Archive pour septembre, 2019
Tout flatteur vit…
29 septembre, 2019« Vous êtes un homme beau, distingué, intelligent. C’est un vrai plaisir de vous rencontrer. »
« Vous n’avez pas fini de me flatter ? »
« Je flatte ? Moi ? Un être plein de sincérité comme moi ne flatte pas, monsieur : il complimente ! »
« Vous ne flattez pas, vous flagornez. C’est encore pire. Aujourd’hui, il n’est pas possible de complimenter son voisin à cause de son allure. C’est interdit ! Il y a un décret à ce sujet. »
« Ah bon ? Pourquoi ? »
« C’est un décret dit du ‘corbeau et du renard’. Depuis La Fontaine, la flagornerie est très suspecte. »
« Suspecte de quoi ? »
« Vous rêvez de me voler mon fromage, c’est très clair ! »
« Bon, alors je fais quoi, moi ? »
« Dénigrez-moi. Dites du mal de moi. Je suis sûrement prétentieux, outrecuidant, égoïste, caractériel. Enfin… quelque chose comme ça ! »
« C’est permis de dire ça ? »
« Oui, c’est même recommandé. En société, démolir la réputation de quelqu’un, ça montre que vous n’êtes pas n’importe qui et qu’il vaut mieux ne pas vous chercher. Non mais alors ! »
« Je ne sais pas trop démolir les gens. Le mieux, ce serait que vous disiez du mal de moi, comme ça je pourrais vous mépriser. »
« Vous méprisez bien ? »
« Plutôt pas mal. C’est permis ça ? La Fontaine n’a rien écrit là-dessus ? »
« C’est possible. Mais faites attention, moi je pourrais très bien vous toiser du regard chaque fois que je vous rencontrerai ! »
« Si vous toisez, je vous lancerai un coup d’œil narquois. Je nargue très bien. »
« Bon d’accord, avant d’en venir à de telles violences regrettables, je vais vous signer un laissez-passer : vous pourrez me lécher les bottes le lundi, le jeudi et la moitié des vacances. »
Festival de charcuteries
28 septembre, 2019Une fable
27 septembre, 2019Confession
26 septembre, 2019Je vais au bistrot ? Oui, parfaitement, Josiane, je passe du temps au bistrot. Tu tiens à savoir pourquoi ? Parce que le reste, tout le reste, m’ennuie profondément !
De toutes façons à quarante-six ans, c’est le bistrot ou la maîtresse où parfois les deux. Tu vois, je suis raisonnable, je me contente du bistrot.
Pourquoi pas une maîtresse ? Pff… Parce qu’après les premiers temps, ça va me compliquer la vie. Elle va vouloir qu’on « parte », que je lui fasse des cadeaux, que je divorce… Je ne sais pas si tu vois le cirque… Et pire que tout, elle va vouloir que je lui parle. Enfin je veux dire que je lui fasse la conversation. Tu es bien placée pour savoir comme ça m’est pénible.
Ce n’est pas Charlot, le tenancier du « bar de la place », qui m’embête avec sa conversation. Il connait ma commande, il me réserve une place au comptoir, on se dit bonjour et que le temps est moche aujourd’hui et tout le monde est content comme ça.
En plus, au bistrot, il y a un peu d’animation. Il y a des jeunes qui rigolent bêtement, des amoureux qui ne le sont pas encore et qui hésitent à se toucher du bout des doigts, des écrivains dans le fond de la salle qui n’écrivent jamais et des gros par-dessus au comptoir qui attendent l’heure de rentrer chez eux en traînant des pieds. C’est comme un résumé de la société.
Tu t’en fous, Josiane ? Il faudrait que je me secoue ? Tu as raison, je vais aller au stade pour hurler comme un imbécile afin de soutenir l’équipe, ça me fera un sujet de conversation avec Charlot. Peut-être même que derrière sa moustache blanche, une lueur d’admiration s’allumera lorsqu’il comprendra que j’ai quelque chose de neuf à raconter.
Parler avec toi ? D’accord. Tes cours de Pilates, ça se passe bien ? Tu y vas toujours avec la mère Morin ? De quoi vous parler ?
Elle se plaint que son mari passe son temps au bistrot ? C’est un peu exagéré, il part une demi-heure avant moi. Une maîtresse, Lucien Morin ? Tu plaisantes ! Tu l’as regardé ! Il n’est pas mieux que moi.
Il n’est pas très intéressant d’ailleurs Morin. Il n’a pas beaucoup de conversation. Il ne s’intéresse pas au foot. Il boit du thé. Tu te rends compte, du thé ? Charlot est obligé d’en acheter rien que pour lui.
