Archive pour novembre, 2018

Le parti des mauvais

29 novembre, 2018

« Je vais fonder un parti. »

« Encore un ! On va finir par ne plus rien comprendre. Vous êtes de droite, de gauche ou alors de nulle part ? »

« En fait, je milite pour le droit d’être mauvais. Mon parti, ce sera le lieu de tous ceux qui pensent comme moi. »

« Et vous trouvez ça bien d’être mauvais. »

« Oui. Réfléchissez avant de vous énervez. Aujourd’hui, il faut être bon partout : bon salarié, bon mari, bon père, bonne mère, bon éducateur, bon consommateur, bon épargnant, bon sportif, etc. Et si vous n’y arrivez pas, les journaux vous donnent toutes sortes de conseils pour y arriver. Ne pas suivre ce profil d’excellence est très mal vu. »

« Et alors ? »

« Et alors, les gens vivent dans l’anxiété de ne pas être bon quelque part. Moi, je veux qu’ils arrêtent de se mettre la rate au court bouillon. Si on considère qu’être mauvais dans un domaine est un droit fondamental, il n’y a plus de raison d’être stressé. »

« Vous fondez donc le parti des mauvais. Le problème, c’est que personne n’aime reconnaitre ses faiblesses. »

« C’est bien dommage. La course à l’excellence fait beaucoup de dégâts : dépression, burn-out, mauvaise estime de soi… Moi, je propose de la bonne santé à partir du simple constat que personne n’est parfait. »

« C’est vrai que moi-même, je ne suis pas génial 24 heures sur 24, ni 7 jours sur 7. »

« Donc, dans mon programme, il y aura des formations pour apprendre à ne pas s’en faire outre mesure si on est mauvais sportif, mauvais consommateur, mauvais amant… « 

« On a le droit de faire des progrès dans votre parti ? »

« Oui, si on veut. Mais alors, tranquillement, au rythme qui fait plaisir à chacun. Et si on n’y arrive pas, ce n’est pas grave. Le droit d’être mauvais, c’est aussi le droit d’échouer. Il faut absolument que les gens se décontractent, la vie collective deviendrait moins stressante. »

« Et si on est mauvais quelque part, on a le droit de rester mauvais en ne faisant aucun effort pour en sortir ? »

« Tout à fait. C’est une autre des vertus du droit d’être mauvais. Le fait d’avoir la flemme de progresser se trouve légitimé. Je vous décomplexe en quelque sorte. »

« Bon, j’adhère. Il y a une cotisation ? »

« Pour quoi faire ? Je n’ai pas envie qu’il y ait des bons adhérents qui paient leur cotisation et des mauvais qui ne paient rien. Moi, je suis mauvais en gestion comme vous le constatez. Je montre l’exemple par mes nombreuses insuffisances.»

« Présentons des candidats aux élections. Ils seront mauvais, mais la différence avec les autres, c’est qu’ils le diront. »

L’histoire du chauve

28 novembre, 2018

Le chauve

Chauvin

Chausse

Chaussettes,

Chaussons

Et chaussures,

Au chaud,

Dans sa chaumière

De Chaumont.

Réhabilitons le pied

27 novembre, 2018

« Pourquoi dit-on : c’est le pied quand on est content ? On pourrait très bien dire : c’est la main. »

« La question est importante. Je formulerai une hypothèse : on se réfère au pied parce que c’est l’organe le plus essentiel du corps humain. »

« Pourtant, c’est avec la main qu’on peut agir. Essayez donc de bricoler avec votre pied, vous qui êtes si malin. »

« Certes, mais le pied permet d’exprimer vos émotions. Si je vous dis que je vous attends de pied ferme, vous comprenez tout de suite que je ne vais pas rigoler. »

« C’est vrai. Je vous donne un autre exemple de la capacité expressive des pieds. Si je foule aux pieds vos arguments, ça veut dire que je les méprise souverainement. »

