Archive pour septembre, 2020

Mot compte double

16 septembre, 2020

Clopin-clopant,

Cahin-caha,

Je vais de-ci de-là,

Dans mon quatre-quatre.

Je joue du tam-tam

Et danse le hip-hop.

C’est mon train-train.

Ce n’est pas du bla-bla.

Un marginal

15 septembre, 2020

« Je suis un marginal. »

« Qu’est-ce à dire ? »

« C’est-à-dire que je ne me confonds jamais à l’intérieur d’un groupe. »

« N’y a-t-il pas un peu d’orgueil dans ce genre de comportement. Vous vous croyez surement différent des autres. Et peut-être supérieur ? »

« Pas du tout ! Différent ne veut pas dire supérieur ! »

« Je parie que vous vous dites différent pour vous rendre intéressant. »

« Je m’en dispenserais volontiers. Si vous croyez que c’est facile de tout faire différemment des autres. Il faut d’abord les étudier de près, pour être sûr de ne pas tomber dans la banalité. »

« Donnez-moi un exemple. »

« Par exemple, quand quelqu’un me parle, je ne m’empresse pas de l’interrompre pour pouvoir placer mon monologue. »

« Effectivement, c’est très original. Vous ne vous sentez pas un peu isolé ? Etre dans le groupe, ça a aussi de l’intérêt.»

« Par exemple ? »

« Par exemple, vous êtes tranquille pour dire des bêtises ou ne rien faire. Si vous ne contrariez pas l’opinion généralement admise, personne ne le remarque. Si vous vous plaignez de la pluie ou du beau temps avec les autres, vous serez bien considéré. »

« C’est nul. Moi, j’ai toujours envie de dire que les gens devraient se préoccuper de choses plus intelligentes que commenter le temps qu’il fait. »

« Nous y voilà. Vous vous croyez un peu supérieur parce que vous avez des sujets de conversation plus cultivés que les autres ! »

« Peut-être, mais la facilité me répugne. Vous croyez que Picasso aurait été Picasso s’il avait peint comme tout le monde ? »

« Ayez un peu d’empathie pour ceux qui n’ont aucun talent exceptionnel, mine de rien, ils forment la majorité de la population. »

« C’est bien pour ça que je suis un marginal. »

« Ne faites pas trop le malin parce qu’il y a forcément un moment où vous êtes comme les autres : manger, boire, dormir … tout le monde fait ça ! »

« Pas sûr : on peut manger parterre, boire au tonneau, dormir roulé en boule… »

« Ne confondons pas marginal et original. »

« Je vous explique : dans toutes les situations, il y a des marges et c’est dans les marges qu’on trouve les choses les plus intéressantes. Par exemple, au bureau c’est autour de machine à café qu’on apprend les choses les plus graves. A l’école, c’est dans les cours de récré qu’on apprend la vie. Je suis un marginal parce que je fréquente surtout les marges de la société. »

« C’est donc pour ça que vous prenez vos vacances d’été en novembre ! Mais ne fait-il pas un peu frais sur la plage ? »

C’est la barbe !

14 septembre, 2020

A La Barbade

Un peintre barbu

Barbouille.

C’est un barbouze

Barbare.

Ce vieux barbon

Fait des barbecues

Avec de la barbaque.

Il est barbant.

Le marché de l’ennui

13 septembre, 2020

« C’est assez ! Il y a des moments où il faut savoir dire : c’est assez ! On n’arrête et on passe à autre chose ! »

« Par exemple, maître ? »

« Par exemple, si je ne fais pas de sport, je grossis, je me sens mal… Eh bien, il y a un moment où je dois dire : assez ! Je me prends en main et je me remue ! »

« Il n’y a rien de plus difficile que de changer de vie. L’habitude tranquillise. Le changement perturbe ! »

« Il faut un travail sur soi-même. C’est quelque chose qu’on apprend nulle part. La facilité, c’est de porter un jugement sur les autres ; d’attribuer à autrui tout ce qui ne va pas chez vous ! »

