Archive pour janvier, 2020

Une sortie ratée

19 janvier, 2020

« On va au restau ? »

« Encore ? Tu ne préfères pas mes raviolis en boite ? »

« C’est pour sortir un peu !  On pourrait conserver ta boite de raviolis pour un jour de fête. »

« Pfff… je ne sais jamais ce que je dois te raconter au restau. Alors on ne se dit rien et le résultat, c’est qu’on fait vieux couple. »

« On pourrait se moquer des voisins de table en pouffant de rire ou alors faire des commentaires acariâtres sur les serveurs. »

« Comme si c’était mon genre ! Et puis tu vas encore nous emmener dans un boui-boui pour se donner des sensations exotiques. Pourquoi pas une boite à pizzas pendant qu’on y est ? »

« Ecoute, on ne va pas au restau pour manger un steak frites !! »

« Il va falloir que je m’habille convenablement et que je ne sorte pas de table. Il me faudrait un restau où on peut manger décontracté. Pourquoi pas allongés sur un divan comme les romains. Ils savaient vivre les romains ! »

« C’est vrai !  Moi, je m’assieds sur une chaise au restau ! Quel ennui ! »

« Et puis moi, je bois de l’eau…. Je n’ai même pas le plaisir de dire qu’elle est un peu bouchonnée. Les restau préfèrent qu’on picole un peu. »

« C’est logique, ils n’ont pas beaucoup de marge sur une carafe d’eau. Essaie au moins de prendre un apéritif pour faire monter la facture. »

« Tu vas encore prendre trois heures pour choisir dans le menu ! »

« Ce n’est pas ma faute ! J’aime bien quand le serveur patiente derrière moi avant que je me décide. C’est un des rares moments de la vie pendant lequel j’ai l’impression d’avoir de l’importance pour quelqu’un. »

« Ce que je n’aime pas au restau, c’est quand on nous demande si ça s’est bien passé et qu’on répond positivement d’une manière assez hypocrite pour ne pas créer de malaise. »

« Tu ne vas tout de même pas dire que c’était mauvais sous prétexte de répondre quelque chose d’original. »

« Tu vas encore payer avec des tickets restaurant ? Je n’aime pas : ça fait rapiat ! »

« Bon… comment ils sont tes raviolis ? »

Atchoum !

18 janvier, 2020

Tchao !

Il part au Tchad

Manger du bortch

Des litchis,

Boire du scotch.

Faire des matchs

Et des sketchs

Car il a la tchatche.

Loup y es-tu ?

17 janvier, 2020

Lou

Est un filou,

un loubard,

Relou

Chelou

Et flou.

Son chien-loup

C’est Milou.

Ce n’est pas un loulou.

La comédie de la vie

16 janvier, 2020

« Bonjour Dieu ! La vie étant un grand show dans lequel chacun tente de tenir son rôle, je voudrais bien un rôle reluisant. Qu’est-ce que vous avez en magasin ?»

« C’est difficile : je suis débordé car tout le monde veut le premier rôle. »

« Je peux me plaire dans un bon second rôle, ce serait déjà pas mal. Mieux vaut être à l’arrière-plan que se faire marcher dessus au premier. »

« Essayez de prendre un rôle de comique, c’est ce qui rapporte plus de succès. »

« Faire du comique dans une tragédie, c’est délicat. »

« Ou bien alors disparaissez des écrans pour mieux faire désirer votre retour, c’est une stratégie qu’emploient beaucoup de vedettes. »

« Il vaudrait mieux ne pas jouer un rôle au-dessus de ses moyens. Moi, je ne peux pas jouer les aventuriers, alors que je passe toutes mes vacances sur la plage de Palavas-les-Flots entre la poubelle et le club Mickey. »

« Alors essayez plutôt le rôle du ténébreux, un peu bourru, qui observe ses contemporains avec un cynisme de bon aloi, genre Jean-Pierre Bacri, ça peut marcher. »

« C’est tout ce que vous avez à me proposer ? »

« Je ne peux tout de même pas vous proposer un rôle à la Tom Cruise, dans le style : je saute d’un avion et je ne me fais même pas mal ! »

« Et le rôle du jeune premier ?… Bien maquillé, je peux peut-être… »

« Vous plaisantez ! Je peux vous proposer le personnage du vieux beau à la rigueur. Vous serez ridicule, mais tout vaut mieux que l’indifférence. »

« C’est compliqué d’être quelqu’un ! Je ne serai pas contre un personnage historique, genre Napoléon. »

« N’y comptez pas non plus, il faut avoir de la prestance. Je vous verrais plutôt comme un sans-culotte braillard sous la Révolution. »

« Pas question, j’ai tout de même une certaine estime de moi-même. Il faut que je puisse me regarder ! »

« Bon alors, on va dire que vous serez un brave policier, obscur et féru de vérité. Le mieux pour votre gloire serait de mourir à la fin du film. »

« Non, ça ne me va pas. Je garde le vieux retraité qui cultive les fraises dans son coin. »

Doug n’a pas froid

15 janvier, 2020

Dans le Doubs

Le doux

Doug

Se douche

Puis sort sans sa doudoune,

Car c’est le redoux.

