Ragots
28 avril, 2019« Je peux faire courir des ragots sur votre dos. »
« Ben non, je n’y tiens pas tellement. Pourquoi moi ? »
« C’est-à-dire que ce soit à la cantine ou à la machine à café, il n’y a aucune rumeur désagréable sur votre compte. »
« Ah bon ? Qu’est-ce qu’on dit sur moi alors ? »
« Rien, c’est bien ça le problème. Comment voulez-vous que nous, les commères, puissions bosser dans ces conditions ? »
« C’est vrai que je ne vous facilite pas la vie. »
« On peut dégoiser sur le compte de Dugenou, mais c’est toujours sur lui que ça tombe. A la fin, ça devient lassant. »
« Qu’est-ce que je pourrais faire pour vous ? »
« Vous n’auriez pas un vice caché que nous pourrions nous raconter sous le couvert du secret ? Vous buvez ? Vous jouez aux courses ? »
« Ben, non ! Désolé ! Le dimanche, je vais à la campagne et je fais du vélo. J’aime bien aussi faire des randonnées. Est-ce que ça peut convenir ? »
« Vous plaisantez ! Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse de ça ? Il faut qu’on puisse rajouter des détails méchants ! »
« J’aime bien le boudin aux pommes. »
« On s’en fout. Bon, je vais vous aider un peu. Je vais dire qu’on vous a vu sortir avec la charcutière. Je demanderai la plus grande discrétion évidemment. »
« Désolé, mais je n’ai pas l’intention de draguer Madame Polotin qui me semble très heureuse avec son mari, lequel pourrait mal prendre cette affaire »
« Pff, vous ne m’aidez pas beaucoup. Dugenou au moins, on sait qu’il a séduit la moitié des femmes de la société… »
« C’est vrai, ça ? »
« Bien sur que non, mais c’est marrant. On se demande entre nous qui est la prochaine… Bon, puisque c’est vous, on va faire clean : on va dire que vous sentez des pieds. »
« Et ça vous amuserait ça ? »
« Vous ne serez pas seul. Nous avons une rubrique ‘odeurs corporelles’ très bien fréquentée. Le patron sent la transpiration par exemple. »