Au lit !
23 septembre, 2018« Moi, j’aime bien tout ce qui est mou. »
« Comment ça, mou ? »
« Oui, doux, pulpeux, si vous voulez… »
« Si je comprends bien, tout ce qui vous rappelle le ventre maternel. Mais mon pauvre, la vie ça consiste justement à s’endurcir. »
« Ce n’est pas pour ça que je vais dormir sur une planche à repasser. Vous passez 30 % de votre vie sur votre matelas, vous avez donc intérêt à ne pas faire le malin avec la qualité de votre lit. »
« Et je parie que vous dormez en chien de fusil, comme le fœtus ! »
« Non pas forcément. Je peux dormir à plat dos ou sur le côté, mais j’attache une importance particulière à bien remonter les couvertures sous le menton. »
« Toujours à la recherche de la chaleur et de la mollesse. »
« Oui, si possible. Puisque ça vous intéresse, j’utilise un bon gros oreiller bien dodu, dans lequel je peux me laisser aller. »
« … et qui vous esquinte la colonne vertébrale. Moi je dors à plat ventre sans oreiller, c’est bien meilleur pour la santé du dos. »
« N’empêche que vous ne vous réveillez pas de bonne humeur. »
« Peut-être, mais moi, je me réveille. Pire que ça : je me lève. Je ne suis pas comme certains dont je ne donnerai pas le nom qui se prélassent dans leurs draps. »
« Ce n’est pas de ma faute, il y a une espèce d’attirance sensuelle entre les draps et moi. J’essaie de lutter pour m’en dégager pourtant. »
« Oui… enfin, vous essayez. Je suppose que le week-end, vous luttez jusqu’à midi, voire plus, au lieu de profiter de vos loisirs. »
« Comment vous faites-vous ? Moi, plus je me prélasse, plus j’ai envie de me prélasser. »
« En gros, ça s’appelle une addiction. Vous êtes un drogué des couvertures. Ça devrait être interdit. C’est comme ça qu’on forme une génération de fainéants. »
« Ne me dites pas que vous vous levez à huit heures du matin le dimanche, frais et dispos, pour aller courir. »
« Si ! Si ! Je suis un véritable homme fort. Je me lève tôt, avec entrain, en lançant un regard plein de mépris et de commisération à mon lit, ce lieu de toutes les dépravations et d’amollissement. »
« Ça ne doit pas être gai dans votre chambre à coucher. Je suppose qu’il n’ait pas question que vous preniez votre petit déjeuner au lit, bien pénard. »
« Vous plaisantez ! Là, on est en pleine débauche des mœurs ! »