Archive pour septembre, 2020

Il ferait beau voir

28 septembre, 2020

Sur le paquebot

Monte le nabot

Avec son jabot

Pas beau,

Et son pied bot

Dans ses sabots.

Il est avec son cabot,

Son rabot

Et son robot.

Le meilleur ?

27 septembre, 2020

« Vous vous défilez, vous ? »

« Moi ? Oui plutôt, quand le danger se fait menaçant, je prends mes jambes à mon cou et hop ! Il n’y a plus personne. »

« Ce n’est guère courageux ! »

« Certes, mais je suis toujours vivant. Et vous, comment vous faites ? »

« Je fais une évaluation de mes chances de vaincre le danger par rapport aux risques encourus. J’aime bien vaincre l’adversité, mais pas n’importe comment. »

« Et quand vous avez vaincu ? »

« Je tache de prendre un air modeste, tout en faisant en sorte que la rumeur publique sache que je me suis bien battu. »

« Il parait que vous avez l’habitude d’exagérer les risques courus. »

« Oui, ça me donne une petite aura supplémentaire. Comme ça tout le monde croit que je suis intrépide. Les femmes adorent. »

« Et si les risques sont trop élevés ? »

« Alors là je ne me bats pas ni au sens propre, ni au sens figuré. Mon médecin l’interdit. D’ailleurs, j’ai un certificat médical qui stipule que je dois me battre qu’en cas de victoire assurée. »

« Alors, il arrive que vous soyez battu d’avance.  Qu’est-ce que vous faites ? »

« Je toise mon adversaire pour bien lui faire comprendre qu’une lutte contre lui ne m’intéresse pas du tout et qu’il peut se considérer comme l’objet de mon mépris. »

« Et ça marche ? »

« Pas tout le temps, certains me contre-toisent pour me faire comprendre que je suis un dégonflé qui refuse le combat. »

« Le mieux ce serait qu’il n’y ait plus de rivalité entre les hommes, comme ça ils ne passeraient pas leur temps à savoir ce qu’il faut faire pour être le meilleur. »

« Oui, mais ça me mettrait dans l’embarras. J’aime bien savoir que mon dentiste ou mon coiffeur est le meilleur de la région, ça me rassure. »

« J’aime bien aussi faire mon malin en disant que je vais chez le meilleur médecin. Généralement, j’ajoute qu’il est tellement bon qu’il est saturé et qu’il ne prend plus de clients. Comme ça, personne ne peut aller vérifier ce que je dis. »

« Et donc vous, ça vous dérangerait d’être le meilleur employé du mois ? »

« Evidemment, il y a beaucoup trop de risques. Ça vous plairait, vous d’être marginalisé à la cantine ? Remarquez, je suis rarement proposé à cet honneur. »

« C’est vrai, la plupart du temps c’est Maurice Dugenou. »

« C’est la raison pour laquelle il mange tout seul à la cantine. Il est malheureux comme tous les meilleurs. En général, au bout d’un moment, ils rentrent dans le rang, c’est là qu’on se marre le mieux. »

« Le plus sage serait que chacun à son tour soit désigné le meilleur. »

L’histoire d’Edgar qui est en haut du phare

26 septembre, 2020

En haut du phare

Edgar

L’ancien chef de gare

Se fait du lard.

Il en a marre

Du Var

Et de la Sarre.

C’est rare.

Il faut que je  narre

L’histoire

De cette tare.

Une ménagère multifonctions

25 septembre, 2020

La mégère

Légère

Gère

Ses étagères.

C’est une bergère,

Mais aussi une boulangère

Et une lingère.

Cette ménagère

Exagère.

Être ou exister ?

