Archive pour juillet, 2019

Le Perse Persifleur

31 juillet, 2019

Ce personnage

Aux yeux pers,

C’est un Perse

Persécuté.

Derrière ses persiennes,

Il persévère.

Il persifle

Avec persistance.

Un homme de décision

30 juillet, 2019

« Je vais prendre des décisions ! Je ne suis pas un mou du genou, moi ! »

« Bravo ! Dans quel domaine ? »

« Ah bon, il faut un domaine ? »

« Oui, c’est mieux. Vous, vous n’avez pas beaucoup de choix à trancher. Vous dormez, vous allez bosser, vous mangez, vous revenez à la maison, vous engueulez vos gamins, vous allez vous coucher et le lendemain, ça recommence ! »

« Je pourrais décider d’aller au marché le samedi matin, au lieu de trainasser au lit. »

« Non, vous avez déjà essayé. Le problème, c’est que ça vous a fatigué, vous avez fait la gueule à Josiane, votre femme, qui a fait un tas d’histoires à cause de votre manque d’entrain. »

« Vous avez raison, il me faut des décisions moins risquées. Je pourrais choisir autre chose que des carottes râpées à la cantine. »

« Allons, allons ! Vous savez bien que vous ne digérez pas la salade de concombre ! »

« C’est vrai que mon pouvoir de décision est restreint. Et si j’organisais une révolte avec mon voisin Dugenou. Il voulait aller en vacances à Palavas-les-Flots et hop ! Il s’est retrouvé au pied du Mont Blanc, sa femme l’avait décidé. »

« Soyez raisonnable : ce n’est pas possible de vous révolter. »

« Ah bon ? Et pourquoi, je vous prie ? »

« Parce que vous êtes le peuple et que le peuple ne décide de rien, surtout pas de prendre le pouvoir de décision. Quand il a essayé de prendre le pouvoir, ça s’est toujours mal terminé. »

« Mais enfin Dugenou pourrait bien décider de la destination de ses vacances sans que ça constitue une révolte populaire. »

« On est toujours le peuple de quelqu’un. »

« Si je comprends bien, un bon peuple c’est un ensemble composé de gens qui ne décident de rien ! »

« Oui, sinon on est en pleine démocratie. C’est ça que vous voulez ? »

« Ce serait bien. »

Petit bonheur

29 juillet, 2019

A Feurs,

Le jour se meurt.

A cette heure,

Sans peur

Et avec cœur,

Ma sœur

Bat le beurre.

Ce n’est pas un leurre.

Conversation

28 juillet, 2019

« Vous avez un sujet de conversation ? »

« Euh… je pourrais m’interroger à haute voix sur la canicule, en me désolant sur ses effets néfastes sur l’agriculture. »

« Non, ça ne m’intéresse pas, j’ai déjà entendu ça à la télé hier soir. »

« Vous qui êtes si malin, vous en avez un, un sujet de conversation ? »

« Oui, j’ai la réussite de mon gamin au bac. Mais ne me demandez pas ce qu’il compte faire avec ça, je ne suis même pas sur qu’il ait compris qu’il devait faire quelque chose ! »

« Bon… ça ne m’intéresse pas non plus. »

« Nous pourrions nous demander si nous partons. En plein été, ça se fait. »

« Oui, mais non. D’abord, je me demande pourquoi les gens éprouvent le besoin de ficher le camp de chez eux dès qu’ils sont en congé. Ensuite, imaginez que je n’ai pas les moyens de m’offrir des vacances en bord de mer, vous seriez bien gêné de me poser ce genre de question. »

« Je ne peux pas non plus vous demander ce que vous lisez actuellement. Si vous êtes complètement inculte, je vais vous embarrasser aussi. »

« Le mieux serait de trouver un sujet sur lequel nous serons forcément d’accord. Par exemple, plaignions-nous de nos gamins respectifs. Il y a bien des chances que nous ayons les mêmes, c’est-à-dire des êtres à deux pattes qu’on ne peut pas décoller de leur écran. »

« Voilà un bon sujet. Nous pourrions prolonger en nous rappelant d’un air entendu que nous étions beaucoup plus cultivés qu’eux à leur âge. »

« Super ! Nous venons de gagner trois minutes et demie de conversation. Vous en avez d’autres comme ça ? »

« C’est-à-dire que tant que le championnat de Ligue 1 n’a pas repris, c’est délicat. Je ne peux même pas vous dire : t’as vu le match hier soir ? »

« Je connais un sujet qui supporte toutes les saisons : les grèves dans les transports. Si ce n’est pas les trains, c’est les avions, … On peut se plaindre été comme hiver, tout en trouvant légitime le combat de salariés pour leur droit, évidemment. »

« Finalement, la plupart de nos conversations consistent à gémir sur notre propre sort. On se demande comment faisait nos ancêtres pour causer entre eux. »

« D’autant plus qu’ils n’avaient pas le foot à la télé, ni Pc, ni téléphone portable pour comparer leur nombre de Mégas je-ne-sais-quoi… »

« Dans les salons on se gaussait des aventures extraconjugales d’un tel avec une telle, ou alors on conspirait contre le roi. »

« De ce point de vue, on s’est bien adapté. Nous pourrions rire de Dugenou qui fait du gringue avec la mère Duchamp de la compta. Pour ce qui est de conspirer, on peut parler de nos gilets jaunes. »

« Là, on est bon. On peut tenir dix minutes ! »

On va casser les oeufs

27 juillet, 2019

Le chevalier véreux

Au teint cireux

Et terreux

Est affreux.

