Archive pour le 24 mars, 2020

La prochaine crise

24 mars, 2020

« Quelle est votre position, maître ? »

«47 ° 10’22 ‘’ N de latitude et 4°12’31’’ O pour la longitude. »

« Non, je ne parlais pas de ça ! »

« Bon, alors, je suis dans une position assise, avec les deux pieds bien à plat, prêt pour mon travail quotidien. »

« Je vous parlais de votre position sur la situation économique internationale. »

« Aaah ! Je me disais aussi… votre question me troublait… Avec ces mots qui ont plusieurs significations, on peut aisément se tromper ! »

« Donc, selon vous maître, sommes-nous à la veille d’une nouvelle crise économique ? »

« Vu le nombre de crises que les peuples se sont coltinés dans l’Histoire, nous sommes forcément dans l’attente de la prochaine. »

« C’est donc inévitable ? Vous pensez que l’économie est cyclique. »

« Je pense surtout que les hommes ne retiennent rien de leurs expériences. Surtout des mauvaises qu’ils s’empressent d’oublier. Même les écureuils savent qu’il faut faire des réserves de nourriture pendant les beaux jours en prévision des mauvais. »

« Vous êtes donc du côté des pessimistes, maître ? »

« Non, le pessimiste ne voit que le mauvais côté des choses, ce qui laisse penser qu’il y en a un bon. Or il n’y a qu’un côté. »

« Que voulez-vous dire, cher maître ? »

« L’économie n’est pas une pièce à double face. C’est une machine qui fonctionne grâce à la cupidité des plus riches et à la faiblesse des plus pauvres. On n’a pas à être pessimiste ou optimiste en regardant fonctionner une machine. La machine fonctionne, c’est tout. »

« Mais tout de même… ces crises à répétition… »

« Le mot crise est mal choisi. Ce sont des moments de pause. Lorsqu’un coureur du Tour de France grimpe un col, il ménage quelques temps de repos (voire même mets pied à terre) pour reconstituer ses forces et mieux repartir. »

« Mais en économie, il s’agit de la vie des hommes. Ce n’est pas le moment de faire du vélo. »

« Oui, vous avez raison, c’est un problème éternel. Seul le plus forts résisteront. Et le plus fort, c’est le plus fort. Il n’est pas du genre à faire des réserves comme l’écureuil. »

« Si je comprends bien vos métaphores, maître, l’homme est un animal comme les autres, n’est-ce pas ? »

« Un animal comme les autres, mais en plus bête. Et je ne vous ai pas parlé de sa surconsommation des ressources environnementales. Qu’est-ce que vous faites à midi ? »

« J’ai quelques courses à faire pour ma femme. »

« Amenez donc Thérèse, je vous invite. On ira s’empiffrer dans un bon resto de ma connaissance en attendant la prochaine crise. »