Archive pour avril, 2019

Un grand séducteur

18 avril, 2019

« Tu me trouves séduisant ? »

« Plus ou moins. »

« Voilà une réponse ambigüe. Il faudrait être plus précise. Par rapport à Georges, par exemple, je suis plus séduisant ! »

« Oui, mais là tu n’as pas beaucoup de mal. Ce pauvre Georges ne séduit personne, sauf madame Duplantier, sa concierge. »

« Bon ! et par rapport à Dugenou ? Tu sais bien, mon collègue qui marche en canard ? »

« Là, c’est kif-kif. Dugenou marche peut-être en canard, mais il a une bonne dose d’humour, lui ! »

« J’en étais sûr ! Pour vous plaire, vous les femmes, il faut vous faire marrer. Tu te rends compte que la vie n’est pas toujours drôle. »

« Oui, j’avais remarqué, mais ce n’est pas une raison pour la traverser en faisant une tête d’enterrement. »

« N’empêche que ton attirance pour Dugenou me déçoit beaucoup Marthe. As-tu bien intégré qu’il est nul en tennis ? »

« Peut-être, mais il a un sourire ravageur, lui ! »

« Bon, alors prenons Mollard. Tu sais bien Mollard ! Tu ne vas me dire que Mollard est plus séduisant que moi. »

« Euh… Je ne dirais pas qu’il est beau, mais il a déjà conduit des voitures de course, lui ! »

« Qu’est-ce qu’elle a ma Twingo ? »

« Rien. C’est toujours mieux que ton ancienne 4 L. »

« Si j’ai bien compris, je bats Georges, mais je ne te plais pas plus que Dugenou et Mollard. »

« C’est-à-dire que Dugenou et Mollard ont traversé la Sibérie à cheval, pendant que certains se faisait cuire sur la plage de Grau-du-Roi. Ils ont plein de choses intéressantes à raconter. »

« Si je t’ai bien suivi, tu ne tiens aucun compte de ma beauté physique. »

« Ben… non ! »

Mince.

16 avril, 2019

« Ah mince, j’ai encore grossi ! Je n’aurais peut-être pas dû m’acheter cette balance électronique. Elle est impitoyable. »

« Et moi, alors ! J’ai essayé tous les régimes et… ça ne m’a rien fait. Ce sont des arnaques ! »

« Moi, je n’ai rien essayé et ça ne m’a rien fait non plus. Je suis toujours au même poids. »

« On dirait que les marchands de régime minceur sont de mèche avec les professionnels du textile, parce que je n’ai plus un pantalon qui me va ! »

« Moi, j’ai acheté un pantalon à ceinture extensible, mais même lorsqu’elle est élargie au maximum, ça ne va pas. »

« Pourtant je ne mange pas tellement. Il doit y avoir des trucs dans mon corps qui font exprès de me fabriquer de la graisse pendant que je ne regarde pas ! »

« C’est vrai. Pendant qu’on dort, on ne surveille rien et pendant ce temps là le corps fait ce qu’il veut, bien tranquillement, dans son coin. »

« Remarquez à nos âges, un peu de ventre, ça a son charme. On voit qu’on a affaire à un homme d’expérience ! »

« Je préfèrerais tout de même avoir une silhouette de grand sportif, avec des épaules carrées et des abdos d’enfer. »

« Ne nous plaignons pas trop. J’arrive encore à ouvrir un pot de confiture à la force du poignet. »

« Et moi je monte les deux étages à pied au bureau. Bien obligé, au service administratif, ils m’ont dit qu’il n’y a plus de sous pour réparer l’ascenseur. »

« Finalement, il faut que nous gardions la forme pour affronter les impondérables de la vie. J’ai quand même besoin de lever le pied pour botter le derrière de mon gamin de temps en temps. »

« Et moi, il faut que je courre pour attraper mon bus, je suis tout le temps en retard. Et j’en ai marre de voir le rictus de compassion du chauffeur quand il fait exprès de démarrer sous mon nez. »

« A propos, vous avez vu que le nouveau patron a décrété un running obligatoire pour tout le monde, dimanche matin. »

« On va être ridicules. »

De qui se moque-t-on ?

