Problème de voisinage

« Vous déménagez ? »

« Oui, vous n’êtes pas un voisin très agréable. Vous m’avez cassé ma tondeuse à gazon. Et en plus, vous ne m’avez pas invité à votre barbecue du 14 juillet. »

« Le quartier va être enfin débarrassé de votre présence ? »

« Vous allez peut-être avoir pire comme voisin, mais je m’en fiche. De toute façon, avec ma famille, j’ai besoin d’une maison plus grande. »

« Avec une chambre pour chaque enfant, je suppose. Quand je pense que chez mon père, on dormait tous dans la cuisine. »

« C’est ce qui vous a probablement aigri le caractère. Moi, chaque fois qu’un de mes gamins est déplaisant, je veux pouvoir lui dire : file dans ta chambre ! »

« Vous avez raison, vos gamins sont -dans l’ensemble – assez mal élevés. Et pour les salles de bains ? »

« Je veux deux salles de bains dont une pour moi. Comme ça, je pourrai mettre des flaques d’eau parterre ou laisser des traces de dentifrice sur le lavabo sans que Josiane en face toute une histoire. »

« Quand je pense que lorsque j’étais enfant, on allait se débarbouiller à la fontaine municipale, à l’eau froide, bien entendu. Ça vous forme un homme, ça ! »

« Oui, et puis j’aurai une grande cuisine. Josiane a horreur que je la gêne quand elle se met aux fourneaux. »

« Ha ! ha ! De mon temps, la cuisine, la salle à manger, le salon … et l’écurie pendant que j’y suis… Tout ça s’était mélangé ! Les vaches nous regardaient manger et vice-versa ! »

« Bien entendu nous aurons une grande pelouse de 3000 mètres carrés. Josiane tient à faire un potager et moi je veux que mes enfants s’ébattent au grand air ! »

« Vous avez dû vous mettre un sacré crédit sur le dos. Ce n’est pas ce qui va adoucir votre caractère ! »

« Pensez-vous ! Un petit crédit sur 65 ans. C’est très facile ! »

« Comme ça, vos enfants, petits-enfants et autres sont solidement endettés jusqu’à la quatrième génération, c’est-à-dire à un moment où votre maison commencera à tomber en ruines. »

« Et alors ? Vous vivez bien dans une ruine, vous ! D’ailleurs, ça attire les corbeaux dont les croassements gênent ma sieste. »

« Oui, mais moi au moins, je ne paie pas le banquier pour avoir le droit de vivre dans ma ruine. »

« Bon, vous pourriez m’aider à charger le camion de déménagement. Pour une fois, vous me seriez utile. »

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