Archive pour septembre, 2018

Pratiquons l’échange

30 septembre, 2018

« Moi, j’ai mis une clôture autour de mon pré. »

« A quoi ça sert puisque je peux passer par-dessus ? »

« Ça sert à dire que c’est à moi. Certes vous pouvez passer par-dessus ma barrière, mais vous ne le faites pas avec l’esprit tranquille. Vous avez sûrement peur que je déboule avec ma grande fourche pour vous mettre à la porte. »

« Euh, oui… mais aujourd’hui, le droit de propriété s’efface, on échange ou on loue tout son pré, sa voiture, sa tondeuse, son tracteur, sa femme… »

« Euh non ! Josiane n’aime pas tellement ses voisins, elle apprécierait modérément d’être louée à monsieur Dugenou ou à vous. Par contre, si elle veut me louer à madame Dugenou… »

« Il faut comprendre qu’on ne peut plus fabriquer des produits à l’infini, sinon nous finirons étouffer sous nos propres productions. Il faut faire preuve de solidarité, donc échangeons. »

« Moi, je veux bien échanger la tondeuse de Dugenou, elle est plus performante que la mienne. »

« Allons, allons ! Nous devons nous prendre au sérieux. Solidarité d’abord ! Il s’agit d’échanges équilibrés ! Tiens, j’ai besoin de votre manteau pour sortir ce soir. Ça tombe bien : vous n’avez rien de prévu. »

« Je suis beaucoup plus grand que vous ! »

« C’est vrai ! Vous pourriez déménager. Je pourrais enfin choisir un voisin de la même taille que moi, avec une femme charmante. »

« Euh… à tout prendre, je préfère échanger mes affaires avec mon autre voisin, les Dugenou. Ils sont beaucoup plus propres, et madame Dugenou… »

« Bon, alors passez-moi le livre que vous lisez. Nous pourrions en parler. Quand je l’aurais lu, nous pourrions en parler entre nous. L’échange ne doit pas être seulement économique mais aussi culturel. »

« C’est-à-dire que je voudrais le finir avant de vous le passer. Par contre, j’aimerais bien votre hebdomadaire. Mais si vous pouviez arrêter de faire les mots croisés avant de me le prêter, ça m’arrangerait. Josiane aime bien s’en occuper. »

« Bon d’accord, je vous échange ma revue, contre un service : vous allez à la prochaine réunion des parents d’élève à ma place. »

« Pour me faire engueuler par l’institutrice ! Merci bien ! Votre gamin n’en fiche pas une rame. C’est un vrai voyou ! »

« Vous voyez, vous êtes contre l’échange, j’en étais sûr. »

« Vous feriez mieux d’échanger votre gamin contre celui des Dugenou. Il parait qu’il est très bien élevé, lui ! »

« Vous me passez votre bagnole pour partir en vacances ? »

La main dans la main

28 septembre, 2018

Demain

Un homme de main

Roumain,

En un tour de main,

Donnera un coup de main,

Sans lendemain.

C’est mon cousin germain,

Un vrai gamin.

Emploi du temps

27 septembre, 2018

« C’est confus. »

« Qu’est-ce qui est confus ? »

« Tout. La vie est confuse. Tout se mélange. Les sentiments, les problèmes de fric, les gamins qui font des conneries, la téléréalité, la malbouffe… »

« Vous me paraissez bien sombre. Vous ne citez que des épisodes malheureux, mais vous pouvez aussi vivre des moments de grâce : une promotion, la victoire en coupe du monde, votre femme qui vous prépare le p’tit déj »

« Alors là, ça ne risque pas.  Je ne me fais pas d’illusion, mais le problème n’est pas là. Le problème c’est que tous les emmerdes m’arrivent en même temps en s’emmêlant les uns dans les autres, pour que je ne m’en sorte pas. »

« Soyez ordonné, prenez l’un après l’autre. Par exemple, le lundi vous expliquez à votre femme que vous l’aimez toujours, le mardi vous dites à votre banquier que vous allez avoir l’héritage de votre grand-mère, le mercredi vous filez une baffe à votre gamin pour avoir mis la pagaille dans les toilettes du collège… »

« Euh… vous ne connaissez pas Josiane, elle veut que je l’aime tous les jours que Dieu fait. Mon banquier, tant qu’il n’a pas le faire part de décès de ma grand-mère entre les mains, il ne croira pas grand-chose. Quant à mon gamin, il ne met pas la pagaille que le mercredi, c’est tout le temps… »

« Bon alors, dites votre amour à Josiane entre 8 et 10 heures, à 11 heures vous appelez votre banquier pour le calmer, à midi vous flanquer une claque à votre gamin… tous les jours, ça lui fera les pieds. A 13 heures, vous vous engueulez avec votre voisin de bureau, à 14 heures vous filez à votre cours de pilate, etc.. »

« Et pour me reposer, je fais comment ? »

« Parce qu’en plus, vous voulez-vous reposer ? »

