux et vous vous direz que vous avez de l’ambition. Ce sont les mots qui nous distinguent de l’âne qui ne comprend que le vocabulaire de la trique. »
« Vous vous rendez compte du bazar si les ânes savaient parler ! »
« Je pense que ce sont les humains qui se rapprochent de l’âne. Quand j’entends nos gamins s’exprimer par onomatopées ou grognements, je crains que leur vocabulaire se rétracte comme neige au soleil. »
« En plus, je crois que le système de carotte fonctionne de mieux en mieux pour les humains. Vous avez Dugenou ? Pour 1000 euros, il a accepté de faire le père Noel pour la fête de l’entreprise, alors qu’il a horreur des enfants ! »
« Finalement, c‘est sûr : nous rejoignons peu à peu le niveau de l’âne. »
« Tout à fait, il suffit d’observer les membres d’une famille moyenne regarder le poste de télévision, ils ont tous le regard béat de l’âne mastiquant sa pitance devant sa mangeoire. »
« Bon, je fais une hypothèse : nous supprimons l’argent pour supprimer la cupidité et nous arrêtons la télé pour supprimer la bêtise. Nous redevenons des Hommes »
«Non, il reste l’excès d’alcool qui est justement l’indice que le consommateur tente d’échapper à sa condition d’humain et de se rapprocher du comportement désinhibé donc instinctif de l’âne. Donc il faut aussi supprimer l’alcool pour que personne ne nous confonde avec l’âne.»
Un sympathique ardèchois
28 octobre, 2020Tous des réalisateurs !
27 octobre, 2020« Je réalise »
« Vous réalisez quoi ? »
« Je veux dire que j’aime bien passer de l’imaginaire au réel. Par exemple, je dessine les plans d’un meuble, ensuite je le construis. Le moment où il apparait quelque chose là où il n’y avait rien, c’est absolument fascinant. »
« Finalement, vous vous prenez pour le Créateur. »
« Non, mais je m’en rapproche. L’Homme consacre sa vie à se rapprocher des divinités, vous n’avez pas remarqué ? »
« Si, mais il a du mal. Quand vous voyez toute la misère du monde… L’Homme ne se débrouille pas très bien. Il y a une marge de progrès. »
« Il n’empêche… J’aime bien réaliser des trucs. Ne serait-ce qu’un plat de cuisine. Réaliser un excellent gratin de nouilles, c’est déjà un acte créateur qui me remplit d’aise. »
« Je comprends, moi c’est la répétitivité qui me fatigue. Prendre le même chemin, chaque matin, pour aller au boulot, c’est un peu déprimant. »
« Si chaque travailleur disposait d’un espace de création, il est certain qu’il se lèverait de meilleure humeur et serait plus compétitif. »
« C’est la routine qui nous détruit. Ceci dit je ne suis pas sûr que mon patron soit d’accord pour que je me mette à faire un gratin de macaronis chaque fois que j’arrive au boulot. »
« Quand on y réfléchit, la seule chose que les robots ne peuvent pas encore remplacer, c’est l’imagination humaine. Encore faut-il la cultiver. »
« J’ai une idée. Samedi prochain, au lieu de me lever pour accompagner Josiane au marché, je vais briser la routine en restant au lit. Et j’en profiterai pour imaginer ce que je vais créer. Par exemple, je pourrais inventer le fauteuil qui masse le dos. »
« Euh… je crois que ça existe déjà. »
« Et voilà, c’est le problème. Comment inventer des choses qui n’existe pas ? On ne peut pas découvrir l’Amérique tous les jours. »
« Ne va-t-on pas vers un monde dans lequel tout existe et dans lequel il ne reste plus rien à imaginer et à créer ? Nous ne serions pas loin de la fin ! »
« Pas de pessimisme, il nous restera toujours la création artistique. La société du 24e siècle sera composé des prêtres chargés d’élever l’âme des hommes et des artistes qui auront pour travail d’inspirer leur imagination. »
« Vous voyez loin ! A mon avis, il faudra toujours des agriculteurs qui produisent de la nourriture, des éducateurs qui éduquent, des soignants qui soignent. »
« D’accord, mais l’Homme aura mangé à sa faim, qu’il sera éduqué et en bonne santé, il faudra qu’il se rende heureux en réalisant quelque chose de positif. »
« Comme tout aura été inventé, il ne lui restera qu’à versifier ou alors à peindre. Ou alors à sculpter. Ce sera la revanche des artistes. »
« Bon, ce n’est pas tout ça, il faut aller au boulot. Vous reprenez un verre ? »
Il y a des poux
26 octobre, 2020Le clou
25 octobre, 2020« Dans ma grande série : les objets nous survivront, devinez quel objet j’honore aujourd’hui ? Je vous vois interrogatif ! J’honore les CLOUS !! »
« En effet, maître, il faut rendre justice à cette petite chose pointue. Nous n’avons que trop tarder à le faire. »
« Oui ! Le clou existe depuis la préhistoire. On a retrouvé des clous vieux de 5000 ans. Ils feront partie des éléments qui nous survivront ! »
« Dès que les hommes ont envisagé de créer quelque chose, la question d’assembler deux pièces s’est posée. Alors, le clou est intervenu fort à-propos. Plus tard, il a encore renforcé son caractère utile et autoritaire lorsqu’il est devenu métallique. »
« En effet, il occupe une fonction qui n’est pas près de s’éteindre. Sauf erreur de ma part, on n’a pas encore inventé le clou connecté. »
« Remarquons que le clou peut prendre différentes tailles, de façon à s’adapter à différentes situations et différentes matières ».
