Archive pour août, 2019

L’histoire du masseur de ma soeur

31 août, 2019

Le masseur

De ma sœur

Est un vrai chasseur.

Il est tout en noirceur

Et en minceur.

C’est un fonceur

Sans douceur,

Pas comme le professeur

Ou le confesseur.

Triste histoire

30 août, 2019

Devant l’océan, sur mon séant,

Je me morfonds, dans le fond.

Je suis une denrée périssable, sur le sable.

J’ai reçu un gon sur mon lorgnon.

Je joue du tambourin comme un bourrin.

C’est mieux que d’être taciturne dans ma turne.

J’attends mon père qui n’est pas prospère,

Il est précaire au Caire.

Des classements

29 août, 2019

« J’ai établi un classement de mes lieux préférés chez moi. »

« Qu’est-ce à dire ? »

« Ce sont les lieux dont j’ai le plus de mal à sortir. En tête, il y a mon lit, ensuite ma baignoire quand elle est pleine d’eau moussue, et mon fauteuil pour regarder la télé. »

« On voit tout de suite que vous êtes un homme très dynamique. Moi, ce que je préfère c’est mon atelier de bricolage et mon garage. »

« J’ai fait aussi mon classement des moments préférés. En numéro 1, c’est le petit déjeuner qui vient en tête très nettement. En 2, je mettrais volontiers le moment où je me couche. »

« Moi, j’aime mieux le petit matin frais de printemps quand j’ouvre les volets et que j’entends les petits oiseaux pépier. »

« S’ils pouvaient attendre onze heures du matin pour chanter, ça m’arrangerait. »

« Vous n’avez pas d’autres classements qu’on rigole un peu ? »

« J’ai le classement des endroits où j’aime bien aller. En tête, j’ai les magasins d’électro-ménager. Quand je rentre, devant une rangée de frigos, j’ai l’impression d’être le roi : j’ai un choix énorme et les vendeurs se précipitent sur moi en me trouvant très intéressant. »

« Le moment déplaisant, c’est quand ils cherchent à vous faire signer une extension de garantie qui ne sert à rien. »

« J’aime bien aussi aller dans une cour d’école parce que je peux en sortir quand je veux. C’est une revanche par rapport au temps où il fallait un tas d’autorisations parentales pour se barrer. Pendant que j’y pense… j’aime bien aller chez le médecin. »

« Chez le médecin ? C’est curieux comme choix ! »

« J’aime bien qu’il me trouve quelque chose … qui ne soit pas grave évidemment, mais qui nécessite qu’on s’occupe de moi activement ! »

« Et les endroits où vous n’aimez pas aller ? »

« Les hôpitaux ou les maisons de retraite sont largement en tête de ce classement, suivis des magasins d’informatique parce qu’ils ne parlent pas français. »

Alors ?

28 août, 2019

L’orfèvre

Est une ordure

Originaire

D’Orléans.

Il organise

Des orgies

Ordinaires

Avec orchestre

Et organiste,

Sous ses orangers.

Liberté de parole

27 août, 2019

« Gardes ! Veuillez bâillonner le prisonnier. » 

« Mais pourquoi donc me priver de parole, sire ? »

« Je n’aime pas qu’on me parle, surtout pour m’insulter. Même mes conseillers ne doivent pas l’ouvrir sans autorisation. Alors vous… »

« Mais je peux aussi vous parler par mes regards venimeux ou même agressifs. C’est encore pire que deux ou trois insultes bien senties. »

« Prenez garde, prisonnier, je peux vous faire bâillonner les yeux, s’ils m’envoient des éclairs hostiles. »

« Bon, alors je fais quoi, moi ? »

« Rien, un prisonnier ne doit rien faire, à part être prisonnier. »

« Mais ma silhouette légèrement voûtée ne pourrait-elle exprimer mon exaspération vis-à-vis de ma situation. »

« Vous avez raison, je pourrais en prendre ombrage. Gardes ! Veuillez redresser la silhouette de monsieur. Il n’a pas à être exaspéré. »

« Puisque vous réduisez au silence, je vais produire un silence glacial pour vous faire part de ma réprobation. »

« Gardes ! Veuillez attiser le feu dans l’âtre ! »

« A moins que vous préfériez un silence consterné ? »

« Je vous consterne, moi ? Gardes ! Qu’est-ce qu’on a contre le silence consterné ? »

« Vos gardes ne peuvent pas bâillonner mon silence, majesté. Vous feriez mieux de me relâcher ?»

« Ça ne va pas ? Vous avez déjà vu un prisonnier libre ? Et puis, si je vous rends la liberté, vous en profiterez pour dire du mal de moi. »

« C’est interdit, aussi ? »

« Oui, ça me fait beaucoup de peine. Vous ne voudriez tout de même pas être la cause de mon chagrin ? »

« Et si je promets de dire du bien de vous ? »

« Moi, je répandrai la nouvelle selon laquelle vous n’êtes qu’un vilain hypocrite. »

Hon ! Hon !

26 août, 2019

Sur le Don

Il y a un pont

Long,

Où je pêche le thon.

Sans dons,

Je n’ai pas un rond,

Nom de nom !