« Vous avez raison. Encore un exemple : si je vous dis que vous me cassez les pieds, vous comprenez que vous m’importunez fortement. Casser la main ne voudrait rien dire. »

« On ne le sait pas assez, mais le pied nous aide à communiquer. Si je vous fais un appel du pied, vous devez immédiatement rappliquer car je dois vous parler. »

« Le pied souffre injustement d’une mauvaise réputation. On dit : être bête comme un pied, alors que ce dernier est très intelligent. »

« En effet, quand je vous fais du pied sous la table, je ne me permettrais pas de le faire avec quelque chose de bête. »

« D’ailleurs, lorsqu’on dit qu’un tel n’a pas les deux pieds dans le même sabot, on souligne bien sa vivacité d’esprit. »

« Le pied est également un excellent témoin de notre santé. Quand on marche droit et ferme, c’est que tout va bien. On dit d’ailleurs : bon pied, bon œil. Dire : bonne main, ne renseignerait guère sur notre état physique ! »

« Vous avez raison : le pied n’est pas un organe bête. On salue fréquemment la sagesse qu’il nous inspire, par exemple quand on affirme que nous avons les pieds sur terre ! »

« En plus, les pieds sont des organes qui ne se laissent pas faire. S’ils ont décidé de se positionner dans le plat, c’est que quelque chose va se passer ! Non mais, alors ! »

« Il faut donc faire très attention à ses pieds. Une imprudence peut très vite nous déstabiliser. Regardez un peu ce qui est arrivé au colosse aux pieds d’argile. »

« C’est exact. Il faut également vérifier que nous n’avons pas d’épine dans le pied. Si c’est le cas, il faut l’enlever, on se sent tout de suite mieux ! »

« Le pied est vital pour notre santé. Lorsque le médecin nous soigne bien, c’est lui qui nous remet sur pied ! »

« J’espère que nous avons réhabiliter le pied. D’ailleurs, son importance apparait encore plus nettement lorsque nous le perdons. Perdre pied, c’est perdre confiance ! »

Drôle d’histoire

26 novembre, 2018

Voyez ce qui suit.

En ouvrant  l’huis,

Lui

Voit le puits

Et le feu qui luit

Ça fait de la suie.

C’est bientôt cuit.

La pluie

S’enfuie

Vers Le Puy

Ne faites pas mon éloge !

25 novembre, 2018

« Arrêtez de faire mon éloge ! Je n’en peux plus ! c’est très gênant ! »

« Qu’est-ce qui vous gêne ? »

« Je ne le mérite pas. Je ne suis qu’un homme après tout avec ses insuffisances, ses défauts, ses faiblesses, ses faille… » 

« En plus, il est modeste, regardez-moi ça ! »

« Vous vous rendez compte : vous ne me rendez pas service. En me plaçant très haut, vous ne me privez de tout droit à l’erreur. Vous, vous pouvez vous payer le luxe de vous comporter comme un gros nullard, tout le monde trouvera ça normal. »

« Je ne voyais pas ça comme ça. »

« Si vous me mettez sur un piédestal très élevé, je risque de tomber et en plus de faire d’autant plus mal que je suis dans une situation élevée. »

« Je suis désolé. Qu’est-ce que je pourrais faire pour vous rabaisser un peu ? »

« Vous ne pourriez pas dire que je suis orgueilleux, outrecuidant, impossible à vivre par mon tempérament trop fat ?»

