Une vocation de rouage
19 décembre, 2019« Il y a ceux qui donnent des ordres et puis ceux qui les exécutent. Moi je suis celui qui transforme le ‘il faut’ en ‘on va le faire’ »
« Vous êtes donc une sorte de contremaitre. »
« Oui, mais le mot est un peu désuet. »
« En fait, on pourrait se passer de ce genre de fonction. Celui qui dit ‘il faut’ pourrait s’adresser directement à l’exécutant. »
« Si je comprends bien, vous me dites que le clergé qui interprète la volonté divine à destination de leurs ouailles ne sert à rien. »
« Eux, c’est peut-être un cas particulier… »
« Pendant que vous y êtes, on pourrait supprimer la hiérarchie militaire, le général n’a qu’à donner ses ordres directement à ses troupes ! »
« Remarquez que ça éviterait les phénomènes de carriérisme et de nominations à la tête du client. »
« Avec des gens comme vous, on n’aurait jamais gagné la guerre. »
« Peut-être, mais ce que j’essaie de vous dire c’est que les corps intermédiaires ont du mérite, ça doit être terrible de faire appliquer des ordres qu’on n’a pas décidés. »
« Là vous avez raison, c’est encore plus frustrant que d’être exécutant. »
« Remarquez que ça a quand même un avantage. On peut toujours se retrancher derrière sont supérieur si ça tourne mal, dans le genre : désolé, mais ce sont les ordres ! Je n’y suis pour rien ! »
« C’est très déloyal. Quand on fait exécuter des ordres, la moindre des décences, c’est de faire semblant d’y croire, en y mettant de l’enthousiasme. »
« En fait, les échelons intermédiaires doivent être encore plus inhumains que les donneurs d’ordre. Il faut avoir une vocation de rouage pour faire ce boulot ! »
« Surtout, si l’on pense que le soir, certains vont devoir exécuter les ordres du conjoint sans moufter. »
« Le mieux, c’est d’être à la fois celui qui donne les ordres, celui qui les transmets et celui qui les exécutent. »
« Dites tout de suite que vous réclamez de pouvoir exprimer votre créativité ! »