« J’aimerais bien un créneau si c’était possible. Et puis aussi, un autre créneau pour me livrer à des activités qui me permettent de me réaliser. La lecture par exemple… »

« Alors là, vous exagérez. Enfin, je vais voir. Entre 16 heures 16 heures 10, j’ai un petit creux pour vous relaxez. Vous pourriez en profiter pour relire tout Balzac ! »

« 16 heures, ça ne va pas ! C’est l’heure à laquelle mon patron revient de son golf. Il veut voir tout le monde à ce moment-là. »

« Alors, j’ai un autre créneau à vous proposer entre 2 heures et 2 heures 15 du matin. Josiane dort, vous êtes tranquille. »

« Josiane dort peut-être, mais pas sa mère. 2 heures, c’est le moment qu’elle choisit pour appeler pour dire qu’elle a peur du noir. »

« Pff… quel bazar ! »

« Bon excusez-moi. J’ai rendez-vous chez le dentiste, j’ai mon cour d’aquagym, Je dois récupérer ma bagnole chez le garagiste… tout ça à la même heure, évidemment. »

En double

26 septembre, 2018

Riri

N’est pas un gogo.

Il a une nana,

Lili.

Dans son tutu

Avec des froufrous,

Il en est gaga,

Et même baba.

Leçon de drague

25 septembre, 2018

« Je suis absolument repoussant. »

« C’est vrai ! Vous devez faire fuir toutes les femmes. Remarquez, c’est un avantage, vous ne serez pas accusé de les harceler. »

« Détrompez-vous ! Ce sont elles qui me harcèlent. »

« Ah bon ! Comment ça se fait ? »

« Il parait qu’il y a un érotisme de la laideur. Au niveau de mocheté où je me situe, il semble que je sois irrésistible. C’est comme un courant pervers qui se dégage de ma personne. »

« Vous en avez de la chance. Moi qui suis très beau, j’ai un mal fou… »

« C’est vrai qu’avec vos traits réguliers, vos yeux doux, votre sourire éclatant et vos épaules carrées, vous êtes particulièrement ennuyeux… »

« Même ma bagnole de luxe ne les intéresse plus. Il parait qu’une vielle Twingo en très mauvais état, c’est plus excitant… »

« Essayez le vélo, je peux vous revendre celui de mon père, il date d’avant la seconde guerre mondiale. Il mettait les jeunes filles sur le cadre pour les emmener au bal. »

« Vous croyez que ça peut le faire ? »

« Oui. Et puis vous être trop bien habillé. Vous devriez vous promener en marcel, maculé de taches. Il faut aussi qu’on puisse entrapercevoir votre torse velu. »

« C’est-à-dire qu’au bureau, le marcel n’est pas toléré, les zones de peau velue non plus. »

« Bon… J’ai une idée. Pour vous faire remarquer, vous pourriez faire des remarques sexistes. Dites que mademoiselle Lampion n’est pas compétente par exemple. »

« Je vais me faire découper. Je veux bien me faire remarquer, mais en entier. »

« Pff… c’est compliqué avec vous les beaux ! Essayez de grossir, arrêtez le sport !»

« Je ne peux pas, je n’en fais pas : je suis naturellement svelte. Il y a bien les matchs de la Ligue des champions du mercredi soir, mais je ne m’agite pas assez. »

« Seulement ? Vous ne parlez pas de foot toute la semaine ? Vous n’avez pas entendu parler du développement du foot féminin ? »

« Non. Moi quand je sors, je parle d’art et de littérature, ça me donne l’air fin et cultivé. Ce n’est pas comme ça qu’on fait ? »

« Vous vous croyez dans un salon littéraire ? »

« Je m’excuse de ne pas avoir l’air d’une brute épaisse complètement inculte comme vous. Vous le faites exprès ?»

« Oui, mais je vous rassure, ce n’est pas l’idéal.. Le mieux, c’est de les laisser parler en prenant l’air intéressé. »

Oui, bien sûr !

24 septembre, 2018

Une histoire ? Oui,

Je suis tout ouïe.

Dans un boui-boui,

Louis,

Sa fouine

Et son ouistiti

Qui n’est pas un béni-oui-oui

Font un méchoui.

Au lit !

23 septembre, 2018

« Moi, j’aime bien tout ce qui est mou. »

« Comment ça, mou ? »

« Oui, doux, pulpeux, si vous voulez… »

« Si je comprends bien, tout ce qui vous rappelle le ventre maternel. Mais mon pauvre, la vie ça consiste justement à s’endurcir. »

« Ce n’est pas pour ça que je vais dormir sur une planche à repasser. Vous passez 30 % de votre vie sur votre matelas, vous avez donc intérêt à ne pas faire le malin avec la qualité de votre lit. »

« Et je parie que vous dormez en chien de fusil, comme le fœtus ! »

« Non pas forcément. Je peux dormir à plat dos ou sur le côté, mais j’attache une importance particulière à bien remonter les couvertures sous le menton. »