24 septembre, 2020

« Vous êtes ? »

« Maurice Dugenou, pour vous servir ! »

« Non, quand je disais que vous êtes, je voulais dire que vous existez. »

« Oui, je suis toujours vivant, si c’est ça votre problème. »

« Non, vous confondez encore vivre et exister. Exister, ça consiste non seulement à vivre, mais aussi à avoir des projets, des envies, des idées … Vous voyez ce que je veux dire ? »

« Bon d’accord, moi j’ai le projet d’avoir un abri et de manger à ma faim. »

« Non, ça c’est survivre. Pour exister, il faut plus. Il faut avoir une activité qui vous donne envie de vous lever chaque matin. »

« Ben moi, je vais au bureau du chômage. Donc je me lève, je prends un café quand y en a, je mets mes chaussures et je vais au bureau du chômage. Quand je dis je me lève, c’est sans envie de tout ce qui va suivre dans ma journée. Alors, j’existe là ? »

« Euh… non pas vraiment, disons que vous vivez une situation difficile. On pourrait dire que vous subsistez. Mais vous êtes titulaire d’un toit, c’est déjà quelque chose. »

« Si je comprends bien, il y a plusieurs niveaux, les titulaires d’une fortune qui peuvent se payer le luxe d’exister, les titulaires du nécessaire qui vivent, les titulaires d’un toit et du Rsa qui subsistent, et les titulaires du néant qui survivent. »

« C’est une façon curieuse de présenter les choses, mais c’est à peu près ça. Pour ne pas créer une hiérarchie sociale inutile, je vous propose d’utiliser le même verbe pour tout le monde : être. »

« Donc, d’après vous, nous sommes tous égaux pour la bonne raison que nous sommes ! »

« Oui, c’est plus sympa. Descartes disait : je pense, donc je suis. Il doutait de tout, donc il pensait, donc il affirmait son existence. Comme lui, votre existence est irréfutable. Je dirai indéniable. »

« C’est vrai, je vous remercie, mais j’aimerais bien être un peu plus qu’un individu qui est. Je ne suis pas qu’un objet pensant ! »

« C’est vrai, mais ce n’est déjà pas si mal que ça. Quand vous êtes viré de votre boulot, quand votre compagne vous largue, pensez que vous êtes encore quelqu’un, ça peut vous aider. »

« J’aurais préféré ne rien perdre si ça ne vous dérange pas. »

« Malheureusement le système est fait de telle sorte qu’il y a des gagnants et des perdants. Remarquez qu’en tant que perdant, vous avez une utilité puisque sans perdants pas de gagnants ! Il est donc très utile que vous soyez ! »

« Vous noyez le poisson, mon vieux. Le problème c’est que tout le monde existe, mais dans des conditions plus ou moins confortables ! »

« Ah ! Revoilà l’inégalité sociale !!  Vous voulez mon gilet jaune ?»

« Non merci, j’ai ce qu’il faut ! »

« Figurez-vous que je suis d’accord avec vous. Nous sommes tous des êtres vivants, mais ce n’est pas ce qui nous assure une vie juste. »

Mot compte double

23 septembre, 2020

Je suis venu comme convenu.

La rose est morose.

Le moribond fait un bond.

Le pion joue au morpion.

Le noble est ignoble.

Le favori rit.

Les dieux sont fastidieux.

Thomas a de l’estomac.

Je chasse sur des échasses.

Un migrant

22 septembre, 2020

« Je vais me régulariser. »

« Comment ça, maître ? Vous n’êtes pourtant pas étranger ! »

« Si, parfois, je me sens étranger à moi-même. Comme si j’avais immigré dans un corps qui n’est pas le mien. Il faut que je mette de l’ordre là-dedans. »

« C’est curieux. Vous parlez votre langue ? »

« J’ai pris des cours, mais parfois je dérape. En général, je parle de manière beaucoup plus châtiée que le type que j’ai envahi. Je dois donc apprendre ses expressions un peu rustres. »

« Comme quoi, par exemple ? »

« J’ai appris à dire : ‘c’est trop bien’ ou alors ‘je viens avec ma meuf ‘. Ou bien encore j’utilise le mot ‘genre’ à tous les coins de phrase. Par exemple : ce midi, je vais au restaurant genre entre potes ! C’est très difficile à placer ! »

« Avez-vous adopté votre mode de vie ? »

« Bien sûr, c’est obligatoire ! Par exemple, je me force à glander au lit, le week-end, alors que je suis un type super actif. »

