La confusion
2 décembre, 2018- Quand on y réfléchit, c’est fou le nombre d’informations qu’on reçoit en une journée.
- En plus, tout se mélange : les discours du pape, le PSG, les problèmes conjugaux de ma tante, les manifs, l’anniversaire de mon gamin, le jour de golf du patron, le dernier film de Dicaprio…
- Il ne faut pas s’étonner si certaines nous échappent.
- Il ne faut pas non plus s’étonner si nous devenons tous des êtres confus.
- Oui, nous sommes bien obligés de faire des priorités. Par exemple, les crises conjugales de votre tante ne m’intéressent pas du tout.
- Le mieux se serait que tout ça s’organise par journée. Le pape pourrait intervenir le lundi, le PSG jouerait le mardi, ma tante d’épancherait le mercredi, etc…
- Euh… ce sera difficile d’expliquer au pape qu’il ne doit pas bouger le mercredi, parce que c’est le jour de votre tante !
- En fait, chaque fois que nous recevons une information, il faudrait lui attribuer un coefficient d’importance. Par exemple, la santé des doigts de pied de Neymar, moi je mets 2 sur 10.
- Oui, mais pour moi, c’est important. Si le PSG est éliminé, c’est tout le foot français qui va en pâtir. Donc Neymar : 8 sur 10.
- Le problème, c’est que nous n’avons pas la même échelle de valeurs. Dans ces conditions, comment trouver un sujet de conversation qui nous intéresse tous les deux ?
- On pourrait faire une nouvelle application sur nos smartphones. Chacun de nous deux attribue une note à chaque information, on fait la moyenne et nous nous occupons uniquement des notes les plus élevés.
- Non. J’aurais du mal à expliquer à ma tante que ses affaires personnelles n’ont aucune importance au motif que vous préférez discuter du PSG.
- Donc nous restons dans la confusion, si je comprends bien.
- Oui, la confusion, c’est la vie, mon vieux. Si tout était rectiligne, claire, ordonné, on s’ennuierait. Là, comme toutes les informations vous tombent sur la tête en même temps, vous pouvez exercer votre libre-arbitre en les hiérarchisant. Quoi de plus humain ?
- Vous avez raison. Finalement, c’est mon chat qui a de la chance !
- Quel rapport ?
- Il n’a que deux informations à traiter : ai-je quelque chose dans mon auge ? ai-je une place pour faire ma sieste au chaud ?
- C’est vrai qu’il ne se foule pas beaucoup votre chat. Il ne risque pas la confusion des idées. Mais, nous on n’a pas les moyens de limiter notre capacité d’absorption à deux informations par jour.
- Il parait que c’est le sommeil qui se charge de remettre en ordre toutes les informations que nous recevons en une journée.
- Voilà qui me donne un argument supplémentaire pour revendiquer la sieste au bureau. Une demi-heure de sieste après déjeuner, et hop ! Je pourrais repartir frais et dispo pour l’après-midi.
- Euh… en général, les patrons ne sont pas tellement d’accord.
- C’est vrai. Le mien préfère que je mélange tout : les affaires, le PSG, le pape, ma tante…