Archive pour juillet, 2019

Un chasseur

11 juillet, 2019

« Il parait que vous aimez la chasse ? Vous chassez quoi ? »

« J’ai voulu faire un stage de chasse à l’ours l’an dernier, mais Josiane n’a pas tellement apprécié. Elle ne m’a pas autorisé à affronter l’ours à mains nues. »

« Et la chasse à courre ? »

« Non plus, elle dit que je ne sais pas jouer du cor, et d’ailleurs que je ne sais pas jouer de grand-chose. De toute façon, j’étais ridicule dans l’habit traditionnel des chasseurs. »

« Le lièvre, peut-être ? »

« Ce n’est pas possible, mon chien en a peur et moi, je ne cours pas assez vite. De toute façon, Josiane me dit que je ne sais pas me servir d’un fusil sans mettre en danger mes camarades. »

« On se demande pourquoi vous êtes chasseur. »

« Parce que j’aime les petits matins glauques ainsi que l’ambiance saine et virile entre copains. »

« Vous pouvez vous lever à l’aube sans forcément partir à la chasse, quant à l’ambiance saine et virile, vous pouvez la trouver au bistrot du bout de la rue, chez la mère Boudingrin. »

« Et la communion avec la nature ? Hein ? Qu’est-ce que vous en faites ? »

« Vous pouvez toujours emmener, Josiane pour un pique-nique dans les bois, ça communique bien. »

« Non ! Elle me critique toujours ! T’as oublié les serviettes, le sel, le saucisson et gnagna et gnagna… Comment voulez-vous que je me sente en harmonie avec la nature dans ces conditions ? »

« Enfin bref, vous êtes un chasseur qui ne chasse pas. Et la pêche, ça vous tente ? Josiane est d’accord ? »

« Oui, à condition que je ne prenne pas de poisson. Elle dit qu’on ne doit pas attenter à la vie d’autrui et – qu’en conséquence – je peux très bien laisser tremper ma ligne dans l’eau en pure perte. De toute façon, vider un poisson, ça la dégoute et moi aussi. Alors… »

« Donc, vous n’êtes pas pécheur non plus. Pour goûter au frisson de l’aventure, vous faites quoi ? »

« Il me reste les parties de croquet avec Josiane, à condition de la laisser gagner. »

 

Le courrier

10 juillet, 2019

« Vous avez remarqué ? »

« Quoi encore ? »

« On ne s’écrit plus de lettres à la main. On s’envoie des mails. Pourtant les courriers manuscrits, ça avait de la classe. Vous vous rappelez ? »

« Mon pauvre ! On n’en est plus à savoir ce qui a de classe ou pas. On est dans l’efficacité. Et puis c’est tout. »

« Pourtant, quand on écrivait à la plume d’oie sur un parchemin que l’on scellait de son sceau personnel… »

« Euh, maintenant, c’est mail et puis c’est tout. Même la poste est obligée de se reconvertir. C’est au point où l’une des phrases les plus prononcées dans la journée, c’est : t’as reçu mon mail ? »

« … et puis quand j’avais rédigé ma lettre dans un style raffiné, j’agitais une clochette, mon valet se précipitait et je pouvais lui commander : veuillez remettre ce pli à monsieur le comte X. En mains propres, bien entendu. Correspondre, ça avait de l’allure ! »

« Oui, enfin… ça, c’était il y a très longtemps. Essayez maintenant de faire partir votre mail en agitant une clochette … »

« Et le style de vos mails, vous avez vu le style. On ne comprend rien, c’est plein de faute. Il n’y a même plus de formule de politesse. Dans le temps, on pouvait écrire : je vous prie de bien vouloir croire, mon altesse royale, en l’assurance de mes respectueuses et honorables salutations. »

« Maintenant, c’est : salut ! Et puis c’est tout ! »

« Vous m’autorisez à vous envoyer une lettre comme dans le temps ? »

« Moi, je veux bien, mais il va falloir trouver un cavalier pour me l’apporter. En mains propres, bien entendu. Et moi, je vous répondrai par mail. »

« Et les cartes postales ? Pourquoi on ne s’envoie plus de cartes postales. C’était sympa de penser à moi quand vous étiez en vacances. »

« Bof ! J’avais un lot de formules-types que j’utilisais pour tout le monde du genre : bon souvenir de… Et puis pour allonger un peu, je faisais comme tout le monde aussi : on disait toujours qu’on passait de bonnes vacances sous le soleil, même quand on prenait la pluie. Autant utiliser les messages standards dans une bonne messagerie. »

« Les traditions se perdent. La demi-journée consacrée – en plein mois d’août – à rédiger vingtaine de cartes postales, en recopiant le même texte, c’était un moment d’un intérêt absolument délirant. »

C’est un four

9 juillet, 2019

Dans la foule

Je suis fourbu.

J’ai des fourmis.

La foudre

Sur mon fourbi !

Dans mon fourgon,

C’est fouillis.

J’ai perdu mon foulard.

J’en ai rien à foutre.