« Croyez-vous que vous allez vous intégrer facilement ? »

« J’espère ne pas être rejeté par moi. Dans le cas contraire, on sera mal. Où voulez-vous que j’aille ? Allons, allons, un peu de générosité de ma part ne nuirait pas ! »

« Vous avez fait une demande officielle de papiers ? »

« Oui, tout à fait, ça fait une dizaine d’année. Intégrer ma propre personnalité, c’est dur, ça m’a demandé beaucoup d’efforts et de temps. »

« Et vous-même comment vous accueillez-vous ? »

« J’ai quelques réserves. Je vais me tester et me surveiller pendant plusieurs mois. Mais je suis sympathique, il y a de la place pour deux. »

« Ne craignez-vous pas un appel d’air qui ferait venir d’autres migrants ? »

« Non ! Il ne faut pas exagérer. J’ai atteint mon quota. Et puis, si j’accueillais une dizaine de personnalités, Josiane m’accuserait d’être complètement instable. »

« En effet, ce serait un problème. Mais ne craignez-vous pas de vous trouver en contradiction avec vous-même, maître ? »

« Si, mais c’est le lot des grands hommes de connaître des conflits internes. C’est en les surmontant qu’on finit par avancer. »

« Donc, vous pensez qu’être en accord avec soi-même, c’est toujours une bonne chose. »

« Tout à fait, Georges, le débat avec soi-même est forcément plus constructif. J’incarne à la fois les valeurs traditionnelles : le travail, la famille, la probité, mais j’aime aussi les idées fantaisistes : l’art, la musique, glander, dire n’importe quoi… »

« Eh bien, maître, il me reste à vous souhaiter la bienvenue chez vous et à espérer que vous serez capable de supporter votre arrivée ! »

Exister

20 septembre, 2020

« Vous êtes ? »

« Maurice Dugenou, pour vous servir ! »

« Non, quand je disais que vous êtes, je voulais dire que vous existez. »

« Oui, je suis toujours vivant, si c’est ça votre problème. »

« Non, vous confondez encore vivre et exister. Exister, ça consiste non seulement à vivre, mais aussi à avoir des projets, des envies, des idées … Vous voyez ce que je veux dire ? »

« Bon d’accord, moi j’ai le projet d’avoir un abri et de manger à ma faim. »

« Non, ça c’est survivre. Pour exister, il faut plus. Il faut avoir une activité qui vous donne envie de vous lever chaque matin. »

« Ben moi, je vais au bureau du chômage. Donc je me lève, je prends un café quand y en a, je mets mes chaussures et je vais au bureau du chômage. Quand je dis je me lève, c’est sans envie de tout ce qui va suivre dans ma journée. Alors, j’existe là ? »

« Euh… non pas vraiment, disons que vous vivez une situation difficile. On pourrait dire que vous subsistez. Mais vous êtes titulaire d’un toit, c’est déjà quelque chose. »

« Si je comprends bien, il y a plusieurs niveaux, les titulaires d’une fortune qui peuvent se payer le luxe d’exister, les titulaires de ce qu’il faut qui vivent, les titulaires d’un toit et du Rsa qui subsistent, et les titulaires du néant qui survivent. »

« C’est une façon curieuse de présenter les choses, mais c’est à peu près ça. Pour ne pas créer une hiérarchie sociale inutile, je vous propose d’utiliser le même verbe pour tout le monde : être. »

« Donc, nous sommes tous égaux pour la bonne raison que nous sommes ! »

« Oui, c’est plus sympa. Descartes disait : je pense, donc je suis. Il doutait de tout, donc il pensait, donc il affirmait son existence. Comme lui, votre existence est irréfutable. Je dirai indéniable. »

« C’est vrai, je vous remercie, mais j’aimerais bien être un peu plus qu’un individu qui est. Je ne suis pas qu’un objet pensant ! »

« C’est vrai, mais ce n’est déjà pas si mal que ça. Quand vous êtes viré de votre boulot, quand votre compagne vous largue, pensez que vous êtes encore quelqu’un, ça peut vous aider. »

