Archive pour juin, 2019

Tous connectés

30 juin, 2019

« Vous savez que maintenant, vous devez parler à vos objets puisqu’ils sont tous connectés. »

« Ah bon ? Il ne manquerait plus que ça. »

« Oui, vous dites : ‘Mets-moi de la musique, machin ‘ et il vous met de la musique. Vous n’avez plus besoin d’une chaîne stéréo dont vous n’avez jamais compris le fonctionnement. »

« Ce n’est pas mal, en effet. »

« Vous pouvez lui demander de fermer vos volets, aussi. »

« Et si le volet se coince, il répare ? »

« Non. La, il faut appeler le SAV. Dans les horaires d’ouverture, évidemment. »

« Dans le temps, quand le volet se coinçait, je lui mettais un bon coup de lattes dans les mandibules et ça repartait. »

« Oui, mais non. C’est plus comme ça qu’on fait maintenant. Vous pouvez aussi demander à vos objets de préparer le café du matin. « 

« Et si le paquet de café est vide, est-ce que la cafetière descend en chercher à l’épicerie de la mère Duchmol ? »

« Pour la télé, c’est un progrès, On n’a même plus à manipuler des télécommandes pour changer de chaînes ! Vous dites la chaîne que vous voulez et hop ! La télé comprend ! »

« Avant je pouvais cacher la télécommande à Josiane pour pouvoir mettre les matchs de foot, maintenant si on est obligé de se crier dessus pour choisir le programme, la télé ne va rien comprendre. »

« Sinon, vous pouvez aussi demander à votre robot de vous réciter un poème de Victor Hugo, ça vous cultiverait un peu pendant que vous mettez vos pantoufles. »

« D’accord, je vais m’acheter un aspirateur connecté. Vous croyez qu’il va monter les escaliers si je lui demande poliment ? »

« Ça m’étonnerait un peu, mais les sud-coréens son très inventifs. »

« Et pour régler mes factures, je fais comment ? Il y a un robot qui paie tout ? »

« Non, ça c’est le rôle des prélèvements automatiques. Vous réglez toutes vos factures comme ça. Vous ne vous occupez de rien et comme ça vous êtes à découvert à la fin du mois. »

« Mon banquier, il est robotisé aussi ? »

Autant en emporte le vent

29 juin, 2019

Ivan

Est Vivant.

Il vend

Du vent

Dans le Morvan.

A l’avant

De son van,

Il dort sur un divan.

 

La forêt

28 juin, 2019

Dans mon boulot,

Il y a des cactus,

Je prends des pins,

J’ai des chaînes,

Mais je suis un être

Plein de charme.

Je ne commets pas de péchés.

Où ?

Près de mon arbre.

Querelle de voisinage

27 juin, 2019

« L’odeur de votre barbecue me dérange, monsieur. »

« Et vous, l’étendage de votre linge me bouche la vue sur la campagne. »

« Puisqu’il en est ainsi, nos avocats régleront cette affaire devant le Tribunal. Nous chicanerons à loisir. »

« Comment ? Vous entendez priver un honnête citoyen comme moi de la jouissance de l’institution estivale dont bénéficie chaque français : le barbecue de plein-air agrémenté d’un petit rosé. Vous n’avez qu’à supprimer le Tour de France pendant que vous y êtes. »

« Quant à mon linge… Vous vous rendez compte que vous tentez de m’obliger à utiliser une machine à laver qui gaspille de l’énergie alors que Dame Nature, par son soleil généreux, nous offre un lave-linge entièrement gratuit. »

« Ce n’est pas Dame Nature qui est obligé de faire sa sieste devant vos sous-vêtements.»