« Certainement, maître, mais moi j’aime bien le bœuf aux carottes de ma mère, et je n’ai aucune envie de lui dire : c’est assez ! »

« Les plats mijotés de maman ne mettent pas en cause votre personnalité. Encore que vous pourriez avoir le bon sens de goûter d’autres bœufs aux carottes. En réalité, le fait de ne pas savoir changer sa vie relève d’une grande paresse intellectuelle. »

« Petite question maître : à quoi ça sert de changer de vie ? »

« D’abord, ça peut améliorer votre santé si vous picolez ou si vous manger n’importe comment. Ensuite, ça peut vous ouvrir l’esprit. Par exemple, si vous ne lisez rien d’autre que votre hebdomadaire de télé et que vous décidiez d’un seul coup de lire des romans, vous prenez le risque de devenir plus intelligent ou plus sensible aux émotions d’autrui. »

« Comment saurai-je que j’ai besoin de changer de vie ? »

« Il faut savoir se regarder sans indulgence. Si vous ressentez une certaine lassitude, un certain spleen en vous levant, ou si vous passez votre temps dans un fauteuil devant la télé, c’est qu’il faut changer quelque chose ! Mettez-vous au yoga ou faites la cuisine au lieu de bouffer des plats cuisinés. »

« J’en déduis que la révolte contre l’ennui, c’est le déclencheur essentiel d’un changement, encore ne faut-il pas se laisser déborder par l’ennui. »

« La difficulté, c’est précisément qu’aujourd’hui tout est fait pour vous ennuyer, que ce soient les programmes de télé ou votre vie au bureau, assis huit heures par jour devant une colonie d’ordinateurs. »

« Il y a une politique de lutte contre le chômage, il devrait y avoir une politique de lutte contre l’ennui. Il y aurait des Pôles Ennui où les gens noyés par la lassitude due aux habitudes du quotidien viendraient chercher des raisons de se révolter. »

« On pourrait imaginer des statistiques et une courbe de l’ennui national ! Et puis, pendant qu’on y est un ministre du goût de vivre ! »

« Euh… encore un qui ne ferait rien. »

« Si, il existerait. Ce serait comme un symbole. Un symbole, ça coûte cher, mais c’est utile. »

« Je crains qu’on retombe encore sur des questions d’argent. Si vous avez envie de quitter la ville pour devenir agriculteur, il faut une mise de fond. Si vous voulez vous mettre à l’équitation, c’est pareil »

« Si je comprends bien, il y a un marché de l’ennui. Les pauvres doivent continuer à s’ennuyer. »

Prendre le quart

11 septembre, 2020

Le cardinal

Karl

Aux dents cariées

Carillonne

Aux jeux de cartes.

C’est un carnassier

Un peu carriériste

Et caractériel.

C’est moi le chef !

10 septembre, 2020

« C’est moi le chef. »

« Le chef de quoi ? »

« Je n’en sais rien, mais c’est une phrase que j’ai toujours eu envie de prononcer. J’aimerais bien décider de quelque chose dans cette vie. »

« Vous vous sentez donc aux ordres. »

« Oui, il y a comme une machine infernale qui n’arrête pas de me dire ce que je dois faire : va à l’école, trouve un job, marie-toi, fais des gamins, vieillis en silence … »

« Je comprends, mais pour autant vous conserver votre libre-arbitre : vous pouvez choisir votre école, votre épouse, votre marque d’alcool… »

« Je n’ai pas souvent le choix parce que le chef qu’on ne voit jamais a des sous-chefs qu’on voit partout. Les sous-chefs me jugent pour décider de ce que je suis et de ce que je fais. »

« Par exemple ? »

« Par exemple, les instits et les profs qui vous notent à tour de bras pour vous faire comprendre que vous n’avez rien compris et donc que vous prendrez la voie qu’on vous dira de prendre, en supposant qu’il en reste une correspondant à votre niveau ! »

« Mais c’est fait pour vous aider ! »

« Peut-être, mais en attendant je ne décide de rien. Je me retrouve postier ou chauffeur de bus, alors que je ne l’avais jamais envisagé. »

