Archive pour avril, 2020

Sa Majesté chasse

10 avril, 2020

Le roi

Geoffroi

De Groix

Va sans effroi

Droit

Vers un endroit

Où il croit

Qu’il y a une croix,

Près du détroit

Etroit.

Là il y a des proies.

Trois !

Les sujets à l’ordre du jour

9 avril, 2020

« Vous êtes assommant, mon vieux ! Vous ne racontez que des choses ennuyeuses. »

« Vous n’aimez pas le récit de mes vacances au Grau-du-Roi avec Thérèse et les enfants ? Pourtant, nous nous sommes follement amusés sur la plage… »

« Non, ça ne m’intéresse pas tellement, pas plus que les détails de la dernière visite de votre belle-mère chez son médecin. »

« Ah bon, et pourtant nous nous sommes beaucoup esbaudis quand elle nous a raconté qu’elle avait oublié sa carte Vitale. »

« Comment avez-vous vécu jusque là en racontant des fadaises ? »

« D’habitude, les gens bien élevés m’écoutent et ne me reprochent pas mes niaiseries. »

« Ils sont bien obligés. Ils n’ont rien d’autre à se mettre dans les oreilles. Vos histoires les rassurent d’autant plus qu’ils racontent les mêmes histoires de plages et de belles-mères. »

« Et vous, qui vous croyez si malin … Qu’est-ce que vous avez à raconter ? »

« Rien. »

« Si personne ne raconte rien, les déjeuners à la cantine vont être mortels. On va se croire dans le réfectoire d’un couvent. Faites un effort, mon vieux ! »

« Euh… Quand j’ai voulu partir en vacances, j’ai dormi deux jours parterre dans un aéroport à cause de la grève des aiguilleurs. »

« Eh bien voilà un sujet qui va susciter de la controverse… Vous voyez quand vous voulez ! »

« Oui, mais c’est nul. Moi, je voudrais parler de … euh … je n’en sais rien, moi ! Quelque chose d’exaltant, si possible… »

« On en est tous là. Le foot et les belles-mères ont été inventés pour nourrir les conversations de tous ceux qui voudraient avoir des choses exaltantes à dire. »

« Evidemment, vu comme ça !… Finalement, la conversation, c’est comme la gastronomie, ça va de la restauration rapide au restaurant trois étoiles. Quand on n’a pas envie de se casser la tête, le plus simple c’est d’aller à Mac Do. »

« On n’a pas tous les moyens de s’offrir les services d’un chef étoilé. »

« Vous avez raison… mais alors, il vaut mieux rester chez soi pour faire sa propre cuisine. »

« Foin des métaphores ! Si on allait chez le vendeur de sujets de conversations intéressants. »

« J’en reviens. Avec cette histoire de confinement, il est dévalisé. Il lui restait bien un sujet sur l’avancement du printemps par rapport à l’année précédente, mais j’ai préféré éviter. »

« C’est vrai que les sujets intéressants partent vite. On ne peut même plus s’inquiéter des vacances de la cousine de la femme du président… Justement un sujet qui m’intéresserait. »

« Ne vous inquiétez pas, le vendeur m’a dit qu’il attendait un nouvel arrivage. Il y a notamment un très beau sujet sur la culture de la chayotte sur les hauts plateaux du Mexique. Faut-il importer cette culture dans le Cantal ? »

« Voilà qui va faire un carton autour de la machine à café ! »

Un enterrement

8 avril, 2020

Du brouillard,

Derrière un corbillard,

Sortent un vieillard

Trouillard,

Et un gaillard

Braillard,

Et babillard.

Sont-ce des pillards ?

La rigolade

7 avril, 2020

« Comment se fait-il que j’aime bien rigoler ? »

« Moi aussi. Je pense que le rire doit déclencher des trucs dans le cerveau qui font du bien au corps. Les gens qui rigolent sont en meilleure forme. Mon patron qui ne se marre jamais arbore des mines souffreteuses. C’est triste. »

« Il devrait y avoir des lois pour obliger à rire au moins une fois par jour. Après tout, on a bien trouvé le moyen de confiner les gens chez eux ! »

« Oui, il faudrait rédiger un papier pour attester sur l’honneur qu’on s’est marré chaque jour et qui raconterait l’incident ou la blague qui nous a fait rire. »

« Les policiers chargés du contrôle auraient du même coup leurs rations quotidiennes de marrage, ce serait tout bénéfice. »

« Ce ne serait pas compliqué à appliquer. Il suffit d’allumer n’importe quelle radio pour trouver des bouffons qui racontent n’importe quoi. »

« Sauf que ce n’est pas toujours drôle. Heureusement, il y a toujours un ou une aide-bouffon chargé de rigoler aux vannes du bouffon-en-chef pour générer la rigolade de l’auditeur. »