« Ben… Non, ce n’est pas vrai. Vous êtes un type cultivé, charmant, accessible, généreux. Je voudrais vous ressembler. »

« Non, ne dites surtout pas ça. Certes, vous êtes un peu fruste, simplet, grossier, pas très intelligent, mais ce n’est pas une raison pour faire mon éloge à tout bout de champ. »

« Comment voulez-vous que le commun des mortels progresse si vous refusez qu’on vous cite en exemple ? »

« Ce n’est pas parce que je suis extraordinaire qu’il faudrait que tout le monde soit extraordinaire. Qu’il existe beaucoup de crétins comme vous, ça me convient très bien. Je dirais même que ça me rassure sur mon propre compte. »

« Si je comprends bien, il faudrait que ce soit quelqu’un de votre niveau qui fasse votre éloge ? »

« Non, entre vedettes, on ne s’aime pas. Il y en a toujours un qui veut être plus vedette que les autres. Les gens de haut niveau ne manquent pas une occasion de me dézinguer. »

« Mon pauvre, je vous plains. Les petits ne peuvent pas faire votre éloge, parce que ça vous met trop haut et que vous avez le vertige. Quant aux grands, ils ne peuvent pas dire du bien de vous parce qu’ils ne vous aiment pas. »

« Il y aurait bien une solution ! Dites du mal de moi, beaucoup de mal ! Je pourrais me défendre en rappelant tout ce que j’ai fait de bien. »

« Astucieux ! Si je comprends bien, en faisant votre contre-éloge, je vous permets de faire votre éloge. Et tout le monde est content. »

« En effet, je ne serai pas posé sur un piédestal, je n’aurais fait que me défendre contre de viles attaques ! »

Aux armes !

24 novembre, 2018

A Armentières,

Sonne une alarme.

Dans ce vacarme,

Le gendarme

Qui a du charme,

S’arme

Sans finir son jambon de Parme,

Ni sa marmelade.

Pour tous les âges

23 novembre, 2018

Dans le village,

Le sage,

Le mage,

Et le page

Font le ménage

Avec courage,

Sans ambages,

Sans rage,

Contre des gages.

Histoire trouble

22 novembre, 2018

Cette beauté

Ne sera pas dotée.

Elle a fauté,

Elle a fricoté.

C’est culoté !

C’est un pas de côté.

Elle est très mal notée.

Cette empotée.

Les 4 saisons

21 novembre, 2018

« Il y a 4 saisons. C’est comme ça et pas autrement. »

« On ne pourrait pas en glisser une cinquième ? Par exemple entre l’hiver et le printemps ? Il y a toujours 4 ou 5 semaines pendant lesquelles on ne sait jamais si l’hiver est encore là, ou si c’est déjà le printemps. Le résultat, c’est que je ne sais jamais comment m’habiller. »

« Non, c’est interdit. Le nombre de saisons est limité. »

« Alors créons-en une toute petite de 15 jours, du 1er au 15 septembre. Je n’ai pas tellement le moral à cette époque. C’est la rentrée avec tous les soucis que ça procure. L’été s’enfuie et pourtant elle est toujours là, résistant vaillamment. Ça me remplit de tristesse. »

« Non, je vous dis ! On ne touche pas aux saisons. Si tout le monde rajoute la saison qui lui fait plaisir, je ne sais si vous voyez le bazar. »

« Alors, on pourrait en supprimer une. L’hiver, par exemple. Comme ça, on ne pourra plus parler des rudesses de l’hiver. »

« Et la poésie du blanc manteau qui s’étend sur la campagne, vous en faites quoi ? Et le chiffre d’affaires des stations de ski, vous en faites quoi ? »

« Pfff ! les poètes pourront toujours s’en tirer en décrivant les feuilles mortes de l’automne qui tourbillonnent dans le vent. Quant aux skieurs, ils feront du ski de printemps, c’est très chic, le ski de printemps ! »

« Pas question ! Si on touche aux saisons, qu’est ce qu’on fait des 4 saison de Vivaldi ? Vous vous rendez compte du nombre d’entreprises qui seront obligées de changer leur musique d’attente téléphonique. »

« Ah oui, je n’y avais pas pensé. D’autant plus qu’on ne peut pas faire revenir Vivaldi pour qu’il nous fasse la musique des 5 saisons. »

« Donc, on ne touche pas aux saisons ! Je vous vois venir : si vous changez les saisons, vous allez vouloir de nouveaux mois. On n’y comprendra plus rien. »