Pas de doute

Il n’est pas douillet

Il vient d’où ?

Ceux qui ne parlent pas

14 janvier, 2020

 « Je vous remercie bien sincèrement. » 

« Encore ? Vous me remerciez de quoi ? »

« De prendre ma personne en considération. Vous me parlez alors que personne ne me parle dans la rue. »

« Et au bureau ? »

« Les gens ne me parlent pas non plus. Il faut dire que je n’ai pas un emploi stratégique et que je ne vois jamais les patrons. Donc je ne sers à personne, sauf quand on me demande ce qu’il y a à manger à la cantine. »

« Si je comprends bien, vous insinuez que les gens sont sympas quand on peut leur servir à quelque chose Il est vrai que votre modeste position ne peut être utile à personne. »

« C’est bien triste, mais c’est ainsi. Par exemple, je sais que votre tondeuse est cassée et que vous auriez besoin que je vous prête la mienne. »

« Moi ? Allons donc, je n’ai pas besoin de la vôtre ! J’ai déjà emprunté celle de Mollard ! »

« Alors pourquoi vous me parlez ? »

« C’est pour vérifier que vous n’avez pas grand-chose à dire. Vous n’avez pas beaucoup de culture : pas de cinéma, vous ne lisez pas, vous ne voyagez pas, vous ne connaissez rien au jardinage… C’est assez vertigineux. »

« Oui, mais je peux renseigner sur les programmes de télé ! »

« Soyons sérieux : on ne vous parle pas parce que vous êtes un personnage assez vide. Quand je vous rencontre, je ne me sens pas enrichi d’une nouvelle culture. »

« Vous avez raison, mais avec le boulot, les gamins à surveiller, les copains et les copines de ma femme, je n’ai pas vraiment le temps de me cultiver et nous sommes plusieurs millions dans ce cas. Nous ne sommes plus au Grand Siècle, l’Art de la Conversation a été relégué au rang des choses qui ne servent à rien. »

« Je suis d’accord : nous sommes tous victimes de la philosophie de l’utilitarisme : la poésie, le latin, l’art abstrait, les prières… sont réputés ne servir à rien. »

« Résultat : nous devenons tous des incultes. Je pense que les gouvernements et les magnats de l’économie y trouvent leurs comptes. Si le peuple commençait à réfléchir à des concepts ou des choses abstraites, on ne peut pas prévoir où il s’arrêterait. »

« Non, mais dites donc ! On dirait que vous avez des opinions politiques ! Et des idées très subversives en plus. Je me demande si je vais continuer à vous parler. »

« Oui, vous avez raison : il ne faut pas parler avec des gens qui ne parlent pas, c’est très dangereux. On ne sait jamais ce qu’ils ont dans la tête. »

« Euh… vous pourriez quand même me prêter votre tondeuse, celle de Mollard fait trop de bruit et pollue ! Vos savez bien que je suis écologiste ! »

Sur une place de Grasse

13 janvier, 2020

A Grasse,

Grâce

A Grace,

Avec grâce,

Elle fait face

Sur la place.

Elle n’est pas lasse

Ni basse.

Elle a la classe.

Petits mensonges

12 janvier, 2020

« Madame, il y a là monsieur Dutruc, l’amant de madame qui demande à être reçu par madame ! »

« Augustin ! Qu’est-ce qui vous permet de parler ainsi ? J’ai beaucoup d’amitié pour monsieur Dutruc, mais… »

« C’est-à-dire que monsieur Dutruc vient toujours voir madame quand Monsieur est en voyage, donc je soupçonne monsieur Dutruc… »

« Augustin, vous êtes un fripon ! Vous n’avez pas à soupçonner monsieur Dutruc de quoique ce soit ! »

« Je veux bien, madame, mais que dois-je dire à monsieur Dutruc qui attend en sous-vêtements dans l’entrée. »

« Mon Dieu ! Aura-t-il donc oublié son pantalon ? »

« C’est-à-dire que Monsieur étant rentré inopinément, il est possible que monsieur Dutruc n’ait pas eu le temps de se vêtir complètement avant d’enjamber la fenêtre de la chambre de madame. »

« Ce qui ne prouve absolument pas que monsieur Dutruc soit mon amant. »

« Evidemment, mais madame aura sans doute du mal à convaincre Monsieur qui est en train de soigner le monsieur qui a enjambé la fenêtre de madame, lequel s’est fait une belle entorse en retombant dans le jardin de madame. »

« Mon Dieu ! Maurice aura donc rencontré Charles-Albert ? »

« Dans des circonstances quelque peu embarrassantes, madame. »