« Notons également que la tête est la partie fondamentale du clou. Elle contribue par sa forme à la fonction de fixation. Le clou vulgaire est à tête plate, mais on trouve de nombreuses formes pour satisfaire les différents types d’artisanats : clous à tête ronde, clous de tapissier, clous de charpentiers, etc… On ne le sait pas assez, mais le clou entretient une large famille. »
« Parfois le clou est utilisé pour faire joli, c’est alors un élément de décoration ! Il peut être aussi un élément de sécurité pour l’homme quand il est employé dans les chaussures d’alpinistes. Merci le clou pour présenter tant d’usages possibles ! »
« Le clou a aussi pour mérite de créer l’emploi du marteau qui sans le clou se trouverait fort dépourvu puisqu’il n’aurait rien à enfoncer. »
« Le clou a résisté à de nombreux concurrents : la vis ou la colle par exemple, ce qui démontre bien son caractère atemporel. Des fabriques de clous existent dans tous les pays. Par sa simplicité, il présente aussi un caractère universel. »
« Notez également que le clou est aujourd’hui d’un coût faible. Ce qui n’est pas négligeable pour les petits budgets. N’a-t-on pas inventé l’expression : ça ne vaut pas un clou ! »
« Le clou sait se faire modeste. Un clou planté dans un élément de charpente en bois et hop ! Voici un porte-manteau construit sans dépense excessive ! »
« Vous avez raison, maître ! En plus, le clou est vénéré dans de nombreuses circonstances : on parle souvent du clou du spectacle pour annoncer sa partie la plus belle. »
« Les clous ont aussi la réputation de guider les hommes vers la sagesse. On dit fréquemment que tel projet est dans les clous pour signifier qu’il correspond à ce que l’on en attend. »
« N’oublions pas que clou présente d’abord un caractère de fermeté très utile. C’est la raison pour laquelle nous disons que nous rivons le clou d’une personne lorsque nous lui parlons avec autorité de manière qu’elle en reste bouche bée ! »
« Voilà ! Nous avons fait l’éloge du clou. Je trouve qu’on ne se préoccupe pas assez de louer des objets qui sont particulièrement utiles sans que nous nous en rendions compte ! »
« Peut-être pourrions nous envisager l’éloge de la pantoufle, maître ? »
Le cinéaste et son citron
23 octobre, 2020Le problème de l’utilité
22 octobre, 2020« J’ai beaucoup de capacités : je cours vite, je chante bien, je suis droit au bowling …. »
« Oui, tout ça, c’est sympa, mais ça ne sert pas à grand-chose ! »
« Ah… revoilà le problème de l’utilité ! Et si je dis que je fais bien le gratin de macaronis, je remonte dans votre échelle de valeurs ? »
« Non, pas tellement, à moins que vous ouvriez un bar spécialisé dans le gratin de macaronis. Là, ça peut peut-être commencer à produire du fric. »
« Nous y voilà. Que faut-il comme capacités pour se distinguer dans cette société ? »
« Il faut être capable de rester stoïquement, toute la journée, dans une grande salle avec des rangées d’ordinateurs et plein de gens qui les regardent avec l’air intéressé. »
« Je ne suis pas certain d’y arriver. »
« J’ai mieux ! Vous êtes toujours face à une rangée d’ordinateurs, mais en plus vous avec un écouteur sur les oreilles et vous téléphoner à des gens pour leur vendre une assurance ou de la nourriture pour chats ou une porte ou une fenêtre… enfin n’importe quoi ! »
« Et si les gens n’en veulent pas ? »
« Il est très probable qu’ils vont vous envoyer paître plus ou moins poliment dans plus de 90 % des cas, ce qui peut se comprendre puisque votre appel va les indisposer. »
« C’est un métier de faire ça ? »
« Oui. C’est une qualification très recherchée : casse-pied téléphonique. D’ailleurs il y a des formations. J’envisage un brevet professionnel. »
« Bon ! Vous ne connaissez pas un boulot motivant et digne. »
« Pour la motivation, il y a toujours l’argent de votre salaire. Pour la dignité, c’est un peu plus compliqué. »
« Qu’est-ce que je fais alors ? »
« Ne vous inquiétez pas ! Notre civilisation a inventé plein de jobs qui consistent à vendre des trucs inutiles : coach de vie, vente des produits inefficaces pour maigrir, organisation du mariage que vous pourriez organiser tout seul, tatouages grotesques en tous genres, organisation de stages de développement personnel, toilettage de chats … »
« Il y a de quoi faire… quelles sont les capacités requises ? »
« C’est très simple. Dans tous les cas, il suffit d’avoir la capacité de convaincre vos contemporains qu’ils ont absolument besoin de la chose que vous vendez. »
« Mais c’est du vent ! »
« Oui, mais votre vent les rassure. En fait, vous redonnez confiance à des gens en leur parlant de leur mal-être. Si vous pouviez partager leurs problèmes, ce serait encore mieux. »
« Donc, je conclus que la principale capacité à développer pour faire ma place dans le monde d’aujourd’hui, c’est d’avoir des problèmes existentiels. J’aurais préféré un monde où je pourrais me former à réparer des voitures ou soigner les gens ou cultiver la terre pour leur donner à manger ! »