Une vieille connaissance
25 août, 2019« Je crois qu’on s’est déjà vu. »
« Non, pas du tout. C’est un peu lourd comme moyen de drague. Dites-moi que j’ai des beaux yeux pendant que vous y êtes. »
« Si, si ! On s’est déjà vu. A l’anniversaire de Momo. Vous étiez complètement ivre ! Vous vous souvenez ! »
« Pas du tout. C’est sans doute vous qui étiez bourré. Moi, je ne bois que du jus de fruit. Pas de chance. »
« Bon, alors c’était au vernissage de l’exposition de peinture Dugenou. Vous regardiez un tableau et je me suis approché. Maladroitement, j’ai renversé ma coupe de champagne dans votre chemisier. »
« Toujours pas. Si un malotru avait l’idée de me ruiner une de mes chemisiers, je m’en souviendrais ! »
« Pourtant, je n’ai pas oublié votre sourire lumineux. J’y suis, c’était à Palavas, cet été. Nous étions voisins de plage. Vous m’avez envoyé votre ballon en pleine figure. Nous nous sommes souri quand vous êtes venu le récupérer. »
« Ça m’étonnerait. Je ne vais sûrement pas en vacances à Palavas et je ne joue jamais au ballon. »
« J’y suis. Vous vendez des poireaux au marché du samedi matin. Je me demande pourquoi je ne mange pas davantage de poireaux. »
« Moi, vendeuse de poireaux ? Je vous signale tout de même que je suis directrice du personnel dans une grande holding internationale que je ne nommerai pas. »
« Cette fois, c’est sûr ! C’est vous qui m’avez viré parce que j’avais mangé un pain au chocolat sur mon lieu de travail. »
« Evidemment, manger une viennoiserie dans son bureau, ça fait des miettes de partout. Vous n’avez pas remarqué ? »
« C’est depuis ce jour-là que je rêve de vos beaux yeux. Lorsqu’ils sont furibonds, il ressemble à l’océan déchainé. »
« Désolée ! Moi, je ne rêvais pas d’une rencontre, ni avec vos yeux, ni avec vos lunettes rafistolées avec du sparadrap. »
« Bon, tant pis ! On le fait ce constat ? »