14 avril, 2019

« Vous passez votre temps à vous moquer des gens. Ce n’est pas très sympa. »

« Qu’est-ce que vous voulez que je fasse d’autre ? Certes, je pourrais les admirer, mais par comparaison ça me ferait prendre conscience de mes insuffisances, ce serait très frustrant. »

« Vous pourriez aussi les aimer. »

« Il faudrait que ce soit réciproque, sinon c’est encore moi qui vais souffrir. Et puis se moquer, c’est aimer un peu, non ? »

« Ou alors, vous pourriez échanger des idées tout simplement. »

« Il faudrait qu’ils aient les mêmes idées que moi, ce qui n’est pas très fréquent. A défaut, je vais être tenté de tourner les leurs en dérision, ce qui va encore me valoir des tas d’histoires. »

 « Vous n’êtes pas très convivial. Vous pourriez partager un bon repas avec les autres tout en disant n’importe quoi sur le temps, les programmes de télé, le gouvernement…Ça se fait. »

« Je préfère nettement me moquer des autres. Il y a ceux qui résistent et ceux qui me cassent la figure. Comme ça, ça sélectionne. »

« Et si les gens se moquaient de vous ? »

« Non, ça je n’aime pas tellement. Ils vont faire ça n’importe comment, alors que moi je le fais en finesse avec une ironie subtile. »

« Vous vous rendez compte que ça peut blesser vos interlocuteurs ? »

« Désolé, mais la vie est un combat. Moi, je me protège. Comme je peux. Chacun en fait autant. »

« Et ça fait longtemps que vous vous fichez de la figure du monde ? »

« Depuis l’école. J’imitais les instits. Quand ils avaient le dos tourné, évidemment. Quand on se gausse des gens, il faut avoir un certain sens de la lâcheté. »

« Et au boulot ? »

« J’étais le roi de l’imitation sarcastique à la cantine. Enfin jusqu’à ce que Dugenou me dénonce au Patron. Il a été lui dire que j’étais complètement irresponsable et donc inapte à la promotion que nous ambitionnons tous les deux. »

L’amour d’Emma

13 avril, 2019

L’âme

D’Emma

Aima

L’émir

Emile

Qui en fut ému.

Son ami

Omer

En fut amer.

Boure et boure et ratatam !

12 avril, 2019

Dans les faubourgs

De Strasbourg,

Il y a un gros bourg

Où je laboure

Pour planter des topinambours

Sans un débours.

Sonnez trompettes et  tambours :

Cette histoire n’est que calembour.

 

On va au resto ?

11 avril, 2019

« On va au restau. Je n’ai pas envie de faire à manger. »

« Oh, mince ! Il va falloir s’habiller correctement et puis il va falloir se parler. Un couple qui ne se parle pas au restau, c’est sordide. »

« T’as raison. De quoi on pourrait se parler ? »

« Evitons de discuter de ta mère, ça va m’énerver et ça va encore mal se finir. Comme hier. »

« Et la tienne, tu crois que c’est un sujet ? »

« Bon, on ne va tout de même pas causer littérature, puisque tu n’aimes pas bouquiner ! »

« Je te remercie de bien insister sur mon manque d’appétit culturel. Arrête un peu de faire ton malin. »

« Je ne vais pas te parler de mes problèmes de bureau. Mon patron m’a convoqué ce matin et m’a dit que… »

« Non, ça ne m’intéresse pas vraiment. J’ai déjà assez de problèmes avec le mien. On ne va pas se gâcher la soirée. »

« Alors, on parle de quoi ? Fais de propositions puisque tu es si forte. »

« Choisissons nos prochaines vacances, en évoquant des destinations de rêve : Tahiti, les Marquises, les Seychelles… »

« Euh, il vaut mieux évoquer autre chose : on a tout juste le budget pour aller à Palavas-les-Flots comme chaque année. »

« J’te jure, c’est simple de trouver un sujet avec toi. J’espère que tu ne compte pas sur moi pour refaire le match du PSG. »

« Bon ! Soyons simple. Nous pourrions médire des comportements des gens qui sont autour de nous. En général, il y a de quoi dire, on trouvera surement des couples ridicules dont nous pourrions rire. »

« La dernière fois, ce sont les autres qui se sont moqués de nous. »

« Tu crois ? De quoi se mêlent les gens ? »

« Tu étais en bermuda et nu-pieds. Et en plus tu lorgnais une fille qui était à trois mètres de nous. »

« Finalement, si on n’allait pas au restau, parce que ça t’éviterait de me faire des remarques désobligeantes alors que j’essayais simplement d’être décontracté. »

« Tu as raison, d’autant plus que je n’ai pas envie de louper un épisode de mon ‘Plus belle la vie’ »

Tchou, tchou !

10 avril, 2019

Contraint,

Le boutentrain

Est en train

De prendre le train

Sans entrain.

Il se botte le train.

Il ne mène pas grand train.

C’est le train-train.

C’est quelque chose !