« Augustin, nous allons dire que monsieur Dutruc a voulu visiter notre roseraie hier et que par maladresse, il a fait un trou à son pantalon que Thérèse, ma chambrière, a proposé de raccommoder. »

« Et pour l’entorse de monsieur Dutruc ? »

« Il aura trébucher en heurtant du pied le chat qui s’est faufilé entre ses pieds. Quelle malchance ! »

« En effet, c’est très contrariant. D’autant plus que le chat de madame est passé de vie à trépas le mois dernier. »

« Augustin ! Vous me compliquez la vie ! »

« Madame, je vous suggère de dire que monsieur Dutruc s’est fait une méchante entorse alors qu’il effectuait une promenade agréable dans le quartier. »

« Augustin ! Monsieur Dutruc ne peut pas se promener dans le quartier sans pantalon. »

« Madame a raison ! Qu’elle excuse mon étourderie ! »

« Non, nous allons dire simplement que, ayant appris la mésaventure de son vêtement survenue dans sa promenade, j’ai prié monsieur Dutruc d’attendre dans ma chambre pendant que Thérèse ravaudait son pantalon et qu’en entendant rentrer monsieur, il a sauté par la fenêtre, craignant que monsieur ne se méprenne sur le sens de la situation. »

« Là, j’avoue que madame est d’une parfaite perfidie. »

Double jeu

11 janvier, 2020

Le Cheik joue aux échecs

Contre un boulet laid.

C’est Mehdi qui joue la comédie.

Il vient de Chine, où il s’échine.

Il est fourbu, il a bu.

Il s’agenouille pour manger des nouilles.

Il n’a aucun défaut ? C’est faux !

C’est un dur ! Une ordure !

Les esclaves

10 janvier, 2020

« Nous sommes des esclaves. »

« Ah bon ?  De qui ? De quoi ? »

« La télé qui nous dit quoi penser, le Jour de l’An qui nous oblige à picoler, le téléphone qu’il faut avoir même quand on ne parle à personne… »

« En effet, mais ça ne date pas d’aujourd’hui. Au Moyen-Age, le noble était plutôt voué à faire la guerre, et la femme à faire des enfants. »

« Nous sommes aussi les esclaves des robots. Bientôt, j’aurais le maître à la maison qui me dira à quelle heure me lever et qui me sortira du lit à coups de pied dans le derrière. »

« Remarquez, moi ça ne me changera pas tellement. Josiane n’aime pas que je m’offre des grasses matinées. »

« Ensuite le maître m’obligera à manger des trucs sans saveur pour que je ne grossisse pas comme un porc et que mon rendement au boulot ne soit pas en baisse. »

« Oui, ça prend ce chemin. Au bureau, le chef de la cantine utilise un programme pour nous faire des menus soi-disant équilibrés. Le résultat, c’est qu’il a supprimé le jour de la choucroute. »

« On est mal, on est mal. Il parait que les japonais ont déjà mis au point le programme qui achètera sur Internet le cadeau qui vous fera obligatoirement plaisir pour Noël ! »

« Bon ! Si nous prenions la tête de la révolte des nouveaux esclaves ? »

« On pourrait commencer par virer tous nos écrans de chez nous et revenir aux veillées au coin du feu pendant lesquelles les anciens racontent des histoires du temps jadis. »

« Oui… mais non. J’ai une page Facebook très intéressante. Vous ne trouvez pas ?  Et mes gamins vont râler … à quoi vont-ils jouer ? »

« Et voilà ! Ils sont esclaves de leurs écrans et vous vous êtes esclaves de vos gamins. On ne va pas s’en sortir. »

« C’est vrai qu’on est tous esclaves de quelqu’un. Même le président de la République est esclave de son personnage. Si tous les esclaves se révoltent, ça va être un beau bazar ! »

« Dans la grande chaîne des esclaves, j’ai l’impression d’être le dernier, c’est-à-dire l’esclave ultime, autrement dit l’esclave qui n’a pas d’esclave. C’est très frustrant. »

« Allons, allons ! Pas de pessimisme, vous avez votre chat qui vous obéit au doigt et à l’œil. »

« On voit bien que ce n’est pas vous qui êtes obligé de vous lever à deux heures du matin quand môssieur a faim ! »

« Il faudrait rétablir un marché aux esclaves. On y vendrait par exemple des téléphones sans écran qui nus obéiraient au doigt et à l’œil sans qu’on soit obligés de les regarder continuellement ! »

« Ensuite on y trouverait aussi des stylos qui marchent et des blocs de papier à lettre. Nous pourrions écrire quand nous en avons envie, au lieu d’être obligé d’envoyer des SMS bourrés de fautes d’orthographe aux copains ! »

« Vous avez raison ! Le pire c’est que c’est nous qui payons toutes les choses qui nous dominent et c’est nous qui en devenons les esclaves. »

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