Les automates

8 juillet, 2019

« J’ai honte, j’agis comme un automate. »

« Comment ça ? »

« Par exemple, quand on me dit : comment ça va ? Je réponds : très bien, même si ça va très mal. »

« C’est idiot, mais on en est tous là. La seule manière de s’en sortir, c’est d’être le premier à dire : comment ça va. Pour mettre l’autre dans l’embarras. »

« Et quand je rentre chez moi le soir, je pousse la porte et je dis : qu’est-ce qu’on bouffe ce soir ? C’est automatique ! Même si je n’ai pas faim. »

« Moi aussi, quand je franchis le seuil de ma maison, j’ai une phrase qui me vient tous les jours, sans que je le veuille vraiment : quelle journée de m… »

« Quand je me couche pour la nuit, j’enlève ma montre et je la mets toujours au même endroit ! Je pourrais changer d’endroit ! Eh bien non ! »

« Remarquez, on n’est pas les seuls à subir une espèce de programmation automatique. Figurez que tous les matins, j’entends Josiane me dire : n’oublie pas de descendre la poubelle ! »

« Effectivement, c’est très agaçant. En plus, on dirait que tous les automates ont été programmés de la même manière. Vous ne pouvez pas savoir le nombre de gens qui me disent dans la même journée : t’as reçu mon mail ? »

« Le grand manitou des ordinateurs humains n’épargne pas les enfants. Au contraire, plus il programme des jeunes, plus il se frotte les mains. Il faut voir le nombre de fois où mes gamins me sortent : c’est clair ! Ou alors : c’est trop bien ! Ou encore : grave ! »

« Le Grand Informaticien est engagé dans une œuvre néfaste de destruction du langage humain. C’est clair… Enfin, si j’ose dire. »

« La preuve, c’est que lorsque mon patron me dit qu’il a une nouvelle mission pour moi, je m’entends lui répondre à tous les coups : je suis surbooké ! »

« Non seulement le volume de notre vocabulaire se rétrécit, mais dans ce qu’il en reste on trouve de plus en plus d’anglicismes. »

« Aucune importance. Bientôt, on ne communiquera plus que par onomatopées. Avez- vous remarqué qu’on dit de plus en plus : yes ! »

Chuintements

8 juillet, 2019

Dans les champs

De pois chiche,

Je cherche

Le chouchou,

Cette chochotte

Qui fait des chichis.

Il joue à cache-cache

En chuchotant

Avec son chien-chien.

L’histoire d’un gringalet

3 juillet, 2019

Le gringalet lance un galet.

Il est à la masse cet hommasse.

Il n’est pas robuste du buste.

Après la messe, il va à la kermesse.

Au bar, il rencontre un loubard.

Ce lascar est venu en car.

Ce gars fabriquait des nougats.

Il lui raconte tard des racontars.

Un affectif

2 juillet, 2019

« Parlez-moi avec tendresse ! »

« Avec QUOI ? »

« Avec tendresse. J’ai besoin de sentir l’affection que vous avez pour moi. »

« Vous ne voudriez pas en plus que je vous prenne dans mes bras. Soyons sérieux Dugenou ! Nous sommes entre professionnels ! »

« Peut-être, mais je fonctionnerais mieux si je me sentais entouré de chaleur et de de reconnaissance. »

« Ecoutez ! Ce n’est pas mon rayon. Pour ça, voyez votre femme ou votre petite amie, ce sera plus efficace. »

« Je vois un éclair méchant dans votre œil droit quand vous me parlez, ça me terrorise. Vous ne pourriez pas y mettre un peu d’aménité ? »

« Je vous défends de qualifier l’éclat de mes yeux, Dugenou ! »

« Je vous manque quand je ne suis pas là ? Vous pourriez poser ma photo sur votre bureau, à coté de celle de votre chien. »

« Dugenou ! Vous ne me manquez pas du tout et je vous prie de laisser mon chien tranquille ! »

« Le matin, quand je vous apporte votre café, nous pourrions échanger quelques mots sur la vie. Vous pourriez me demander au moins si j’ai bien dormi et j’en ferai de même. »

« A propos du café, j’aimerais mieux que ce soit Samantha, la secrétaire qui me l’apporte. Avec elle, je trouve toujours quelque chose à dire. »

« Le dimanche, vous ne voulez pas que nous fissions notre jogging ensemble dans les allées du parc. »

« Non, je n’y tiens pas. Vous ne courez pas assez vite. »

« Je trouve tout de même que nous gagnerions à avoir plus d’échanges. J’ai un point de vue très affuté sur la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. En vous, de quoi voulez-vous parler ? Je sens que vous êtes un féru de littérature. »

« Pas du tout. J’ai tout juste le temps de lire mon hebdomadaire de télé. D’ailleurs, je n’ai pas de temps pour quoique ce soit. Si vous pouviez vous contenter de passer l’aspirateur dans mon bureau, je vous porterais sûrement beaucoup d’affection. »

En bas !

1 juillet, 2019

Aux Pays-Bas

Là-bas,

Dans une isba,

Je joue du tuba,

Je danse la rumba,

En djellaba

Et je mange des gambas.

C’est la nouba,

J’en suis baba.

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