« Il pourrait y avoir des formations à la rigolade. Cela aurait pour intérêt de montrer aux jeunes qu’il n’y a pas forcément besoin d’être bourré pour bien rigoler. »

« Certes, mais il faut de l’esprit pour rire et faire rire. »

« D’où la nécessité de former des enseignants à l’humour. L’absentéisme au lycée diminuerait en flèche. La réussite aux examens augmenterait. »

« Mais il faudrait aussi une formation à la tragédie pour que les jeunes ne s’imaginent pas qu’ils vont passer 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à rigoler. »

« Pour le tragique, on a de quoi faire, il suffit d’ouvrir n’importe quel journal pour pleurer sur les morts d’un accident, d’un attentat ou de n’importe quoi… »

« On trouve rarement des morts de rire dans les accidents. »

« Il est vrai que rire, c’est une opération de santé publique. Le mieux, c’est de s’exercer d’abord à rire de soi-même avant de se marrer des autres. C’est une épreuve d’humilité. »

« Faire attention si l’on entreprend de divertir les autres aux dépens d’une personne. Le rire peut être cruel et entraîner des réactions imprévues. Rire des défauts de quelqu’un doit être une opération faite avec esprit et finesse. »

« Oui, si on rate son coup, on tombe facilement dans le rire jaune. »

« N’allons pas non plus dans les excès. Certains sont morts en s’étranglant de rire !  Esbaudissons-nous avec tact et mesure. »

« Vous avez remarqué le nombre d’expressions utilisées pour dire qu’on rit : se fendre la pêche, se décrocher la mâchoire, avoir mal au ventre… Et je vous passe les plus vulgaires. »

« C’est bien le signe que le rire entraîne un tsunami dans l’organisme au même titre qu’une bonne séance de fitness. »

« On devrait ouvrir des clubs de rire pour ceux qui n’ont pas trop envie de soulever des poids. »

Sous et sur

6 avril, 2020

Soudain,

Je sursaute.

Un soudard

Souriant

Surgit

Par surprise

Du Surinam.

Il est soûl.

Il a des sous.

C’est sûr.

Les compères

5 avril, 2020

« Compère Coq et Compère Canard déambulent dans la cour de la ferme d’un pas de promeneurs, tout en conversant paisiblement. »

« Holà, compère Coq dit compère Canard, avec votre plumage flamboyant vous devez pécho facilement dans le poulailler ! »

A ce point, remarquons que compère Canard qui commençait à prendre de l’âge s’exerçait à adopter un vocabulaire jeune pour avoir l’air dans le coup.

« Ne croyez pas cela, compère Canard, dit compère Coq. Aujourd’hui, les poules sont plus intéressées par les qualités « humaines » des coqs. Et puis, ils ont enlevé le tas de fumier sur lequel je m’exprimais si agréablement. Bref, plus personne ne recourt à mes services. »

« Je sais. Il y a une évolution des mentalités. Moi-même, je suis atteint par une ségrégation antivieux. Mes efforts en natation artistique dans la mare n’intéressent plus beaucoup de canes. Il faut dire que je ne servais pas à grand-chose, mais enfin tout de même, je donnais une touche campagnarde dans le paysage. »

« Pourtant avec l’âge, je suis devenu un coq modeste. Autrefois, je débutais mon tour de chant à cinq heures du matin et j’aime autant vous dire que les poulettes se pressaient pour m’écouter. Maintenant, elles ne se lèvent pas avant neuf heures et en plus elles prennent leurs mercredis ! »

« Moi aussi, j’avais un succès fou sur l’étang du père Cornu. Mais avec l’arrivée des jet-skis j’ai dû émigrer sur la mare de la mère Cornichon. »

Chemin faisant, compère Coq et compère Canard rencontrent compère Cheval qui traine sa peine.

« Holà, compère Cheval, dit compère Canard, vous semblez bien en peine. »

« Certes, répond compère Cheval, me voilà particulièrement désenchanté : je n’ai plus de charrettes à tirer le long des chemins creux. »

« Vous n’êtes pas le plus malheureux, compère Cheval, dit compère Coq. Moi, on m’a volé mon meilleur tas de fumier. »

« En plus, je ne peux plus faire étalage de la puissance de mon encolure quand on m’attelait à la charrue du fermier, lequel coule une retraite tranquille et n’en fiche plus une rame. »

« Venez compère Cheval, dit compère Canard, ruminons notre nostalgie ensemble. »

Coq, Canard et Cheval avancent désormais en triste cortège ! Compère Âne survient :

« C’est une manif contre les réformes ? interroge compère Âne. »

« Mais non, bougre d’âne ! Nous maugréons de concert car plus personne n’a besoin de nous. Veux-tu te joindre à nous, bougre d’âne. Tu ne sers pas à grand-chose non plus. »

« C’est vrai ! Dans le temps, je déshonorais les chenapans qui travaillaient mal à l’école. Aujourd’hui, il n’y a plus grand-chose qui leur fasse honte ! »

La troupe repartit en s’apitoyant sur la disparition de leurs riches passés. Chemin faisant, ils rencontrèrent un homme qui leur sembla triste.