« Puisqu’il en est ainsi, je vais également contester la tenue de vos parties de pétanque au cours desquelles vous poussez de grands cris grivois ! »

« Et si on parlait de votre pauvre chat qui vient quémander de la nourriture chez moi. Nous sommes en plein dans de la maltraitance animale. Vous pouvez préparer votre baluchon pour le pénitencier. »

« Nous nous y retrouverons, monsieur, car j’ai bien constaté que vous lorgnez Josiane par-dessus la haie qui nous sépare avec un regard que je n’oserai même pas qualifier ! Nous sommes en plein harcèlement sexiste ! Josiane n’en dort plus ! Elle doit sortir avec une canadienne pour traverser le jardin ! »

« Et si nous réglions ça à l’amiable ? »

« Bon d’accord. Tout irait mieux si vous m’invitiez à votre barbecue annuel au lieu de m’imposer ses fumées. »

« Euh… c’est-à-dire que je reçois du beau monde, ce jour-là. Alors, vous comprenez… Ce serait mieux si je pouvais venir chez vous pour profiter de votre piscine. »

« Je vous vois venir. Vous voulez aussi profiter de la vue de Josiane en maillot de bain. Je ne vais pas l’habiller en manteau d’hiver tout l’été. »

« Dois-je en conclure que vous refusez mes propositions de compromis ? »

« Non, le mieux, c’est que nous allions squatter chez Dugenou. Il fait un barbecue, il a une machine à laver, il ne joue pas à la pétanque, il n’a pas de chat et sa femme ne porte pas de maillot de bains ! »

 

 

 

 

 

 

 

Le pas laid au palais joue au palet

26 juin, 2019

Il n’est pas laid

Quand il joue au palet.

Il fait ce qui lui plaît,

Dans son palais.

La nuit, il est sous son plaid.

Un valet

Ferme ses volets

Violets.

C’est complet !

Il s’y complait !

La peur

25 juin, 2019

« J’ai peur de tout. »

« Oh, mon pauvre, ça doit être très désagréable. »

« Dans la rue, les gens me regardent d’un air louche, je suis obligé de marcher à reculons pour éviter les attaques par derrière. »

« Vous avez raison les gens sont méchants. »

« Au bureau, je marche en me pliant en deux pour éviter les jets de projectiles : agrafeuses, dictionnaires ou autre… »

« De quoi avez-vous peur ? »

« Je ne sais pas. Généralement, on a peur de l’inconnu. Si je connaissais ce qui me fait peur, ça ne me ferait pas peur. Vous comprenez ?»

« Si je comprends bien, c’est pathologique ! »

« Oui, même vous avec vos gros yeux et vos grandes oreilles, vous me faites peur. Etes-vous sûr que vous n’êtes pas animé de mauvaises intentions à mon égard ? »

« Non, moi je suis sympa. »

« Les gens sympas me font encore plus peur que les autres. Il se peut que vous soyez sympa pour mieux tromper ma vigilance. C’est une incertitude assez stressante. Soyez un peu moins sympa ! »

« Avez-vous pensé que les autres puissent avoir peur de vous ? »

« Ah ben, non ! Je ne vois pas comment les gens pourraient avoir peur de quelqu’un qui a peur d’eux. »

« Personne n’aime les peureux, enfin…ceux qui paraissent peureux, ça bouscule les repères sociaux. Parmi les gens « normaux » personne n’a peur de personne. Vous, vous déstabilisez tout le monde. »

« Eh voilà… ça va être encore ma faute. »

« J’en ai bien peur. »

« Ah vous voyez ! Vous avez peur aussi ! Je vous file la pétoche ! Un peu de courage, mon vieux ! On n’est pas entre poules mouillées. »

« Vous ne comprenez rien : il y a des peurs convenables et des peurs idiotes. Moi, j’ai des peurs sympas. »

Oui et non

24 juin, 2019

Louis

Le compagnon

De Manon

Qui a un ânon,

Tient un boui-boui

Avec son ouistiti

Qui a des problèmes d’ouïe.

Je le sais par ouï-dire.