Il n’est pas heureux

Ni amoureux.

Ce n’est même pas un preux.

Quel récit foireux.

Belle affaire !

26 juillet, 2019

Dans cette affaire

Il a à faire

A un chargé d’affaires

Au golf, dans le fairway

Avec fair-play

Et savoir-faire.

Après, ce sera un bras de fer,

Au cours d’une déjeuner d’affaires.

Dire du mal

25 juillet, 2019

« Je peux dégoiser sur votre compte ? »

« Je n’y tiens pas. »

« Si je ne peux plus dire du mal de qui que ce soit à la cantine, je vais m’ennuyer. Vous pourriez faire un effort. »

« Vous pourriez dire du bien de moi à vos copains. »

« C’est beaucoup moins intéressant. Nous, il faut que nous ayons des vacheries à proférer sur le dos des autres quand ils ne sont pas là. »

« Désolé, mais je ne vais pas me rendre complice de conversations minables entre êtres incultes. »

« Parfait ! Je vous remercie, je vais pouvoir affirmer que vous êtes un individu hautain qui prend les autres de haut ! Je suis sûr que tout le monde sera d’accord ! »

« Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? »

« De mieux en mieux ! Je vais développer une nouvelle idée : vous ne tenez aucun compte de l’avis des autres. Vous vous prenez pour Dieu le père. »

« C’est complètement idiot ! »

« Super, vous êtes insultant avec le personnel maintenant. Avec ça, je vais tenir la vedette autour de la machine à café pendant un mois ! Vous n’auriez pas quelque chose d’autre dans le même genre ? »

« Je refuse de poursuivre cette conversation ! »

« Merci, merci, merci ! Là, c’est le must !  Vous refusez le dialogue social ! »

« Très bien ! Dans ces conditions, j’établis mon bureau auprès de la machine à café et je vais passer mon temps à suggérer que vous êtes atteint d’une forte pathologie mentale ! »

« Personne ne vous croira. C’est vous qui allez passer pour un cinglé ! »

« Bon, alors je supprime la machine à café. »

« Aucune importance, il reste le local à photocopieuse. Vous ne pouvez pas imaginer ce qui se dit là-dedans ! »

« Vous m’énervez ! Désormais : interdiction de parler dans les bureaux ! A la cantine, on mange en silence ! Comme au monastère ! »

Le gosse d’Ecosse

24 juillet, 2019

En Ecosse

Le gosse

Sur le carrosse

Véloce

Tombe dans une fosse.

Il a une grosse

Bosse.

C’est rosse.

C’est même atroce.

Déconseils

23 juillet, 2019

« Il parait que vous vendez des conseils. »

« Non, ce sont des  « déconseils ». Je dis ce que vous ne devriez pas faire. En revanche, ce que vous devriez faire, je n’en ai aucune idée. »

« Je peux avoir un échantillon. »

« Par exemple, je peux vous déconseiller des projets pour vous éviter des misères pendant vos vacances. »

« Oui, je sais : il vaut mieux éviter la Syrie ou la Corée du Nord. »

« Pas seulement. Je peux aussi vous déconseiller de mettre le maillot de bains de l’an dernier dans votre valise. L’idée que vous puissiez aisément rentrer dedans est risible. Votre corps empâté débordera surement et vous n’aurez pas votre succès habituel sur la plage. »

« C’est un sage déconseil !  Il est plus judicieux que les prestations de certains de vos concurrents qui vous déconseillent d’emprunter l’autoroute A7 le 15 juillet en allant vers le midi ou le 15 août en en revenant. »

« Je ne donne que des déconseils utiles. Par exemple, je vous déconseille de croire que vous aller vous mettre au sport à la rentrée. Vous n’avez pas la volonté nécessaire. »

« C’est un peu rude, mais il y a quelque chose de vrai ! »

« Notez que certains vous conseilleront de prendre un abonnement à une salle de sport pour vous déculpabiliser, sachant très bien que vous n’irez pas. Ceux qui suivent ce conseil croient apaiser leur mauvaise conscience, mais trois mois plus tard, ils se sentiront coupables d’avoir acheté quelque chose pour se déculpabiliser. »

« Vous me déconseillez donc le sport : je me sens tout de suite mieux. »

« Non, je vous déconseille d’élaborer l’idée que vous pourriez faire du sport. »

« Vous en avez d’autres ? »

« Oui, par exemple, je vous déconseille de croire à l’amour éternel. »

« Josiane ne va pas être ravie. C’est qu’elle y croie, elle. »

« Elle va être déçue. Vous comprenez mon concept ? Je déconseille de croire à des trucs qui n’existent pas. Par exemple, je vous déconseille de penser que la France pourrait gagner la prochaine coupe du monde de rugby. C’est une idée sans fondement.»

Vues doubles

22 juillet, 2019

Cette frivole vole.

Elle vit avec un concubin cubain.

Ce cubain prend des bains.

Elle a envoyé paître le garde-champêtre.

Qui a fait son baluchon pour Luchon.

Il croise un mandarin qui mangeait une mandarine.

Et des méchants dans les champs

Qui ont des têtes comme des citrouilles qui fichent la trouille.

 

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