« C’est pourtant bien vous qui avez décidé d’épouser Josiane. »

« Ce n’est pas sûr du tout. J’étais dans la confusion des sentiments. L’amour fusionnel, c’est pour les héros de film. Quand vous n’êtes pas beau, pas très séduisant, pas très charismatique, vous faites un peu comme vous pouvez. »

« Allons, allons ! Il y a bien un domaine où vous pouvez exercer votre pouvoir de choix. La religion, par exemple. »

« Même pas, j’ai fait comme ma mère m’a dit de faire. Il y a une espèce d’injonction sociale qui vous ordonne de croire à quelque chose. Si vous ne croyez pas, vous n’êtes pas très bien considéré ! »

« Bon ! Et la santé ! Vous pouvez choisir votre médecin traitant ! »

« Oui, vous pouvez choisir votre médecin parmi ceux qui prennent encore de nouveaux patients. Si vous habitez dans un coin perdu de campagne, je ne vous dis pas le choix que vous avez ! »

« Et vos programmes de télé, vous avez le choix ! »

« Oui, j’ai le choix entre une série américaine et une série américaine. Parfois vous pouvez choisir entre un film que vous avez vu sur une autre chaîne il y trois mois ou un second film que vous avez vu sur la chaîne voisine, il y a six mois. »

« Et votre machine à laver, vous pouvez choisir dans un grand magasin. »

« Non, pas du tout. Aujourd’hui, il faut se débrouiller pour faire réparer l’ancienne. Quand vous n’y connaissez rien, vous avez le choix entre un dépanneur hors de prix, un dépanneur qui n’a pas le temps et un dépanneur qui vous dit qu’il faut racheter une machine. »

Une histoire de cow-boy

9 septembre, 2020

Devant un fast-food

Doté du wi-fi

Le cow-boy

En tee-shirt

Arrive dans son pick-up.

Il danse le hip-hop

Et le rock-en-roll.

Il a fondé une start-up

Et écrit un best-seller.

Une prisonnière

8 septembre, 2020

« Mollard, vous êtes tout le temps en retard ! »

« Vous en avez de bonnes : tout dépend du temps, de la circulation fluide ou non, des hésitations que j’ai au moment de m’habiller, de l’humeur des gamins qu’il faut traîner pour aller à l’école… »

« Finalement, on croit être libre, mais en fait on est dépendant ! »

« Absolument ! Même pour dormir, on est prisonnier. »

« Comment ça ? »

« La qualité de mon sommeil dépend de la personne que j’ai ramenée dans mon lit, de la résistance du matelas, du programme de télé que j’ai regardé ou pas, de la tisane du soir, du fait que mon patron m’a engueulé ou pas… Vous voyez, je ne fais jamais ce que je veux. »

« J’en suis désolé. Est-ce qu’aujourd’hui, vous comptez traiter le dossier Duplantier qui traîne sur votre bureau depuis 15 jours ? »

« Ça dépend ! Il faut tenir compte du temps qu’il faut pour dire bonjour à tout le monde, lire mes mails, préparer un petit café… C’est très aléatoire, vous comprenez ? »

« Je comprends. Vous savez sans doute que votre prime de fin d’année dépend de l’ardeur que vous mettez au travail. »

« J’en étais sûre. Toutes mes envies sont dépendantes de la volonté des autres ou des choses. Nous sommes dans un monde carcéral. »

« Ah oui ? Par exemple ? »

« Par exemple, si je veux prendre un congé maladie pour aller aux soldes, vous allez me faire un tas d’histoires ! »

« Oui, vous n’avez pas encore compris comment ça marche ? Vous dépendez d’un chef de service, qui dépend d’un patron, lequel dépend d’un autre patron, etc… Jusqu’au président de la république qui dépend de la volonté du peuple. »

« Et le peuple ? »

« C’est selon… Mais d’après les avis les plus nombreux, c’est Dieu qui est au sommet de la hiérarchie. »

« Donc pour mon retard et ma prime de fin d’année, je pourrais en discuter avec Dieu, si ça ne vous dérange pas. »