« J’aurais préféré ne rien perdre si ça ne vous dérange pas. »

« Malheureusement le système est fait de telle sorte qu’il y a des gagnants et des perdants. Remarquez qu’en tant que perdant, vous avez une utilité puisque sans perdant pas de gagnant ! Il est donc très utile que vous soyez ! »

« Vous noyez le poisson, mon vieux. Le problème c’est que tout le monde existe, mais dans des conditions plus ou moins confortables ! »

« Ah ! Revoilà l’inégalité sociale !!  Vous voulez mon gilet jaune ?»

« Non merci, j’ai ce qu’il faut ! »

« Figurez-vous que je suis d’accord avec vous. Nous sommes tous des êtres vivants, mais ce n’est pas ce qui nous assure une vie juste. »

 

Oui ou non ?

18 septembre, 2020

En Avignon,

Dans mon cabanon,

Je fais un méchoui

Avec mon compagnon,

Un ouistiti

Epanoui.

Il n’a pas de pognon,

Mais avec son chignon,

Il est mignon.

Une rencontre agréable

17 septembre, 2020

« Vous êtes un homme d’abord amène, monsieur. »

« Je vous remercie, mais je remarque que vous êtes vous-même d’une nature très chaleureuse. »

« Lorsqu’on a affaire à un homme aussi convivial que vous, c’est la moindre des choses. »

« Détrompez-vous certains paltoquets ne sont pas des compagnons d’une fréquentation aussi aimable que la vôtre. »

« Nous sommes entre hommes du monde, je l’ai tout de suite remarqué grâce à vos manières éduquées et à votre regard bienveillant. »

« C’est trop de compliments, monsieur, je n’ai fait que répondre de mon mieux à vos manières gracieuses et élégantes. »

« Nous sommes à l’évidence du même monde, monsieur, celui où il est impérieux d’être de compagnie plaisante avec son prochain avant toute chose. »

« En plus, votre tournure est des plus grâcieuses. Elle est celle des hommes avec lesquels il est possible d’envisager des conversations de haute tenue. »

« Vous-même, monsieur, vous disposez d’un vocabulaire d’une grande richesse qui révèle un esthète d’une culture élevée. »

« Monsieur, je note également que le goût étourdissant de vos habitudes vestimentaires. On sent là une profonde estime de vous-même. »

« C’est trop, monsieur. Vous êtes aussi un homme qui se plait à respecter son apparence auprès des autres. Le soin capillaire auquel vous vous astreignez fait l’admiration des artistes de la région. »

« C’est peu de chose, monsieur, par rapport à la finesse de votre taille et à la robustesse de vos membres que vous entraînez manifestement par des exercices arides avec une obstination quotidienne confondante. »

« Et que devrais-je dire, monsieur du choix si judicieux des parfums dont vous savez vous entourer et dont les effluves flattent si généreusement le flair de vos interlocuteurs. »

« Je vois que nous sommes entre homme fins et de bon goût. Vous portez, monsieur un complet de la meilleure coupe. Si j’osais, je solliciterais humblement l’adresse de l’échoppe de votre tailleur. »

« Mais je l’échangerais bien volontiers, monsieur, contre celle de votre bottier dont l’ouvrage vous confère cette démarche si altière. »

« Quant à l’harmonie des couleurs de votre cravate, monsieur, je ne cesse d’entendre les plus vifs compliments à son sujet. »

« Ce n’est rien à côté de l’envie suscitée par la fine maille de votre gilet. Les jaloux parlent dans votre dos, monsieur ! »

« Oh ! Je vous demande pardon monsieur, mais le choix exceptionnel de vos chaussettes a failli m’échapper. Nous avons là ce que l’on fait de mieux en matière de fil d’Ecosse directement importé d’Edimbourg. »

« Monsieur, nous avons achevé les mondanités. Venons-en à l’affaire qui nous préoccupe. Votre voiture a manifestement démoli la mienne. Je dois vous traiter de connard, monsieur ! »

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