« Toujours à la recherche de la chaleur et de la mollesse. »

« Oui, si possible. Puisque ça vous intéresse, j’utilise un bon gros oreiller bien dodu, dans lequel je peux me laisser aller. »

« … et qui vous esquinte la colonne vertébrale. Moi je dors à plat ventre sans oreiller, c’est bien meilleur pour la santé du dos. »

« N’empêche que vous ne vous réveillez pas de bonne humeur. »

« Peut-être, mais moi, je me réveille. Pire que ça : je me lève. Je ne suis pas comme certains dont je ne donnerai pas le nom qui se prélassent dans leurs draps. »

« Ce n’est pas de ma faute, il y a une espèce d’attirance sensuelle entre les draps et moi. J’essaie de lutter pour m’en dégager pourtant. »

« Oui… enfin, vous essayez. Je suppose que le week-end, vous luttez jusqu’à midi, voire plus, au lieu de profiter de vos loisirs. »

« Comment vous faites-vous ? Moi, plus je me prélasse, plus j’ai envie de me prélasser. »

« En gros, ça s’appelle une addiction. Vous êtes un drogué des couvertures. Ça devrait être interdit. C’est comme ça qu’on forme une génération de fainéants. »

« Ne me dites pas que vous vous levez à huit heures du matin le dimanche, frais et dispos, pour aller courir. »

« Si ! Si ! Je suis un véritable homme fort. Je me lève tôt, avec entrain, en lançant un regard plein de mépris et de commisération à mon lit, ce lieu de toutes les dépravations et d’amollissement. »

« Ça ne doit pas être gai dans votre chambre à coucher. Je suppose qu’il n’ait pas question que vous preniez votre petit déjeuner au lit, bien pénard. »

« Vous plaisantez ! Là, on est en pleine débauche des mœurs ! »

Ali et Lili

22 septembre, 2018

Au Chili

Ali,

Au lit

Avec Lili

Lit.

Elle est du Mali.

Elle est jolie

Et polie

Il a pété un cable

21 septembre, 2018

Dans ma cabane

Je passe mon caban.

Dans mon cabas,

Je mets un cabillaud.

Puis, je vais au cabaret,

Avec mon cabot

Et sa caboche

Cabossée

Les servitudes

20 septembre, 2018

« Moi, ce qui m’intéresse, c’est de faire des bénéfices. Je vends plus cher que j’achète et hop ! C’est dans la poche ! »

« Vous êtes donc un marchand assoiffé de profits. »

« Oui ! Arrêtez de diaboliser le profit. Une fois que vous avez payé les matières premières, réparé les machines, acheté des nouvelles, payé les salaires… vous avez bien gagné un petit supplément. »

« Vous en faites profiter salariés et actionnaires… »

« Bien entendu ! Et le reste nous le réinvestissons dans la modernisation de l’entreprise pour générer d’autres bénéfices. »

« Est-ce que cette course folle a une fin ? »

« Non, c’est comme l’écoulement du temps, c’est sans fin. Il y a toujours mieux à faire. »

« Moi, j’ai du mal à penser que ça n’en finira jamais. A mon avis, plus une entreprise grossit plus elle court le risque de mourir. C’est comme le corps humain. Finalement le temps use les organismes. Le mieux, ce serait de s’arrêter au faîte de sa gloire, de s’autodétruire et de recommencer. »

« Non, pour l’entreprise, c’est plus compliqué : quand les profits abondent à profusion, je ne peux pas dire aux actionnaires que nous mettons la clé sous la porte, ce serait bizarre, tout de même ! »

« C’est sûr que lorsqu’une boîte est déficitaire, elle ne risque pas de mourir par obésité. »

« Lorsqu’il y a trop de bénéfices, on peut toujours les réinvestir dans d’autres entreprises. »

« Ce qui génère encore des bénéfices supplémentaires, on ne s’en sort pas. »

« Si je comprends bien, vous faites partie de ces gens qui n’aiment pas l’entreprise. Pouahh ! »

« Pas du tout, mais je pense que le bénéfice engendre l’accumulation et la spéculation. Plus on a de l’argent, plus on en veut. Vous flattez la cupidité humaine. »

« Evidemment. L’homme non cupide, ça n’existe pas. La société est une pièce de monnaie à double face : d’un côté les cupides, de l’autre les moines qui ont renoncé à tout. Et sur la tranche, les philosophes comme vous qui se posent trop de questions inutiles.»

« Et les mendiants, vous en faites quoi ? »

« Nous sommes tous des cupides. Même quand on est mendiant, on n’a pas spécialement envie de le rester, donc on veut plus que rien, donc on est cupide. Qu’on soit en haut ou en bas de la pyramide, on veut toujours plus. »

« Si je comprends bien votre théorie, on est tous des esclaves. Les uns sont prisonniers de l’argent ce sont les gens, les autres ont choisi leur foi comme souverain, ce sont les moines. Si on allait s’enivrer pour oublier nos servitudes ?»

« Encore un maître : l’alcool… »

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