Mais bon…

Une vieille connaissance

25 août, 2019

« Je crois qu’on s’est déjà vu. »

« Non, pas du tout. C’est un peu lourd comme moyen de drague. Dites-moi que j’ai des beaux yeux pendant que vous y êtes. »

« Si, si ! On s’est déjà vu. A l’anniversaire de Momo. Vous étiez complètement ivre ! Vous vous souvenez ! »

« Pas du tout. C’est sans doute vous qui étiez bourré. Moi, je ne bois que du jus de fruit. Pas de chance. »

« Bon, alors c’était au vernissage de l’exposition de peinture Dugenou. Vous regardiez un tableau et je me suis approché. Maladroitement, j’ai renversé ma coupe de champagne dans votre chemisier. »

« Toujours pas. Si un malotru avait l’idée de me ruiner une de mes chemisiers, je m’en souviendrais ! »

« Pourtant, je n’ai pas oublié votre sourire lumineux. J’y suis, c’était à Palavas, cet été. Nous étions voisins de plage. Vous m’avez envoyé votre ballon en pleine figure. Nous nous sommes souri quand vous êtes venu le récupérer. »

« Ça m’étonnerait. Je ne vais sûrement pas en vacances à Palavas et je ne joue jamais au ballon. »

« J’y suis. Vous vendez des poireaux au marché du samedi matin. Je me demande pourquoi je ne mange pas davantage de poireaux. »

« Moi, vendeuse de poireaux ? Je vous signale tout de même que je suis directrice du personnel dans une grande holding internationale que je ne nommerai pas. »

« Cette fois, c’est sûr ! C’est vous qui m’avez viré parce que j’avais mangé un pain au chocolat sur mon lieu de travail. »

« Evidemment, manger une viennoiserie dans son bureau, ça fait des miettes de partout. Vous n’avez pas remarqué ? »

« C’est depuis ce jour-là que je rêve de vos beaux yeux. Lorsqu’ils sont furibonds, il ressemble à l’océan déchainé. »

« Désolée ! Moi, je ne rêvais pas d’une rencontre, ni avec vos yeux, ni avec vos lunettes rafistolées avec du sparadrap. »

« Bon, tant pis ! On le fait ce constat ? »

L’histoire de la novice

24 août, 2019

La novice sans vices

Part sur les remparts.

C’est Lise avec sa valise.

Elle sort de chez l’avare du Var

Qui dine en gabardine.

C’est un loup jaloux

Et un glouton qui aime le thon.

Elle va chez Gilles, le fragile

Qui ne vit pas dans un cabanon, non !

Prenons la pose

23 août, 2019

Je suppose

Une chose :

Chez Rose

Qui a une mycose,

On cause,

Portes closes.

On ose

Parler de roses

En prose.

Quelques mots

22 août, 2019

« Vous avez remarqué ? »

« Quoi encore ? »

« Dans la langue, il y a des mots qui servent à des tas de choses différentes. Par exemple : machin, chose, truc… mais je voudrais vous parler du mot ‘produit’ qui m’inquiète un peu. »

« Allons bon, approfondissons ! »

« Le produit de 2 par 2, c’est 4. »

« Passionnant. »

« Mais nous parlons aussi du produit de beauté, du produit désodorisant, du produit anti-moustiques, du produit de nettoyage, etc… »

« Autrement dit, on dit ‘produit’ pour désigner un truc dont on ne connait pas la composition. »

« Tout à fait. Mais le produit, cela peut-être aussi ce que donne la culture d’une terre. On parle souvent du produit de la terre. »

« Ce qui n’a rien à voir avec un produit de beauté, ni avec la table de multiplication. On en apprend de bonnes avec vous.  Il y en a d’autres des mots qui disent des choses différentes, maître ? »

« Bien sûr ! Par exemple, le mot éclat. On peut parler d’éclat d’obus, mais aussi d’éclat de beauté de mes yeux. C’est amusant : le même mot a des allures guerrières, mais aussi une connotation futile. »

« On ne dirait pas comme ça, mais la langue est pleine de bizarreries. »

« Le mot cloche est tout à fait passionnant. Je vous passe son utilisation comme interjection pour désigner un individu pas très malin. La cloche, c’est l’ustensile qui fait du bruit par l’intermédiaire d’un battant. Mais on peut utiliser le mot cloche en fromagerie : la cloche à fromage. »

« Si je comprends bien, le mot désigne plus la forme de l’objet que l’objet lui-même. »

« Tout à fait. D’ailleurs, à propos de la cloche de l’église, on parle de sa robe pour désigner son profil qui ressemble au vêtement féminin. »

« D’autres exemples, Maître ? »

« Avez-vous réfléchi au mot milieu ? Ce dernier peut désigner aussi bien un point, par exemple le centre d’un cercle, mais il peut aussi nommer un vaste environnement. En effet, vous dites souvent : ‘dans mon milieu professionnel’. N’est-ce pas ? »

« Absolument, Maître ! »

« Et ‘demeure’, vous ne trouvez pas ce mot étrange. C’est votre maison. Mais si je vous mets en demeure, ça veut dire que je vous commande. Je ne vous parle pas du participe ‘demeuré’ qui s’emploie dans l’agréable expression ‘espèce de demeuré’. »

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