Archive pour le 21 avril, 2020

Bon appétit !

21 avril, 2020

« Repas de fêtes, diner d’amoureux, déjeuner d’affaires… Depuis la nuit des temps, les gens règlent leurs affaires autour d’une bonne table ! »

« Pourvu que l’on n’invente le repas en pilules. Je ne me vois pas dire à ma promise : ma chérie, si nous prenions ensemble nos pilules, ce soir. »

« En effet, vous pourrez toujours mettre deux bougies sur la table, mais ce ne sera pas très galant. »

« Soyons vigilant ! La vie est déjà en train de nous saboter le petit déjeuner ! Combien d’entre nous en sont à avaler une tasse de café en enfilant leur manteau et en se sauvant parce qu’ils n’ont pas le temps ! »

« Et ceux qui déjeunent devant leur ordinateur, un œil sur le chich Kebab et l’autre sur leurs mails. Quelle poésie ! »

« C’est-à-dire que les temps de repas ne sont pas considérés comme très productifs ! »

« Nous y voilà ! Fondons un grand mouvement populaire pour la défense des moments improductifs ! »

« Vous avez raison ! Organisons la convergence des luttes improductives : les déjeuners à rallonge, la sauvegarde des machines à café, la pérennisation de la pause cigarettes, le maintien des réunions inoffensives… Il y a du boulot ! »

« Ce serait une grande cause. Moi, j’y ajouterais volontiers une rénovation totale des cantines, une multiplication des cafétérias. C’est quand même dans ces espaces qu’on peut le mieux dire du mal des patrons et des collègues qu’on ne supporte pas. »

« Pour revenir aux repas, il faudrait dans chaque entreprise un emploi consacré à la recherche des meilleurs restaurants à proximité. Un emploi à temps plein, bien sûr, parce qu’il faudrait aller tester chaque table ! »

« On ignore souvent l’effet du repas sur la productivité des employés. Moi, par exemple, il est inutile de me déranger l’après-midi du jour de la choucroute à la cantine. »

« Les directions ne font pas assez attention à ce qu’on mange. Dans mon entreprise, je ne vous dis pas la révolte quand il a été question de supprimer le jour du couscous. »

« Tout commence et finit par la bouffe. A la maison, je me suis fait vilipender par mes gamins quand j’ai voulu supprimer les soirées pizzas-télé. »

« Et moi quand j’ai voulu draguer en me dispensant de l’invitation au resto, je ne vous dis pas le succès que j’ai eu. Ma dernière quasi-conquête s’est sauvée en me traitant de radin ! »

« Il faut s’y faire, nos vies passent forcément par des détours devant l’assiette. »

« Ce n’est pas tout de manger, il faut savoir parler de ce qu’on mange, de ce que l’on ne mange pas, ou de ce que l’on pourrait manger. »

« Remarquez, ça a l’intérêt de fournir des sujets de conversation quand la conversation est un peu terne. La bouffe et le foot, ça marche toujours à la cantine ! »

« Nous n’avons pas encore rendu grâce à nos paysans qui arrachent à la terre de quoi alimenter nos cuisines ! Ni à nos chefs cuisiniers ! »

« Et les vendeurs de cuisine qui construisent nos plans de travail ? Et les fabricants de couverts et de serviettes en papier ? Finalement, quand on mange, on ne se rend pas compte du nombre d’emplois qu’on crée ! »

« Vous avez le menu de la cantine ? »