Archive pour avril, 2019

Nous irons tous au paradis

30 avril, 2019

« J’ai vu un film porno. »

« Mais vous êtes un porc, mon cher. »

« Je ne suis pas choqué, il paraît que le porc est un animal, certes un peu sale, mais très intelligent. Un peu moi, quoi ! »

« Il n’y a pas de quoi être fier ! »

« Vous n’avez jamais vu de porno, vous ? »

« Si, mais je ne le dis pas. « 

« C’est de l’hypocrisie ! »

« Non ! C’est une affaire de bon goût. On ne se vante pas de ses dépravations. Où avez-vous vu ça ? »

« Donc, si vous ne vous dites rien de vos dépravations, c’est peut-être que vous en êtes aussi atteinte ? »

« Comme je n’en parle rien, personne ne le sait. Donc si vous insinuez que j’ai vu un porno, je me sentirai outragée. »

« Bon, vous avez raison. Ce qui compte, c’est que je vous crois une personne digne, et que vous croyez que je suis une personne digne. On ne va pas rigoler, mais le mieux c’est qu’on reste entre personnes respectables. »

« Ah ! vous êtes enfin raisonnable. »

« Je me suis taper deux choux à la crème. Je peux le dire ça ? »

« Oui ça, ça va ! Ce n’est pas très bien, c’est de la gourmandise, c’est donc un péché un peu coquin, mais sympa. »

« Si j’ai du cholesterol ou une cochonnerie comme ça, ça n’est pas tellement sympa. »

« Vous n’êtes pas obligé de vous rouler dans le péché de gourmandise. »

« Et si je m’énerve ? »

« Quoi ? De la colère ? Et encore quoi ? Pour qui vous prenez-vous ? Vous me paraissez bien orgueilleux, mon cher. »

« Vous n’avez qu’à me rendre le fric que je vous ai prêté ! »

« C’est complet après la luxure, la gourmandise, la colère, l’orgueil, l’avarice maintenant. Vous comptez toujours accéder au paradis ? »

Ho ! Hisse !

29 avril, 2019

A Nice,

Mes six

Fils

Hissent

Sans vice

Dix

Miss

Et Alice

Sur la lice.

Ragots

28 avril, 2019

« Je peux faire courir des ragots sur votre dos. »

« Ben non, je n’y tiens pas tellement. Pourquoi moi ? »

« C’est-à-dire que ce soit à la cantine ou à la machine à café, il n’y a aucune rumeur désagréable sur votre compte. »

« Ah bon ? Qu’est-ce qu’on dit sur moi alors ? »

« Rien, c’est bien ça le problème. Comment voulez-vous que nous, les commères, puissions bosser dans ces conditions ? »

« C’est vrai que je ne vous facilite pas la vie. »

« On peut dégoiser sur le compte de Dugenou, mais c’est toujours sur lui que ça tombe. A la fin, ça devient lassant. »

« Qu’est-ce que je pourrais faire pour vous ? »

« Vous n’auriez pas un vice caché que nous pourrions nous raconter sous le couvert du secret ? Vous buvez ? Vous jouez aux courses ? »

« Ben, non ! Désolé ! Le dimanche, je vais à la campagne et je fais du vélo. J’aime bien aussi faire des randonnées. Est-ce que ça peut convenir ? »

« Vous plaisantez ! Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse de ça ? Il faut qu’on puisse rajouter des détails méchants ! » 

« J’aime bien le boudin aux pommes. »

« On s’en fout. Bon, je vais vous aider un peu. Je vais dire qu’on vous a vu sortir avec la charcutière. Je demanderai la plus grande discrétion évidemment. »

« Désolé, mais je n’ai pas l’intention de draguer Madame Polotin qui me semble très heureuse avec son mari, lequel pourrait mal prendre cette affaire »

« Pff, vous ne m’aidez pas beaucoup. Dugenou au moins, on sait qu’il a séduit la moitié des femmes de la société… »

« C’est vrai, ça ? »

« Bien sur que non, mais c’est marrant. On se demande entre nous qui est la prochaine… Bon, puisque c’est vous, on va faire clean : on va dire que vous sentez des pieds. »

« Et ça vous amuserait ça ? »

« Vous ne serez pas seul. Nous avons une rubrique ‘odeurs corporelles’ très bien fréquentée. Le patron sent la transpiration par exemple. »

L’histoire du repenti

26 avril, 2019

Le repenti

Replet

Est repu

Après son repas.

Il se repose

Puis repart

Pour repeindre

Sans répit.

Le nouveau misanthrope

25 avril, 2019

« Je suis un vieux misanthrope. »

« Donc, vous n’aimez pas les gens. Qu’est-ce qu’ils vous on fait ? »

« Ils commencent par me dire bonjour. Comme ça, sans me regarder, sans vraiment s’inquiéter de la journée que je vais passer. »

« Ce n’est qu’une convention sociale, ça ne veut pas dire que vous leur soyez indifférent. »

« Je n’en suis pas sûr. La plupart ne me sourient pas d’un air engageant, comme si je leur avais fait quelque chose. »

« Ils sont peut-être préoccupés par leur journée à eux. »

« Nous y voilà ! C’est chacun pour sa pomme ! Comment voulez-vous que j’aie envie de fréquenter les autres ? »

« Qu’est-ce qu’il faudrait pour vous donner envie ? »

« Il faudrait que les autres s’intéressent à moi, me posent des questions sur mes goûts, préférences, enfin vous voyez quoi… »

« Vous devriez commencer par leur poser des questions sur eux… »

« Ben… non ! Ils n’ont pas l’air aussi misanthropes que moi. J’ai toujours l’impression que les gens s’entendent très bien entre eux, sauf avec moi. »

