Archive pour septembre, 2019

Vive le roi !

10 septembre, 2019

« Espèce de petit impertinent ! »

« Moi, impertinent ? Quel emportement ! »

« Oui, monsieur ! J’ai appelé mon bourreau pour moins que ça ! »

« Sire, j’ai juste dit que votre Majesté ne tirerait que des avantages à se montrer plus souvent au peuple. »

« Le peuple ? Vous voulez parler de l’assemblée des manants ? »

« Tout à fait, sire ! Ils existent quand même ! »

« Vous voulez qu’ils me couvrent de quolibets ? Vous vous voulez qu’ils me trainent dans la boue sur les réseaux sociaux ? »

« Loin de moi cette pensée, Sire. Votre Majesté pourrait au moins prononcer un discours à la télévision. »

« Vous plaisantez ! Ils vont tous regarder le foot au lieu de m’écouter ! »

« Sire ! Si je peux me permettre, votre Majesté souffre d’un déficit de notoriété auquel il conviendrait de remédier. Par voie de conséquence, votre Majesté n’est guère aimée dans le peuple. Les sondages de sa Majesté sont en baisse ! »

« Même ceux que j’ai financés ? »

« Oui, les votes favorables à sa Majesté ont été multipliés par 3, mais ça ne suffit pas. »

« Il n’y a qu’à changer la constitution. Article 1 : Tout manant aime le Roi. Et hop, c’est terminé ! »

« De plus, votre Majesté devrait prendre femme. »

« Pour que tout le monde se moque d’elle ? Je me méfie : il y a beaucoup de gens qui n’ont rien à foutre. A propos où en est le chômage ? »

« Votre Majesté a su résoudre le problème avec son élégance coutumière en réduisant tous les chômeurs à l’esclavage. »

« Bon, heureusement que je suis là. Et le Trésor Royal, où en est-il ? N’oubliez pas que je dois financer mes prochaines vacances et mon nouveau golf. »

« Euh… nous souffrons d’un petit décalage dans la trésorerie de sa Majesté. »

« Il n’y a qu’à mettre une taxe sur la détention de Smartphones. »

« Sire, ce sera la Révolution ! »

« Pas du tout. La mesure évitera aux manants de passer leur temps sur des jeux idiots au lieu de travailler sur mon domaine. »

Un festival de cannes

9 septembre, 2019

A Cannes

C’est la canicule.

La canaille

Cancane

Dans le caniveau.

Ce sont des cannibales

Ou des cancrelats

Qui méritent des coups de canne.

Les choses

8 septembre, 2019

« Je suis la serpillière, l’objet le plus sale et le plus déconsidéré de la maison, alors que je suis une vraie nécessité ». Ainsi, s’exprime la serpillière.

Le porte-manteau lui répond qu’il est navré, mais que dans toutes les sociétés, il faut des êtres dérisoires, dont on pourrait aisément se passer contrairement à lui. Que serait une maison où les vêtements ne pourraient se suspendre et traineraient partout, épars et malheureux ?

Le bac à linge sale affirme qu’il est aux cotés de la serpillière puisqu’il se charge de recueillir les vêtements usagés des gens de la maison. Lui aussi a une mission qui n’est pas respectée à sa juste mesure.

Dans le salon, les choses se prélassent. Quand on parle de la serpillière au fauteuil de monsieur. Il se gausse : « La quoi ? », dit-il avec l’air autosatisfait des choses qui tiennent tête au maître, lequel s’effondre tous les soirs dans son siège préféré avec un grand soupir de soulagement heureux.

Le lampadaire renchérit. Il n’exerce pas de tâches rebutantes, lui non plus. Au contraire, il apporte de la clarté aux problèmes des habitants de la maison. Ce n’est pas de la serpillière, ou du bac à linge que va naître la lumière !

Dans la chambre, la commode – celle dont le tiroir du haut est coincé – sort de son silence. Ce n’est pas très facile d’avoir à trier les sous-vêtements et les chaussettes de monsieur d’autant plus que ce dernier mélange tout. La commode voudrait donc qu’on ait un peu plus d’attention pour son travail.