A propos… On est invité chez les Morin samedi soir. Tu vois que je sais prendre des initiatives pour rompre la routine du couple !
Go ! Go ! Go !
25 septembre, 2019C’est du beau !
24 septembre, 2019« J’ai mis ma moumoute. »
« Ah oui, ça vous change. Moi, je me suis laissé pousser la moustache. »
« C’est quand même fou, on n’est jamais content de la tête qu’on a. C’est vrai qu’il faut se la coltiner tous les jours. »
« Moi, j’évite de me regarder dans un miroir. Je me demande toujours qui est ce type ! »
« Les femmes ont plus de marges de manœuvre que nous, c’est ce qui doit expliquer qu’elles passent autant de temps au coiffeur. »
« Homme ou femme, on a tous l’envie de se trouver plus beau. Finalement, c’est assez pathétique. »
« Nos aïeux n’étaient pas plus raisonnables. Les petits marquis de Louis XIV se poudraient le visage à qui mieux mieux. »
« Il faudrait apprendre à se supporter soi-même, le monde se porterait sans doute mieux. Imposons-nous notre tête d’origine ! »
« Ce n’est pas possible ! Vous voulez la fin de l’industrie des cosmétiques et de la parapharmacie ! »
« C’est assez sidérant de constater que des milliardaires ont construit leurs fortunes grâce à nos difficultés existentielles. »
« C’est vrai ceux qui on possèdent l’Oréal ou Lancôme sont ravis que vous ne vous trouviez pas beau ! D’ailleurs, je leur rendrais encore un peu plus service en vous disant que vous êtes moche. »
« Le seul moyen d’échapper à la dictature du beau, c’est de ne pas avoir un sou pour acheter leurs produits. »
« Euh…si ça ne vous fait rien, moi, je préfère me soumettre plutôt que devenir pauvre. »
« Il faudrait déclencher une vaste de grève du beau pour se révolter ! On se ferait tous moches le même jour et on sortirait dans la rue tous ensemble ! »
« Comme ça, on montrerait qu’on peut se passer des industriels de la beauté. Non mais alors ! »
« En attendant, je crois que je vais m’offrir un petit nettoyage de peau et peut-être un nouvel aftershave. Qu’en pensez-vous ? »
C’est un four !
23 septembre, 2019Les petits oublis
22 septembre, 2019« J’ai oublié mon gamin sur une aire d’autoroute. »
« Je suppose que les flics vous l’ont ramené. »
« Oui, ils n’étaient pas très contents. Le gamin aussi. Il m’a fait la gueule. »
« Il y a de quoi, vous n’êtes pas très soigneux de vos affaires. »
« Ensuite, j’ai oublié l’anniversaire de ma mère. Elle m’en a voulu. Josiane aussi : elle a dit que je ne pensais qu’à ma gueule. »
« Après dix ans de mariage, c’est une réplique classique. Elle vous a sûrement reproché aussi de ne plus la regarder. »
« C’est exact, ce qui explique que j’ai oublié aussi l’anniversaire de Josiane. Alors là, ça s’est très mal passé. Elle a dit qu’il ne faudra pas que je m’étonne si elle oublie le mien. »
« Vous en êtes donc aux menaces de représailles ! »
« Ensuite, j’ai oublié de lui dire que samedi soir, je suis allé avec Georges, au stade pour soutenir notre équipe. »
« Et alors, elle vous a frappé ? »
« Non, mais elle est persuadée que j’étais chez ma maitresse, ce qui est faux puisque je ne rencontre Lucie que le mardi soir. »
« Ensuite j’ai rencontré Marie. Je ne l’ai pas reconnue. Elle m’a engueulé. J’avais oublié qu’elle allait au coiffeur tous les trois jours. »
« Oublier une ancienne maîtresse, c’est plutôt bon pour la santé. »
« Oui, je suis d’accord. Le malheur, c’est que la plupart des gens s’estiment inoubliables ! C’est comme Dugenou… »
« Ne me dites pas que vous avez oublié Dugenou, votre ancien collègue de travail. »
« Si, je l’avais oublié ! Je l’ai revu dans un séminaire, il a pris beaucoup de brioche. Il m’a interpellé en me demandant si j’étais toujours aussi nul en informatique. »
« Voilà qui n’est guère civil. »
« A qui le dites-vous ? C’est d’autant plus gênant que mon patron était là et qu’il a entendu, alors que j’ai toutes les peines du monde à le convaincre que je suis une pièce essentielle dans sa stratégie. »
« Et alors ? »
« Alors, j’ai oublié de pointer à Pôle Emploi »