Médisances
19 septembre, 2019« Puis-je médire de vous dans votre dos ? »
« Non, je n’y tiens pas tellement. »
« Vous ne comprenez pas. Je ne vous aime pas ! J’ai besoin de le dire à quelqu’un, sinon comment puis-je déverser ma bile ? »
« Vous ne la déversez pas. Ce ne sera pas plus mal. »
« Alors là, c’est complet ! Non seulement vous m’êtes sérieusement antipathique, mais en plus vous voulez me rendre malade ! »
« Pour tout dire, votre santé n’est pas une de mes préoccupations prioritaires. »
« Et vous avouez votre égocentrisme comme ça, sans vergogne. Finalement je fais bien de dire du mal de vous. »
« Si ça vous convient, moi ça m’est égal. »
« Et voilà, en plus, vous jouez l’indifférence ! Je vous signale que Dugenou déblatère aussi beaucoup sur votre dos. »
« Vous voulez que je vous dise du mal de Dugenou ? Nous pourrions médire ensemble. »
« Et ça ne vous gênerait pas de médire dans le dos d’un brave garçon comme Dugenou ! D’abord, je suis le seul à savoir médire correctement sur les gens. »
« Moi, je disais ça pour aider. Vous avez l’air de rechercher des bêtes noires pour vider votre sac. »
« Génial ! Vous êtes génial ! Maintenant, vous essayez de me faire passer pour un obsédé de la médisance pour me discréditer. »
« Et si vous essayiez de dire du bien de moi ? »
« Vous plaisantez ! Je n’ai jamais dit du bien de personne. Ce n’est pas mon genre. Médire, je sais. Dire du bien, je n’ai jamais su faire. »
« Il est vrai que vous souffrez d’une sorte de méchanceté naturelle qui vous interdit toute bienveillance. »
« C’est exact. Le médecin dit que je suis incurable. Ce n’est pas très beau de se moquer d’un homme condamné. »
« Vous avez raison, mais il faudrait arrêter de me demander l’autorisation de dire des méchancetés sur moi dans mon dos. Vous vous en passez très bien. »