Archive pour le 16 octobre, 2018

Les riches et les pauvres

16 octobre, 2018

« Je vois ce que c’est, vous allez me dire qu’il faut des riches pour qu’il y ait des pauvres et des pauvres pour qu’il y ait des riches. Et vous trouvez ça normal ? »

« Evidemment, mon pauvre : on est tous inégaux au départ ! Il y a des grands, des petits, des gros, des minces, des moches, des beaux… C’est comme ça ! La différence avec les questions de revenu, c’est qu’on peut passer de pauvre à riche, si on se donne la peine de le vouloir. »

« Ah ! Nous y voilà ! Vous allez me parler des gens qui réussissent leur vie en se levant tôt pour gagner beaucoup d’argent. Comme si on ne pouvait pas avoir une vie intéressante en gagnant des clopinettes. »

« Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise : toutes les sociétés ont besoin d’une hiérarchie sociale. Regardez les loups ! Il y a le chef de meute, ses adjoints et le loup de base ! »

« Evidemment, mais en haut de la hiérarchie, on a la belle vie. »

« C’est ce que vous croyez, mais on a beaucoup plus de responsabilités, c’est à nous de conduire la meute sur les meilleurs chemins. C’est très stressant. Regardez donc comme je suis fatigué.  Vous en bas, vous ne vous en faites pas. Vous dormez bien. »

« Encore faut-il un endroit pour dormir. Il est vrai que nous n’avons que des soucis basiques : dormir, manger, boire, tandis que vous vous faites du souci pour quelques milliards investis en Asie ou en Afrique. »

« Nous travaillons pour vous. »

« Vous n’allez tout de même pas me faire la théorie du ruissellement. Il faudrait que vous soyez plus riche que riche, pour que je sois un peu moins pauvre. »

« Et vous ? Que faites-vous ? Que voulez-vous ? Vous débrouiller pour devenir riche ou alors me démontrer que vous faites exprès d’ être pauvre. »

« Moi au moins, je suis délivré de l’addiction à l’argent. Votre cupidité est sans limite. Avez-vous réfléchi au sens de votre vie motivée par toujours plus d’argent ? »

« Parfaitement, je me lève tous les jours avec l’envie de réussir de nouveaux projets. »

« Moi aussi, je me lève tous les matins avec l’envie de construire de nouveaux projets, sauf que mon projet principal c’est de me nourrir. »

« Vous avez remarqué ? Notre dialogue marche par la culpabilisation. Les pauvres reprochent aux riches leur manque de générosité et les riches reprochent aux pauvres leur manque d’ambition, voire leur paresse. »

« C’est à celui qui reproche le mieux. C’est normal, il nous faut un terrain d’affrontement. Depuis la nuit des temps, le premier réflexe de l’homme quand il met un pied parterre, c’est de se comparer aux autres. »

« Et ce n’est pas près de finir. Si on ne se compare plus, on ne se sent plus vivre. Si on est moins bien que les autres, on peut râler, ce qui est une manière d’exister. Si on est mieux, on peut faire les malins, ce qui est aussi une façon d’exister. »

« Et quand on ne râle pas et qu’on ne fait pas les malins ? »