« Si ça me dérange un petit peu, car c’est moi qui le représente ici. »

« Alors, il faudrait que vous lui remontiez mon mécontentement. Je me trouve entravée par un tas de liens et de dépendances, je ne peux pas vraiment exprimer ma créativité. »

« Je promets de lui envoyer un texto salé sur ce point. Vous n’avez pas d’autres revendications ? »

« On peut peut-être attirer son attention sur la durée insuffisante de la pause méridienne et le menu de la cantine qui manque de légumes. »

« Ce sera chose faites, en attendant Dieu attacherait un vif intérêt à un traitement rapide du dossier Duplantier qu’il vous a confié depuis deux semaines. »

« Il me met une pression insoutenable ! Puisque c’est ça, je prends la semaine en congé maladie ! »

Sobriété !

7 septembre, 2020

Pas de biture,

Ni de lecture

Au volant de ta voiture,

Mais une ceinture.

Attention à la facture !

Ce serait une aventure

Immature

Et une désinvolture.

Le choix

6 septembre, 2020

« C’est moi le chef. »

« Le chef de quoi ? »

« Je n’en sais rien, mais c’est une phrase que j’ai toujours eu envie de prononcer. J’aimerais bien décider de quelque chose dans cette vie. »

« Vous vous sentez donc aux ordres. »

« Oui, il y a comme une machine infernale qui n’arrête pas de me dire ce que je dois faire : va à l’école, trouve un job, marie-toi, fais des gamins, vieillis en silence … »

« Je comprends, mais pour autant vous conserver votre libre-arbitre : vous pouvez choisir votre école, votre épouse, votre marque d’alcool… »

« Je n’ai pas souvent le choix parce que le chef qu’on ne voit jamais a des sous-chef qu’on voit partout. Les sous-chefs me jugent pour décider de ce que je suis et de ce que je fais. »

« Par exemple ? »

« Par exemple, les instits et les profs qui vous notent à tour de bras pour vous faire comprendre que vous n’avez rien compris et donc que vous prendrez la voie qu’on vous dira de prendre, en supposant qu’il en reste une correspondant à votre niveau ! »

« Mais c’est fait pour vous aider ! »

« Peut-être, mais en attendant je ne décide de rien. Je me retrouve postier ou chauffeur de bus, alors que je ne l’avais jamais envisagé. »

« C’est pourtant bien vous qui avez décidé d’épouser Josiane. »

« Ce n’est pas sûr du tout. J’étais dans la confusion des sentiments. L’amour fusionnel, c’est pour les héros de film. Quand vous n’êtes pas beau, pas très séduisant, pas très charismatique, vous faites un peu comme vous pouvez. »

« Allons, allons ! Il y a bien un domaine où vous pouvez exercer votre pouvoir de choix. La religion, par exemple. »

« Même pas, j’ai fait comme ma mère m’a dit de faire. Il y a une espèce d’injonction sociale qui vous ordonne de croire à quelque chose. Si vous ne croyez pas, vous n’êtes pas très bien considéré ! »

« Bon ! Et la santé ! Vous pouvez choisir votre médecin traitant ! »

« Oui, vous pouvez choisir votre médecin parmi ceux qui prennent encore de nouveaux patients. Si vous habitez dans un coin perdu de campagne, je ne vous dis pas le choix que vous avez ! »

« Et vos programmes de télé, vous avez le choix ! »

« Oui, j’ai le choix entre une série américaine et une série américaine. Parfois vous pouvez choisir entre un film que vous avez vu sur une autre chaîne il y trois mois ou un second film que vous avez vu sur la chaîne voisine, il y a six mois. »

« Et votre machine à laver, vous pouvez choisir dans un grand magasin. »

« Non, pas du tout. Aujourd’hui, il faut se débrouiller pour faire réparer l’ancienne. Quand vous n’y connaissez rien, vous avez le choix entre un dépanneur hors de prix, un dépanneur qui n’a pas le temps et un dépanneur qui vous dit qu’il faut racheter une machine. »

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