Choisir

23 juin, 2019

« Vous préférez la mer ou la montagne ? »

« Ça dépend. A la mer, il fait souvent trop chaud, mais à la montagne il fait souvent trop froid. Tout est fonction du temps. »

« Vous préférez le thé ou le café ? »

« Ça dépend. Dans une ambiance cosy, avec ma belle-mère par exemple, je prends du thé. Au bureau, il me faut un coup de fouet pour me coltiner le patron, alors je prends du café. »

« Vous préférez les chiens ou les chats ? »

« Ça dépend. Les chats, c’est plus malin et plus câlin. Mais pour garder la maison, les chiens sont meilleurs. »

« Je ne vous demande pas si vous préférez la droite ou la gauche, je suppose que vous voulez être de tous les côtés en même temps. »

« Vous en avez de bonnes avec vos questions ! Moi, au moins je ne suis pas sectaire, je sais adapter mes réponses en fonction des circonstances. »

« Voilà qui s’appelle de l’indécision molle. »

« Pas du tout, c’est de l’intelligence. J’aime bien la mer, mais je n’ai pas l’intention d’attraper une insolation si le soleil tape trop fort. »

« Quand on aime quelque chose, monsieur, on aime tous les inconvénients qui vont avec. Par exemple, moi j’aime Ginette et tous ses inconvénients. »

« Et alors ? Moi j’aime Josiane, même s’il ne reste plus que les inconvénients. »

« Et je ne vois pas ce qui vous empêche de prendre du café chez votre belle-mère. Vous dépendez trop de ses caprices. »

« On voit bien que vous ne la connaissez pas. On voit bien que ce n’est pas vous qui allez encaisser les remarques de Josiane si je prends du café chez sa mère. »

« En somme, vous ne vous posez pas la question d’aimer ou de ne pas aimer. Ce qui vous préoccupe, c’est de ne pas avoir d’ennuis. »

« Absolument, ça vous plait vous les ennuis ? Ça vous plait de supporter les jérémiades de Ginette toute la journée parce qu’elle veut absolument un chien, alors que vous lui avez imposé Buffalo Bill, votre persan préféré ? »

« Moi, au moins, je ne suis pas un mou. Personne ne m’aime, mais je ne suis pas un mou ! »

L’histoire de la bergère du Pô

21 juin, 2019

Le long du Pô,

Le repos.

Des troupeaux

Dont la bergère joue du pipeau.

Sous ses oripeaux

Nue est sa peau.

Si elle est dispo

Pour écouter mes propos

J’aurai du pot.

Tout a-t’il été déjà dit ?

20 juin, 2019

« Je ne suis pas inspiré. »

« Allons bon ! Vous n’avez plus d’idées pour écrire ? »

« Oui. Depuis le temps que les hommes écrivent, il est douteux que personne n’ait jamais écrit ce que je vais écrire. »

« Il est vrai, monsieur, que le nombre de mots, quoique très élevé est limité. Donc le nombre de leurs combinaisons possibles est borné également. »

« Je suis désolé d’être en train d’écrire la même chose que ce qu’un autre être humain a déjà écrit, auprès duquel je m’excuse. »

« Vous ne connaissez pas son nom ? »

« Non, comment voulez-vous que je le connaisse ? D’autant plus qu’ils sont peut-être plusieurs. »

« Finalement, on est tous pareils. Chacun de nous pense ce que d’autres personnes pensent ou ont pensé. Nous avons des jumeaux de pensée. »

« C’est tout de même assez énervant. Quand j’écris quelque chose, j’ai toujours l’impression de créer quelque chose d’original et accessoirement de génial alors que je ne fais que plagier quelqu’un sans m’en rendre compte. »

« Le mieux, ce serait peut-être d’inventer un alphabet et des mots nourris de cet alphabet. Comme ça vous seriez sûr que personne n’osera vous copier. »

« Très bonne idée, monsieur, je vais y travailler. En attendant, je ne peux pas m’empêcher de penser que d’autres ont formulé la phrase que je viens d’exprimer. Nous sommes donc plusieurs à vous dire que je vais y penser. »

« Je remercie tout le monde. Mais avouez quand même qu’écrire au mot près un livre qui aurait été écrit par un autre ce serait un comble de malchance. »

« Avec la poisse qui me colle, ça ne m’étonnerait pas que ça me tombe dessus. Je risque le plagiat ! »

« Peut-être êtes-vous en train d’écrire ce qu’à écrit Voltaire ou Rousseau dans l’une de leurs correspondances. »

« Ah bon ? Vous trouvez que ça ressemble ? »

« Je n’en sais rien, mais le hasard pourrait vous faire écrire comme un grand auteur. »

« Ou alors comme un bandit de grands chemins. »

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