Complaisance

« Vous êtes bien complaisant, monsieur. »

« C’est normal, monsieur. La vie serait bien plus facile pour tous, si chacun était agréable avec autrui. »

« C’est ça le problème : si vous êtes plaisant avec moi, je suis quasiment obligé d’être plaisant avec vous, même si je ne vous aime pas. »

« Moi, je ne vous aime pas non plus, mais ça n’a aucun rapport avec les règles du bien-vivre ensemble. Donc, vous devez être complaisant avec moi. Vous pourriez par exemple me prêter votre voiture, elle est plus belle que la mienne. »

« C’est-à-dire que j’y tiens à ma voiture. »

« Et voilà ! Vous n’êtes pas complaisant. Vous devez me rendre des services. Par exemple, proposez-moi de tondre ma pelouse. »

« Puis-je tondre votre pelouse, monsieur ? »

« Non, vous tondez mal. Quand on propose un service, on s’assure qu’on dispose de la compétence pour mener à bien la prestation. »

« J’ai une meilleure idée : je vais être complaisant sans vous rendre service. Par exemple, je vais vous féliciter pour votre magnifique pelouse, chaque fois que je vais passer devant chez vous. »

« C’est bien, mais c’est insuffisant. Admirez-moi plutôt pour mon allure sportive et mon teint hâlé. »

« Mon Dieu, c’est vrai. 0ù avais-je la tête ? Quel bel homme vous faites ! »

« Vous êtes bien complaisant, monsieur, mais je perçois un peu d’ironie dans votre remarque. Soyez plus sincère et plus spontané. »

« Quelle belle leçon de savoir-vivre vous me donnez là. Ne seriez-vous pas légèrement arrogant et prétentieux ? »

« Si ! Comment le savez-vous ? »

« Une impression, comme ça… »

« Pour être complaisant avec moi, vous devez essayer de faire semblant de pas savoir que je suis orgueilleux. »

« Si je comprends bien, il faut gérer les apparences pour vivre harmonieusement en société. »

« Oui. C’est simple, il faut être agréable avec les gens que vous n’aimez pas. Vous pouvez réserver votre mauvais caractère avec ceux que vous aimez. »

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