« Vous êtes un peu parano. Personne ne veut vous exclure. »

« Et si je tombe sur des méchants ou des hypocrites ! Ils vont me démolir ! Je préfère ne pas prendre de risque ! »

« Le mieux, ce serait que vous suiviez des formations de méchanceté ou d’hypocrisie pour leur résister. »

« C’est ça, oui… Et pourquoi pas un diplôme de malveillance pendant que vous y êtes ? Moi, je suis un être civilisé. Je voudrais que tout le monde soit sympa. »

« Il s’agit de se défendre contre les agressions de l’existence et non pas d’être sympa à tous prix. »

« J’en étais certain ! Vous venez de reconnaître que la vie quotidienne est un gigantesque champ de bataille où le jeu consiste à donner plus de beignes qu’on en reçoit ! Ah, il est joli le Monde ! »

« Je vous trouve un poil orgueilleux. ! »

« Et voilà, chaque fois que je parle à quelqu’un, je me fais insulter ! »

Dans les pas de papa

24 avril, 2019

Dans la pampa,

J’appâte

Mon papa,

Paparazzi

Sympa,

Par un repas

De pâtes

Avec des papayes.

L’histoire du crabe amoureux

23 avril, 2019

« J’en pince pour vous. » dit le crabe à sa femelle.

« Non, ce n’est pas possible. Les crabes n’ont pas de sentiments amoureux. Si vous voulez me sauter dessus, il faut commencer par casser la figure à mes autres soupirants. »

« Vous me faites marcher. »

« Oui, je vous fais marcher. En crabe, bien entendu. Ha ! Ha ! Excusez-moi, c’est une plaisanterie. »

« Vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais je suis un crabe extraordinaire. On m’appelle le crabe violoniste. Quand je suis dans tous mes états, je fais entendre une musique lancinante. »

« Oh, vous savez, j’en ai vu d’autres. Le crabe nageur, par exemple, médaillé aux jeux olympiques de natation. »

« Oui, mais moi, vous n’avez pas vu la longueur de mes pinces. Quand je dis que j’en pince pour vous, ce n’est pas une image. »

« C’est bien les hommes, ça. Tout ce qui vous intéresse, c’est le physique. Le vôtre par comparaison avec celui des autres. »

« Pardon, pardon ! Sous une carapace d’apparence rude, j’ai un cœur, moi, madame ! »

« Ah oui ? Prouvez-le ! »

« Voilà, je vous ai apporté un vermisseau qui vient directement de la boue et de la vase de la plage. J’ai pataugé pendant des heures à marée basse pour vous l’apporter ! »

« C’est vrai que vous avez l’air tout crotté. Votre cote remonte un peu. C’est toujours mieux que le crabe dormeur qui n’en fiche pas une de la journée. »

« Qu’est-ce qu’il devient, ce bon vieux crabe dormeur. »

« Il en a soupé. Ha ! Ha ! C’est encore une astuce pour dire qu’il a terminé sa carrière en soupe de crabe. »

« Vous êtes irrésistible pour une crabe. »

« Il faut bien rire un peu, parce que nous sommes pêchés facilement. Non… je n’ai pas dit que nous sommes des péchés, bien que vous me sembliez très orgueilleux … j’ai dit pêchés. Avec un accent circonflexe. »

La grande vie de Léonard

22 avril, 2019

A Dinard

Léonard,

Le renard

Campagnard

Et goguenard

Est un veinard

Peinard.

Ce combinard

Boit du pinard

Et chasse le canard.

Les circonstances

21 avril, 2019

« Est-ce que je peux participer à un concours de circonstances ? Je me sens assez en forme ! »

« Non, ce n’est pas possible. Dans cette circonstance, ‘circonstance’ signifie : à cette occasion. »

« Vous avez une occasion à vendre ? »

« Non, vous ne comprenez rien. Je vous dis que ‘dans ces circonstances ‘, cela veut dire ‘dans cette conjoncture’. »

« Puisqu’on en parle, comment la trouvez-vous cette conjoncture ? Morose, économique, internationale ? »

« A la place de ‘circonstance’, vous pouvez aussi dire ‘contexte’. Vous débutez votre texte par ‘Dans ce contexte…’ »

« Il n’est pas aussi bête que ça, mon texte. »

« Vous pouvez aussi écrire ‘Dans ces conditions… ‘ »

« C’est vrai, nous n’avons pas encore parlé des conditions financières, je n’écris pas gratuitement. »

« Il faut avoir une bonne condition physique pour vous suivre. Si nous revenions aux circonstances. »

« Bon, d’accord… je parlais de concours pour faire un jeu de mots ! Je sais bien ce que c’est que ‘les circonstances’. »

« Et alors ? »

« Circonstances, c’est un peu n’importe quoi. C’est pour dire en un mot tous les évènements qu’on a la flemme d’énumérer parce qu’on s’en fiche : le discours du président, la victoire du PSG, les mauvaises notes de votre gamin, la gastro de votre cousine, etc… »

« C’est vrai. Il y a plein de mots qui ne désignent rien, c’est-à-dire tout. Quand le général disait : les choses étant ce qu’elles sont, on ne savait pas ce qu’étaient les choses, mais on comprenait parce que c’était le général. »

« N’oublions pas que les circonstances peuvent être exceptionnelles. »

« A condition que les conditions soient favorables et le contexte propice. Tout ça dans une conjoncture internationale dynamique et dans un paysage social apaisé. C’est évident ! »

« Je ne comprends plus rien à ce texte. »

Sans haine

19 avril, 2019

Depuis Rennes

Les rennes

De la reine

La mènent

Sur scène,

Jusque dans le Maine

Sans peine

Avec sa laine,

Quelle veine !

 

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