Dans la cuisine, le four ouvre sa grande gueule. Il aimerait qu’on admette que c’est lui qui nourrit la collectivité. Sur le plan technologique, la sophistication de son système de cuisson, surpasse nettement le pauvre fonctionnement de la commode de la chambre.

Et le pommeau de la douche, alors ! On imagine mal tout ce que voit défiler un pommeau de salle de bains qui fait bien son boulot. Ce n’est pas toujours une partie de plaisir d’arroser copieusement des nudités dont l’harmonie des formes prête à discussion.

L’ordinateur se récrie. C’est lui qui est l’objet le plus utile de la maison. Il représente une ouverture sur le monde. Il connecte monsieur et madame à leur banque. Grâce à lui, ils peuvent commander le gigot du dimanche chez monsieur Bouricot, le boucher du quartier. Et, cerise sur le gâteau, il permet aux enfants de faire leurs devoirs sans se fatiguer.

Les volets roulants ne disent rien pour la bonne raison qu’ils sont encore détraqués et qu’on attend le réparateur.

Un tissu de tissus

7 septembre, 2019

Serge,

Un écossais,

Dine d’une purée de mousseline

Et d’une crêpe.

Il boit de l’eau de Vichy.

Il a mal à l’aine.

Il est dans de beaux draps,

Mais c’est un dur à cuir.

Il n’a pas été élevé dans du coton.

C’est un ami du Prince-de-Galles.

Chut !

6 septembre, 2019

Le barbichu,

Moustachu

Au nez crochu

Et aux cheveux fourchus

A chu.

Ce n’est pas fichu !

C’est un homme pêchu.

Allons vite au CHU !

Un apprenti héros

5 septembre, 2019

« Non mais, pour qui vous prenez-vous ? »

« Moi ? J’aimerais bien être Ivanhoé, un preux chevalier qui se porte volontiers au secours de la veuve, de l’orphelin et des pauvres. »

« Qu’est-ce qui vous plait tant dans ce genre de situation ? »

« Une fois que j’aurais cassé la figure aux méchants, la veuve, l’orphelin et les pauvres me regarderaient avec des yeux éperdus de reconnaissance et moi je dirais : allons, allons ! Ce n’est rien ! »

« Le problème pour vous, c’est que maintenant tous ces gens-là se tirent des accidents de la vie avec toutes sortes d’allocations. Ils n’ont plus vraiment besoin d’Ivanhoé ! »

« Ah zut ! Comment vais-je assouvir mon besoin de reconnaissance ? »

« Pourquoi voulez-vous être absolument reconnu ? »

« Ça vous plait vous d’être un petit bonhomme anonyme parmi des millions d’autres qui vous ressemblent. »

« Euh… je suis moi, c’est déjà bien. Mais vous, vous pourriez être une vedette de la télé. Vous pourriez vous promener dans la rue pour faire semblant de ne pas vouloir être reconnu, tout en espérant bien que les gens vous reconnaissent quand même. »

« Non, ce n’est pas suffisant pour moi. Il faudrait que je fasse quelque chose d’exceptionnel qui donne le frisson. Je ferai un livre sur mon exploit que je dédicacerai à des jeunes filles très excitées en disant d’un air modeste : allons, allons ! Ce n’est rien. »

« Le problème, c’est qu’à part gagner le tour de France ou sauver les ours blancs du Pôle nord, je ne vois pas bien ce que vous pourriez faire ? »

« Pour le tour de France, je n’ai pas encore fini ma préparation physique. Pour les ours du Pôle Nord, aucun d’entre eux n’a voulu faire un selfie avec moi. »

« Et un selfie avec le président ? »

« Vous plaisantez ! Je n’ai pas envie d’être trop marqué sur le plan politique. Un héros comme moi doit être au-dessus des turpitudes politiques. »

« Il ne vous reste qu’à ramasser toutes les cochonneries que vous laissez dans la nature. Vos enfants seront fiers de vous. Alors, vos yeux remplis de larmes par votre dévouement pour leur génération, vous pourrez leur dire : allons, allons ! ce n’est rien. »

Au bout du bout

4 septembre, 2019

Je suis dans un bourg,

Près des faubourgs

De Bourg.

Dans la boue

Des labours,

Je suis debout,

A bout,

Avec mon bouc

Qui se nomme Tabou.

