Un peu de frivolité

« Vous êtes bien coquette, madame ! »

« Oui, je suis la coqueluche des messieurs qui adorent me mater. »

« Et vous, vous aimez être dévisagée. »

« Oui, je me donne beaucoup de mal. Si vous voyez mon budget en produits de beauté ! »

« Monsieur votre époux ne doit pas en revenir. »

« Si, il est content ! Parce que mes dépenses en produits cosmétiques, ce n’est rien à côté de ce que lui coûte ma garde-robe. »

« Mais vous travaillez ? »

« Non, ce n’est pas possible. Compte tenu du temps qu’il me faut pour me préparer, je ne serais jamais à l’heure au bureau et ça ferait un tas d’histoires. Et moi, dès que je suis contrariée mon maquillage coule. »

« Ce serait dommage en effet. »

« L’idéal, ce serait que je trouve un emploi où je ne ferai rien d’autre que de montrer ma silhouette et mon allure incroyables. »

« Voilà qui doit être rare. »

« Vous l’avez dit. Il faut donc que je trouve un moyen de me montre. J’oblige mon mari à me sortir dans les meilleurs restaurants. Le pauvre !  Il doit se débrouiller chaque fois pour trouver une table bien en vue où je puisse être admirée. »

« Et ça marche ? »

« Non, pas toujours. Parfois, je dois m’esclaffer très fort pour qu’on me remarque. Ou alors gronder les maîtres d’hôtel pour qu’ils daignent enfin me considérer. »

« Vous ne pouvez pas passer votre vie au restaurant. »

« C’est vrai. Je suis obligée de me faire inviter à des vernissages d’exposition. Je n’y connais rien en art, mais je mets mon plus beau décolleté et tout le monde trouve soudain que j’ai un goût très sûr en peinture. C’est du plus hait comique. »

« Mais les gens viennent voir les tableaux, pas les visiteuses ! »

« Vous plaisantez ! Si je m’aperçois que je ne produis pas d’effet, je m’exclame de ravissement devant une œuvre. Je convoque l’artiste. Je lui décerne mille lauriers en parlant bien fort. Et mon mari achète l’œuvre très cher. Bien entendu, elle finit au fond d’un placard. »

« Et un peu de modestie, ça ne vous tente pas ? »

« Si bien sûr, parfois je vais aux ventes de charité pour faire œuvre de bienfaisance. Je mets des lunettes noires pour faire celle qui veut passer incognito, tout en espérant être reconnue quand même. A la fin, je félicite discrètement les organisateurs en donnant un chèque préparé par mon mari. Ils n’ont pas le droit d’en parler, mais ils peuvent laisser fuiter l’information »

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