Confession
18 novembre, 2018« Je m’accuse d’avarice, de jalousie, d’égoïsme, d’envie, de colère, de paresse, de gourmandise et d’orgueil. »
« Mais mon pauvre, on en est tous là. A partir du moment où votre principale préoccupation, c’est vous-même, vous collectionnez tous ces défauts. »
« Je sais. En fait l’état naturel de l’homme, c’est de vivre avec cette collection de péchés. Parfois, par mégarde, il s’occupe momentanément des autres, alors il fait preuve d’une vertu, mais c’est comme un soubresaut dans un océan de médiocrité. »
« Eh bien, on est bien monté ! Vous êtes d’un pessimisme noir. »
« Je tiens à ne pas me prendre pour ce que je ne suis pas, c’est pour ça que je vous confesse tous mes péchés. Je sais que ce sont les péchés de tout le monde. Je ne suis même pas capable de commettre de péchés originaux, c’est pour vous dire où j’en suis. »
« Allons, allons, mon ami, vous avez certainement quelques vertus. »
« Oui, j’ai aidé une vieille dame à portée ses sacs, mais c’était un peu pour avoir la conscience tranquille. Non seulement on vit tous dans le péché, mais en plus on se fend d’une bonne action de temps à autre pour ne pas s’apercevoir de nos vilénies. »
« Bon… Calmons-nous. Prenons par exemple la gourmandise. Vous me paraissez au contraire d’un appétit très frugal. »
« Vous rigolez, dès que je suis tout seul, je me rue à la pâtisserie de la mère Michon et hop ! A moi deux ou trois choux à la crème ! »
« Et la paresse ? Vous n’êtes pas plus paresseux que les autres… »
« … qui ne sont pas eux-mêmes très courageux. Au bureau, je fais comme tout le monde : je traîne devant la machine à café en attendant que le temps passe. Vous trouvez ça bien ? »
« Il est vrai que la nature du travail, c’est de fatiguer. On se demande pourquoi refuser de se fatiguer est un péché. »
« Donc, je retire la paresse de mes défauts ? Et la jalousie, vous n’allez pas me l’enlever. Bien sûr que je voudrais avoir la nouvelle bagnole que vous venez de vous acheter ! »
« Je dois dire que j’en suis assez content, mais tout le quartier voudrait la même. Décidément, vous vivez dans le marécage de vos péchés comme tout le monde. La nouvelle, ce serait d’apprendre que vous avez fait une bonne action pour en sortir ! »
« Je sais : je vous ai parlé et en plus, je m’excuse pour tous mes défauts. »
« Je vous accorde mon pardon, mais comme vous avez les défauts de tout le monde, il ne faudrait pas que j’aie à confesser la moitié du département. »
« Comptez sur moi, je ne dirais pas que vous m’avez absous ce qui est sympa, puisque je vais pouvoir repartir de zéro. Aujourd’hui, ça va mais dès demain, je vais être radin, avare, orgueilleux, etc…
« Et vous reviendrez vous confesser tranquillement dans huit jours… »