Le beau

3 septembre, 2019

« Celui qui trouvera le shampooing qui fait repousser les cheveux accédera à la fortune. »

« Remarquez, celui qui trouvera le moyen de rajeunir l’organisme ne sera pas non plus à plaindre sur le plan matériel. »

« On se demande pourquoi tout le monde veut être jeune et beau, moi je préfère être vieux, ridé et intelligent. »

« Vieux et ridé, c’est facile. Intelligent, c’est autre chose. »

« Le mieux serait d’être jeune et expérimenté, mais c’est rare. »

« C’est plus facile d’être jeune qu’être beau, car personne n’a défini la beauté absolue. C’est-à-dire la physionomie qui surpasserait toutes les autres en beauté. »

« Heureusement que les super-beaux n’existent pas, ça permet à chacun de croire qu’il en est. »

« Vous avez remarqué ? Il est plus facile pour être femme d’être belle que pour un homme d’être beau. »

« Faites attention ! Vous allez encore me faire une remarque sexiste. »

« Pas du tout ! Je dis ça parce que la courbe est plus sensuelle que la ligne droite et que l’homme a moins de courbes que la femme. »

« Bon ! Ne nous aventurons pas sur ce terrain ! Moi, je préfère dire que la beauté d’une personne repose sur l’harmonie des formes et des couleurs. »

« Et la beauté intérieure, on en parle ?  De ce point de vue, je ne suis pas mal. »

« Non, on n’en parle pas. C’est encore plus difficile que définir la beauté externe. »

« Si je prends le dictionnaire, le beau c’est tout ce qui suscite un sentiment d’admiration ou d’émerveillement. Par exemple, quand je vous regarde, je ne suis pas tellement émerveillé, en revanche les chutes du Niagara suscitent mon sentiment d’admiration. »

« Du coup, moi je veux bien être jeune, mais je ne tiens pas spécialement à être beau. Je n’ai rien à voir avec les chutes du Niagara. »

« Rassurez-vous avec l’allongement de la durée de la vie, nous sommes jeunes de plus en plus tard. ! »

N’arrête pas ton char !

2 septembre, 2019

Charles,

Le charcutier

Est charmant.

Ce n’est pas un charlatan,

Ni un charlot.

Dans son charabia,

Il joue aux charades

Avec le charpentier

Et le charbonnier.

Placages

1 septembre, 2019

« Je te plaque. »

« Non, c’est moi qui te plaque. »

« Je préfère être la plaqueuse, c’est plus digne que d’être la plaquée. »

« Oui, mais moi aussi, j’ai ma dignité. Alors, on fait comment ? »

« On pourrait ne pas se plaquer, mais ça ne m’arrange pas tellement. Gérard n’apprécierait pas beaucoup. »

« Et Lucienne n’aimerait pas non plus. »

« On va inventer le placage par consentement mutuel, c’est ce qui se fait de mieux en ce moment. »

« Oui, mais non. Parce que moi je te plaque plus que tu me plaques. »

« Parce qu’il y des degrés dans le placage ? »

« Oui, moi je suis dans le placage très dur sans remords. Toi, tu es dans le placage low-cost. »

« Ah bon ? On peut savoir la différence ? »

« Oui, moi je suis un mec. Dès que je sens qu’on en vient à un engagement sérieux, je me barre. Les sentiments, c’est pour les filles. »

« Oui, mais tu souffres ! »

« Oui, je souffre, mais comme je suis un dur à cuir, ça ne se voit pas. Tandis que toi, tu souffres et tu es effondrée de douleur. »

« Non, pas tellement. »

« Si, si, je le vois bien. Ne t’en fais pas tu retrouveras vite quelqu’un. Sûrement pas de ma qualité, mais il faut savoir se contenter. »

« Je te remercie, mais je suis déjà avec Gérard qui, lui m’apporte les déjeuners au lit et me faire marrer. Je ne sais pas si c’est la même qualité que toi, mais c’est déjà pas mal. »

« Pour les six premiers mois, peut-être. Mais les mecs, c’est comme les smartphones, ça se démode vite tandis que moi avec Lucienne, c’est du sérieux. Elle apporte le petit déjeuner au lit. »

« Fais attention, elle vient de plaquer Roger après six mois. Donc elle plaque aussi. »

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