Au restau…
« On se fait une bouffe ? »
« Pourquoi faut-il donc manger pour établir une relation ? »
« Parce qu’une fois qu’on a accepté un repas, il faut trouver des sujets de conversation de l’apéro jusqu’au café, ce qui fait au minimum une bonne demi-heure d’échanges. Le repas permet d’établir du lien social. »
« Pour bien faire, il faudrait que je puisse me sauver dès l’entrée si la conversation ne me plait pas. Mais ça ne se fait pas, ce n’est pas bien élevé. »
« Exact, une fois que vous vous asseyez en face de l’autre, il faut converser jusqu’au bout. »
« Et si je m’aperçois que je n’ai rien à dire à mon interlocuteur ? »
« Eh bien, il faut trouver : ce que vous mangez est-il bon ? Le temps est-il plus clément que l’année dernière à la même époque ? Avez-vous passé de bonnes vacances ? N’hésitez pas à piocher dans les sujets sans intérêt. »
« Mais il ou elle va s’apercevoir que je dis des choses complètement nulles. »
« Certainement. S’il ou si elle est polie, il ou elle renchérira dans le domaine de la nullité en vous parlant de la fuite d’eau dans sa maison de campagne. »
« Alors là, je suis bien incapable de soutenir une conversation sur le sujet, je ferai sûrement la gueule, ce qui va l’énerver. »
« Donnez-lui des informations sur votre santé, il vous détaillera la sienne. La santé, c’est le sujet de conversation préféré des gens. Si vous pouviez pâtir de plusieurs pathologies, ce serait pas mal. »
« Le problème, c’est que je suis en excellente santé ! »
« Ce n’est pas de chance. Il vous reste la politique. Mais je recommande de ne pas l’attaquer avent le dessert. Avaler l’entrée, le plat principal et le dessert en face d’un féroce adversaire politique, cela risque de vous gâter la digestion. »
« En cas de désaccord, que faire ? »
« Evidemment, on évite de s’envoyer des plats de sauce piquante à la figure. Vous pouvez émettre un rire grinçant en disant que vous constatez que vous n’êtes pas d’accord et que vous respectez bien entendu l’avis de votre interlocuteur. A partir du moment où vous dites que vous le respectez, ça détend l’atmosphère, même si vous ne respectez pas. Mais au moins, vous pourrez finir votre crème caramel tranquillement. »
« Arrive le moment de payer la note. »
« Je recommande de ne pas dire : on partage. Si c’est une femme, ça ne se fait pas. Si c’est un homme, c’est très risqué, il peut très bien reprendre le menu et vous démontrer qu’il n’a rien bouffé tandis que vous vous êtes empiffrez. »
« C’est gênant ! »
« Le mieux, c’est de farfouiller dans votre portefeuille pour trouver votre carte bancaire. Mais farfouillez assez longuement pour lui laisser le temps de vous interrompre en vous disant : laissez, c’est pour moi. »
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