« Vous êtes un peu ringard. Les indiens avaient déjà manipulé les saisons à leur guise en étendant l’été jusqu’au 31 octobre. Vous connaissez l’été indien ? « 

« Il a fallu que Joe Dassin déterre cette vieille histoire ! »

« J’ai une idée. On pourrait garder les mêmes saisons, mais chacun aurait la liberté de les faire commencer et finir quand il voudrait. »

« Vous n’avez pas plus nulle comme réforme des saisons ? »

« Par exemple, moi, j’arrêterai l’été au 31 août et je commencerai l’automne au 1er septembre, comme ça, ce sera plus clair. J’affronterai les rigueurs de la rentrée avec plus de conviction. »

« Et pourquoi pas arrêter l’hiver au 31 décembre pendant que vous y êtes ? »

« Super-idée ! D’habitude, le mois de janvier est très déprimant. On pourrait le faire glisser au printemps. Les commerçants seront ravis d’organiser leurs soldes de printemps en janvier ! Quinze jours d’hiver pendant les fêtes de fin d’année, ça nous suffirait largement ! »

Emploi, chômage, esclavage

20 novembre, 2018

« Et si on rétablissait l’esclavage ? »

« Ça ne va pas la tête ? Nous sommes au XXIe siècle quand même ! »

« C’était pourtant pratique ! Il n’y avait pas de chômage à l’époque ! »

« Nous n’en sommes plus là. Maintenant, il y a le droit et les contrats de travail pour protéger les salariés. »

« Vous êtes conscient que, bientôt, on emploiera les gens pour une heure de travail comme chez les anglais ? »

« Ça n’a rien à voir. Maintenant, il y a le droit et les contrats ! »

« Vous allez sans doute me dire qu’il n’y a que ceux qui veulent se faire exploiter qui sont exploités. »

« Vous m’y faite penser : je vais augmenter ma femme de ménage. Il est vrai que lorsqu’on emploie du personnel de maison, on se sent toujours un peu coupable. Au temps de l’esclavage, j’imagine que les seigneurs aussi se sentaient aussi un peu coupables ! »

« Pas tellement, ils passaient leur temps à guerroyer ou à festoyer. Les préoccupations sociales leur échappaient un peu. »

« Aujourd’hui, les conditions de travail ont évolué, heureusement. »

« Vous trouvez ? Les femmes de ménage dans les bureaux bossent à partir de 5 heures du matin pour nettoyer votre bureau que vous pourriez d’ailleurs nettoyer vous-même. Mais vous n’avez pas envie de vous tirer du lit avant huit heures. Votre paresse crée du boulot, mais du mauvais boulot ! »

« Je devrais être remercié de salir un peu. Figurez-vous que le bureau de mon voisin Dugenou est toujours impeccable. Je lui ai dit qu’il ne participait pas à la lutte contre le chômage. »

« Vous vous rendez compte du point où on en est. Pour soutenir la création d’emplois, il faut être mauvais citoyens. C’est grâce à votre gamin qui est un petit casseur qu’on augmente en flèche les emplois dans le domaine de la sécurité publique ! »

« Et vous ! ne me dites pas que vous faites exprès de ne pas trier vos déchets pour créer des emplois de trieur dans les entreprises de recyclage ! »

« Si justement ! La population mondiale ne va pas cesser d’augmenter, il faut d’urgence trouver tous les moyens pour endiguer le chômage. Tout le monde ne pourra pas être ingénieur informatique ! »

« Moi, je veux bien, mais alors pas d’esclaves, hein ! »

« Bon d’accord ! Je vous signale qu’au train où ça va on va bientôt employer des gens à cirer nos meubles, nos souliers, à nous faire à manger, à regarder la télé à notre place, à faire nos enfants, à les élever … il ne restera qu’un autre mot à inventer que celui «d’esclaves » »

« D’accord, mais tout cela sera encadré par des contrats légaux et tous les excès seront punis. »

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