« Holà compère, dit le Coq qui se voyait déjà élu Président de l’association des Compères dépressifs. Qui es-tu ? »

« Je suis le Compère Chômeur. Je ne sers plus à rien. Autre fois, je brillais par mon savoir-faire, aujourd’hui je me distingue par la faiblesse de mes allocations. »

« Viens avec nous, compère Chômeur, ton cas est encore pire que le nôtre. »

Miquette, la coquette

4 avril, 2020

Ma dernière conquête

Miquette

Est coquette.

Elle fait des claquettes

En liquette

Et en socquette

Sur la moquette.

C’est une fliquette

Qui enquête

Sur un racket.

 

L’ami qui amène l’amant

3 avril, 2020

En amont,

L’ami

Amer

Amène

L’amant

Sans amarre,

Sans âme,

Sans muse,

Et sans amour.

Amen !

Grammaire à la plage

2 avril, 2020

« J’espère que je ne vous gêne pas en installant ma serviette de bain près de vous. »

« Si, monsieur, votre présence est plutôt incommodante. »

 « Pourquoi dites-vous plutôt ? Je vous gêne ou je ne vous gêne pas ! C’est oui ou c’est non ! »

« A vrai dire l’adverbe plutôt, me permet de vous dire que vous me gênez tout en restant élégant. C’est un adverbe assez pratique.  Vous avez raison, « plutôt » permet d’entretenir des relations courtoises. »

« Tout à fait, il peut s’utiliser avec des nuances. Si je vous dis que j’ai plutôt envie de vous casser la figure, c’est que j’introduis une modulation dans mon intention, sinon il y a longtemps que je vous aurais voler dans les plumes. »

« Monsieur, restons pacifiques ! »

« Nous pourrions aussi utiliser le terme plutôt dans un sens qui exprime un choix. Par exemple, je pourrais vous dire que je préfère m’en aller plutôt que vous supporter. »

« Ah ! Ah ! Vous, vous êtes trop ! »

« Monsieur, vous employez très mal l’adverbe trop qui ne peut s’employer seul. Il vient en aide à un verbe ou un adjectif pour exprimer une idée d’excès. Là, je me dis : je suis trop quoi ? Il conviendrait de m’aider à trouver une réponse. »

« Super ! Je suis tombé sur un prof ! »

« Monsieur, à l’origine super est un préfixe qui signifie au-dessus. Certes, la langue a évolué, vous pouvez l’utiliser comme interjection pour exprimer votre contentement bien qu’en l’occurrence, je sens que le mot est prononcé de manière ironique. L’interjection n’ayant aucun statut grammatical, tout est permis, mais un brin d’élégance ne nuirait pas. »

« Si je dis : fi ! Je suis tombé sur un prof ! Ça vous irait ? »

« Nous progressons, monsieur bien que je préfère cela à ça. »

« Bon, ça commence à bien faire ! Je m’installe ! »

« Puis-je vous faire remarquer qu’en voulant exprimer la vivacité de votre mécontentement, monsieur, vous venez d’employer deux mots qui pourraient signifier que vous appréciez favorablement la situation : bon et bien ? »

« Il est pas vrai, celui-là ! »

« Monsieur, vous venez d’exprimer une pensée négative en vous dispensant du ne, ce qui est hélas courant de nos jours. Mais en plus, votre utilisation de l’adjectif vrai prête à discussion. Il signifie qu’une affirmation est conforme à la vérité. Or, puisqu’il s’agit de moi, on peut considérer à la rigueur – dans un sens proche de la métaphore – que je suis une affirmation de la personne humaine, mais il est difficile de prétendre que je ne suis pas conforme à une vérité dont nous peinerions à définir les contours »

« Comment, il se la pète, celui-là ! »

« Monsieur ! Comment est un adverbe interrogatif ! Certes, l’usage courant peut vous permettre de l’employer de manière exclamative, mais vous introduisez une difficulté puisque le mot signifie : ‘de quelle manière’. Avouez qu’il est difficile de s’exclamer en commençant par : de quelle manière ! Par ailleurs, je crains de ne pouvoir valider la forme réflexive que vous donnez au verbe péter.»

« Laisse-le, Robert, on va ailleurs, on est tombé sur un malade ! »

Mon aimée et les pygmées

1 avril, 2020

Mon aimée

Paumée

Et camée

Sous la ramée,

Voit de la fumée.

C’est une armée

De pygmées

Affamés !

C’est confirmé,

Mémé !

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