9 avril, 2019

« Il faut que je vous dise quelque chose. »

« Quoi encore ? »

« Chose est le mot le plus employé dans la langue. Si on nous enlevait tous les autres mots, nous pourrions nous débrouiller encore avec ‘chose’. »

« Je n’ai pas le temps de parler de linguistique avec vous. Ce matin, j’ai plein de choses à faire. »

« Bingo ! Vous-même vous en avez besoin de ‘chose’. Je vous donne un autre exemple : si j’ai soif, je peux dire : je prendrais bien un petit quelque chose ! Vous comprendriez tout de suite que vous devez me payer un verre ! »

« Je comprends, mais ce n’est pas ce qui fait avancer les choses. »

« Si justement, ‘chose’ est le premier des mots. Nous devrions lui être reconnaissant de sa polymorphie. Ce qui est amusant, c’est dire que sans ‘chose’, le choses ne seraient pas ce qu’elles sont. »

« C’est désopilant, en effet. Vous n’avez pas autre chose à dire ? Toute bonne chose à une fin. »

« Si, j’ai à dire ! Des choses, il y en a plein à dire et à faire. Quoiqu’on fasse, on peut toujours apprendre des choses ! »

« Je suis très occupé. Je m’occupe de choses importantes, moi ! »

« Ah bon ? Je ne savais pas qu’il y avait une hiérarchie, même dans les choses. Alors pourquoi dit-on ‘toutes choses égales par ailleurs’, puisqu’elles ne sont jamais égales ? »

« Je n’en sais rien. C’est une chose inexplicable. D’ailleurs, j’emploie rarement ce mot. »

« Allons, allons… Que me dites-vous ? Quand vous dites à Madame : chérie, je ferai bien la chose, ce soir. Vous êtes bien content que le mot existe. »

« Euh … oui, peut-être. Mais moi, je m’occupe de choses sérieuses, figurez-vous ! »

« Vous, vous me cachez quelque chose, petit coquin ? »

« Pas du tout, je vous dis simplement que vous me compliquez les choses, alors que j’ai un rendez-vous important avec…. Avec qui déjà ? ….Euh…. avec machin-chose ! Vous le connaissez ? »

« Vous voyez : nous arrivons à parler de choses et d’autres ! »

A notre rayon confiserie

8 avril, 2019

C’est le chouchou de la classe,

Mais je lui tiens la dragée haute.

Ça n’est pas du nougat :

Je lui pique sa gomme,

Je glisse un chardon sur son coussin.

C’est une bêtise

Qui  peut me coûter bonbon.

Cette histoire est cucul la praline.

Qu’est-ce qu’on peut dire ou pas ?

7 avril, 2019

« T’es bourré ? »

« Non, pourquoi tu dis ça ? »

« Tu n’arrêtes pas de dire que tu aimes tout le monde : Zidane, ton plombier, ta belle-mère, le Président de la République… »

« Et alors ? Si on s’aimait tous, tu ne crois pas que ça arrangerait bien de problèmes. Aucun rapport avec les deux bouteilles que je viens de vider. »

« Quand on est sobre, on n’aime pas tout le monde ! Ce n’est pas possible. Par exemple, la semaine dernière, tu m’as dit : j’exècre Dugenou. »

« C’est terrible : si on boit, on se détruit la santé et si on est à jeun, on est méchant avec les autres. Ceci dit, c’est vrai que Dugenou ne m’est pas sympathique. »

« Tu vois : il vaut mieux ne pas boire pour rester lucide. »

« Il faudrait inventer un état second dans lequel on pourrait aimer tout le monde sans pour autant s’enivrer. »

« Ce n’est pas possible. Si ça existait, il y aurait forcément des gens que tu aimerais moins que d’autres. Si tu m’aimes moins que Dugenou, je pourrais facilement en déduire que tu me détestes. On ne peut pas aimer, mais on peut préférer. Tout est relatif. »

« Bon, alors on peut alterner. Une semaine, c’est toi que je préfère. La semaine suivante, c’est Dugenou ! »

« Non, ça ne marche pas comme ça. D’abord, sauf cas particulier, il vaut mieux ne pas dire aux gens qu’on les aime parce qu’on est souvent déçus soit parce qu’ils ne t’aiment pas, soit parce qu’ils peuvent mal se comporter sachant qu’ils bénéficieront de ton indulgence. »

« Et on peut dire qu’on ne les aime pas ? »

« Non plus. C’est trop conflictuel. »

« Alors finalement on ne peut pas s’aimer ou non les uns les autres. Par contre, on peut se foutre de son prochain… »

« Euh… peut-être, mais il ne faut pas dire ça non plus. Tu dois garder pour toi ce que ton prochain t’inspire, sauf moment de crise pendant lequel tu peux tout lui jeter à la figure. »

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